ETRE COMMUNAUTE
AVEC OU SANS PASTEUR
Ceci est le texte de l'éditorial de Daniel SOMMER-SIDLER, responsable laïc de la Conférence Annuelle Suisse-France de l'EEM, dans le numéro 5 de "Kirche +Welt" (du 21/2/02). Daniel SOMMER est patron d'une entreprise de charpente-menuiserie (NDLR: dans cet article, le terme "pasteure" - pour femme pasteur est fréquemment employé, puisque courant en Suisse romande).
Quelle est la place du pasteur ou de la pasteure dans votre communauté? En d'autres termes: que serait votre communauté sans pasteur/pasteure? Compte tenu des effectifs actuellement en service au sein de l'EEM, il y a chaque année un certain nombre de communautés qui doivent se passer de pasteur/pasteure. Une telle expérience interpelle une communauté. Il y a d'abord des questions très pratiques: qui fait le travail normalement assumé par le pasteur/la pasteure, par exemple prêcher? Ou encore: qui assume telle fonction dirigeante? On pourrait allonger cette liste de questions pratiques. Les choses se corsent quand on aborde les questions fondamentales, telles que: qui sommes-nous en tant que communauté sans pasteur/pasteure ? Quelle est notre identité en tant que communauté ecclésiale? Comment décrivons-nous notre mission (plus concrètement que "simplement": proclamer l'Évangile)?
Ces questions ne peuvent pas être déléguées au pasteur. Toute la communauté doit savoir ce qu'elle veut être, comment elle se voit et comment elle entend remplir sa mission de service. Tout cela est astreignant. D'une part, parce que nous ne sommes pas tellement habitués à réfléchir à un niveau "supérieur" et à parler ensemble. D'autre part, parce que notre réflexion et notre questionnement pourraient ou devraient conduire à des changements. Et la majorité d'entre nous sont réticents au changement.
Mais en fin de compte, une communauté ne peut survivre que si elle parvient à s'affirmer dans son milieu, avec les moyens dont elle dispose. Survivre, dans ce cas, signifie : accomplir de façon vivante ce que nous avons à faire, être une communauté profonde, chercher et fêter Dieu de manière variée et créative et, enfin, se confronter sans peur aux questions de notre temps. Tout cela ne peut pas et ne doit pas dépendre uniquement du pasteur/de la pasteure. Ce n'est que lorsque chaque membre ressent personnellement qu'il est partie intégrante de la communauté, lorsqu'il donne de son temps, lorsqu'il participe matériellement selon ses possibilités, qu'il y a solidarité et identité partagée.
Au fond, nous devrions être communauté comme si nous devions assumer toutes les tâches sans pasteur/pasteure - et nous réjouir lorsque nous pouvons partager ce service avec un pasteur/une pasteure. La confiance en soi et l'autonomie d'une communauté sont l'expression d'une cohésion responsable et engagée. Les assemblées générales qui ont lieu en ce moment dans toutes nos Églises nous donnent l'occasion de "bâtir la communauté" ensemble et d'en porter la responsabilité en commun. Je vous y encourage toutes et tous et vous souhaite de prendre et de partager la parole afin d'y parvenir.
Traduction : Frédy SCHMID