Rencontre de Taizé à Genève
Sur l’invitation conjointe des églises, la 30e rencontre européenne de jeunes a eu lieu aux bords du lac Léman du 28 décembre 2007 au 1er janvier 2008. Les paroisses et familles de la région, dont l’EEM locale ont accueilli des dizaines de milliers de jeunes venus de l’Europe et même d’autres continents. Tous étaient invités à se mettre en route pour chercher des chemins de paix et de confiance, et à s’engager là où ils vivent à la suite du Christ. La pasteure Roswitha Golder et Frédy Schmid nous font part de leur enthousiasme ainsi que Jean Grob (ancien responsable de Caritas à Genève). ENroute publie parallèlement un appel au discipulat lancé par frère Aloïs.
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Expérience encourageante et stimulante
Frédy Schmid
Nous sortons d’une période très enrichissante : la rencontre européenne des jeunes pour la paix et la réconciliation, organisée à Genève par les Frères de Taizé. Les 40’000 jeunes venus de toute l’Europe (la Suisse avait accordé un visa Schengen à tous les participants) ont été répartis entre quelque 150 « paroisses d’accueil » de Genève, Vaud et France voisine et logés (95 % d’entre eux) dans des familles. Les transports publics avaient offert des abonnements généraux pour 5 jours à tous les participants (certains allaient tous les jours de Montreux à Genève et retour) et en France, des bus des transports départementaux assuraient les navettes avec Genève.
Impressionnant de voir à la télévision (Eurovision) 75 minutes de fête de la lumière, avec 40’000 jeunes entourant les Frères dans la grande halle (sans piliers) de Palexpo, chantant, priant, faisant silence, recevant la Parole de Dieu dite simplement, doucement — mais c’était du « parler vrai » !
Les médias ont relevé la ferveur de ces jeunes — et aussi le fait qu’avec 40’000 jeunes chrétiens de toute l’Europe circulant jour et nuit dans toute la région, il n’y a pas eu un seul incident — alors que pendant la nuit du Réveillon, on ne comptait plus les bagarres et les comas éthyliques des jeunes « fêtards ».
Pour notre part, nous avons logé 4 Polonais/es, étudiants à l’université de Cracovie. Nous avons parlé anglais. Une rencontre extraordinaire de chaleur, de découverte les uns des autres — p.ex. qu’il existe des milliers de Suisses hospitaliers, et aussi, p.ex. que ces jeunes Polonais, catholiques fervents, ont participé avec joie à cette rencontre œcuménique et à des célébrations concélébrées par des prêtres et des pasteurs/es, y compris avec une Sainte Cène/Eucharistie en commun.
Bonne occasion de témoigner, p.ex dans notre voisinage : Mais qui donc a organisé tout ça ? Les Églises — ah bon, ça existe encore ? Et c’est drôlement bien ce qui se dit et de fait à Palexpo ! Et tous ces logements, comment est-ce que vous avez contacté les logeurs ? Le réseau des paroissiens de nos églises locales (un village proche de chez nous, où il y a 20 personnes au culte dominical protestant, a hébergé 150 jeunes !) L’occasion de rappeler à ces voisins et amis que les miracles (et la reconnaissance !), ça existe encore aujourd’hui et que cela vaut aussi pour eux !
Bref : un très bon début d’année, qui a encouragé et stimulé nos églises. Message d’espérance aussi.
Premières impressions
Pasteure Roswitha Golder
La rencontre de Taizé est passée très vite — trop vite — en comparaison des mois de préparation ! Mais j’en garderai un très bon souvenir : des rencontres avec beaucoup de croyant-e-s au fil des heures passées en leur compagnie. Des découvertes d’affinités surprenantes. Des temps de prière très forts — en multitude à Palexpo, dans les paroisses, lors des ateliers, et dans l’intimité de notre salle polyvalente ou chez moi. Un sentiment d’avoir été nourrie dans ma foi et d’avoir reçu beaucoup d’encouragement pour mon ministère et des nouvelles forces.
J’ai emmené « nos » trois Espagnoles à l’aéroport ce matin et je viens d’accompagner « mes » 4 Polonais au bus : Deux prêtres et un couple de laïcs tous engagés dans une ville au bord de la mer baltique ont logé chez moi. Ce fut un énorme plaisir pour moi.
À l’EEM, nous n’avons malheureusement reçu que 3 filles espagnoles alors que nous étions préparés à en avoir 20 ! Mais elles étaient extrêmement sympathiques et nous avons pu avoir un contact plus profond avec elles du fait qu’elles étaient peu nombreuses. Elles ont beaucoup apprécié notre hospitalité et ce fut une bonne occasion de leur faire découvrir l’Église méthodiste qu’ils ne connaissaient pas auparavant. Je les ai accompagnés à la rencontre des hispanophones dimanche après-midi où j’ai fait connaissance de Mgr. Jesús Juárez, espagnol d’origine, né à Murcia, évêque de la ville d’El Alto, qui travaille depuis 45 ans en Bolivie. J’espère que dans une prochaine visite à Taizé, où il semble aller très souvent, nous pourrons l’inviter à passer un dimanche à la Communauté chrétienne latino-américaine de Genève. Il est un catholique « évangélique » et a dit qu’il surprend les évangéliques de son entourage en Bolivie, parce qu’il les rejoint en organisant des marches de protestation contre des abus et pour la justice sociale !
L’accueil des jeunes était très chaleureux à Veyrier et à Onex où j’ai assisté à plusieurs moments de prière et de partage. La prière du 31 au soir dans l’église de St. Martin et la fête de Nouvel An qui la suivait à la Salle Communale ont réuni énormément de monde. J’ai l’impression que des jeunes qui étaient logés dans des familles non-pratiquantes, les ont incités à les accompagner pour ce moment très émouvant de prière pour la paix. Nous avons laissé l’année 2007 dans les mains de Dieu et nous lui avons également confié la nouvelle. De faire cela avec tant de jeunes des quatre coins de l’Europe m’a beaucoup touchée.…
Voilà, quelques impressions de première heure et encore un grand merci à Dieu et à toutes ses aides humaines pour cette rencontre merveilleuse.
Vitalité formidable
Frère Aloïs au micro de la RSR : « Nous avons vu une vitalité des Eglises qui était formidable : c’est le premier écho que nous recevons de cette rencontre: une belle surprise. A l’heure où l’on est parfois découragé par une participation en déclinante et où l’on parle volontiers de la marginalisation des Eglises, voilà un message fort et encourageant, qui nous donne de renouveler l’image que nous portons de nous-mêmes et qui rompt avec les lieux communs du temps présent ».
Lettre à qui voudrait suivre le Christ
Frère Aloïs
Dans l’Évangile, nous entendons l’appel de Jésus : « Suis-moi ! » Est-il possible de lui répondre par un engagement de toute la vie ?
En nous tous, il y a le désir d’un avenir heureux. Mais nous pouvons avoir l’impression d’être conditionnés par tant de limites que le découragement parfois nous guette.
Pourtant Dieu est présent : « Le Royaume de Dieu est tout proche » (Marc 1, 15). Nous percevons sa présence quand nous assumons les situations de notre vie telles qu’elles sont pour créer à partir de ce qui est.
Personne ne voudrait s’enliser dans les rêves d’une existence idéalisée. Consentons à ce que nous sommes et aussi à ce que nous ne sommes pas. Chercher un avenir heureux implique des choix.
Certains prennent des options courageuses pour suivre le Christ dans leur vie de famille, dans la société, dans un engagement pour d’autres. Il y en a aussi qui se demandent : comment suivre le Christ en choisissant le chemin du célibat ?
Je voudrais tellement encourager celui ou celle qui se pose la question d’un choix pour toujours :
Face à un tel engagement, il peut y avoir en toi une hésitation. Mais, en allant plus profond, tu trouveras la joie de te donner entièrement. Heureux qui ne s’abandonne pas à la peur, mais à la présence de l’Esprit Saint.
Peut-être as-tu peine à croire que Dieu t’appelle personnellement et qu’il attend de ta part d’être aimé. Ton existence compte à ses yeux.
En t’appelant, Dieu ne prescrit pas ce que tu devrais accomplir. Son appel est avant tout une rencontre. Laisse-toi accueillir par le Christ, et tu découvriras le chemin à prendre.
Dieu t’invite à la liberté. Il ne fait pas de toi un être passif. Par son Esprit Saint, Dieu habite en toi, mais il ne se substitue pas à toi. Au contraire, il éveille des énergies insoupçonnées.
Jeune, tu peux avoir peur et être tenté de ne pas choisir, pour garder toutes les possibilités ouvertes. Mais comment trouveras-tu un accomplissement en restant au carrefour ?
Accepte qu’il y ait en toi une attente inaccomplie et même des questions non résolues. Confie-toi dans la transparence du cœur. Il y a dans l’Église des personnes pour t’écouter. Un tel accompagnement dans la durée permettra un discernement pour te donner entièrement.
Nous ne sommes pas seuls à suivre le Christ. Nous sommes portés par ce mystère de communion qu’est l’Église. En elle, notre oui devient louange. Une louange peut-être balbutiante, qui monte même de notre misère, mais qui deviendra peu à peu source de joie jaillissante pour toute notre vie.
fr. Alois
Appel sur le site de Taizé
http://www.taize.fr/fr_article5539.html
Les méditations apportées par frère Aloïs sont à cette page : http://www.taize.fr/fr_article5551.html
Message de Nouvel An adressé à quelques amis proches…
Jean Grob, ancien responsable de Caritas-Genève (bonus web)
Au cours de mon existence j’ai eu le privilège de vivre un certain nombre de rassemblements que ce soit dans le scoutisme, en politique, dans le social, dans l’amitié. La plupart ont été des temps forts, des moments de créativité, de partage, de découvertes, de fraternité.
« Le pèlerinage de confiance » que je viens de vivre durant ces quatre journées parmi les 35'000 jeunes provenant de 53 pays m’ont fait découvrir ou confirmer des valeurs essentielles: la puissance de la simplicité notamment des mots utilisés, la puissance du silence dont l’ampleur m’interpelle, la puissance de la réconciliation souvent évoquée, la puissance de la rencontre fraternelle dans la diversité, la puissance de la beauté des chants et du décor, la puissance de l’accueil de toutes ces familles engagées, la puissance de la sérénité que rien n’est venu troubler, la puissance de l’émotion qui m’a envahit à plusieurs reprises et me laisse quelque peu chancelant….
En fait « le pèlerinage de la confiance » tel que je l’ai vécu au cours des 5 célébrations auxquelles j’ai participé, profondément et intensément, rappelle la prière monastique entendue il y a longtemps à Hauterive mais qui, ce soir du 31 décembre, au retour de cette ultime rendez-vous à Palexpo, prend une résonance particulière « : apprends-moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix »
En conclusion de ces journées, Le Prieur de Taizé a insisté, avec raison, sur l’importance de la simplicité. Il se trouve en bonne compagnie puisque le Pape Jean XXIII affirmait : « plus je vais et plus je constate la dignité et la beauté irrésistible de la simplicité. ».
Au delà de cette forte émotion découlant de journées exceptionnelles, il convient de se demander ce qu’il faut faire. Tout d’abord constater que l’âge (72 ans dans six mois) et la santé limitent fortement les possibilités d’agir cela d’autant plus que notre absence des réseaux par la force des choses les restreint encore davantage.. Pour reprendre une réflexion politique et sociale qui a souvent guidé mon action « face au sentiment d’impuissance il faut envisager la stratégie du possible ». Dans le cas particulier, il reste en tout cas le témoignage personnel à partager et s’engager pour une Eglise unie, réconciliée, libérée de structures pesantes, d’affrontements stériles et souvent dévastateurs…
J’ai découvert dans « le pèlerinage de la confiance » que pour le chrétien seule l’utopie est réaliste ce qui n’est pas rien pour ce qui me concerne, étant plutôt pessimiste quant à l’avenir et je rejoins Josué de Castro qui déclarait il y a quelques années « les générations actuelles ont une tâche bien plus lourde que de refaire le monde, c’est celle d’éviter qu’il ne soit défait.
Au terme de ces quelques réflexions je voudrais exprimer ma profond gratitude à tous ceux qui ont permis de relever un défi celui d’accueillir à Genève tous ces jeunes porteurs d’espérance .
Jean Grob/31 décembre 2007/22h30