Vivre dans la reconnaissance
En automne, l'autel de nos Églises se pare de mille couleurs et de mille saveurs. Bien sûr, ce n'est plus comme dans le temps, simplement parce que les gens des villes n'ont pas de jardin ! Heureux ceux qui peuvent encore apporter le meilleur de leur récolte... le cultivateur sait bien que tout son travail ne sera pas suffisant pour faire grandir les légumes, il sait bien qu'il reçoit gratuitement le soleil et l'eau pour les arroser. Son travail est de préparer la terre, de suer pour lutter contre les herbes envahissantes, etc. Il ne peut rien pour le beau temps ou la grêle, ce n'est tout simplement pas dans ses compétences !
Mais pour le citadin-qui-travaille-dans-le-tertiaire, il est plus difficile de discerner la part du divin dans son salaire. Il peut même déclarer sans arrogance "ce que je gagne est ce que je mérite".
Aujourd'hui comme hier, l'Évangile veut nous bousculer là où nous sommes à côté de la grâce, du don gratuit. Parfois, nos oreilles sont tellement habituées à entendre les histoires des évangiles, qu'elles ne se rendent plus compte du bouleversement que nous appelle à vivre l'Évangile... alors écoutons encore:
"Beaucoup des premiers seront tes derniers, et beaucoup des derniers seront les premiers".
"Le Royaume des cieux est semblable a un maître de maison qui sortit à l'aube afin d'embaucher des ouvriers pour sa vigne." (Mt 19.30-20.1) L'histoire nous dit que ce patron a embauché tout au long de la journée quiconque le voulait bien. A la fin de la journée, il a donné à tous le même salaire! Le même salaire pour ceux qui ont travaillé douze heures ou une seule! L'histoire ne nous dit pas si les derniers employés avaient le coeur rempli de reconnaissance, par contre, elle rapporte le cri de révolte des premiers. Ils n'ont rien reçu de plus que ceux qui en avaient fait moins. Tout ça parce que ce maître est bon.
Vivre de cette parabole aujourd'hui implique de renverser les notions de mérite et de don vivre comme si tout était "cadeau" et non pas un dû. Vivre assez libre pour disposer de ses biens avec générosité, sans essayer de retenir pour soi ce qui ne vient pas de soi. Vivre aujourd'hui dans la reconnaissance
Rose-May Privet