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LE MONDE EST MA PAROISSE

Un méthodiste à la tête du Conseil OEcuménique des Églises (COE)
Le COE compte un nouveau secrétaire général : le pasteur Samuel KOBIA. Il est membre de l'Église Évangélique Méthodiste (EEM) du Kenya. Il a cinquante-six ans, il est marié et père de 2 filles et 2 garçons. Il a fait ses études de théologie au Kenya puis au séminaire McCormick et au « Massachusetts Institute of Technology » (MIT, États-Unis). C'est avant tout un homme d'Afrique. Véritable conscience africaine, oeuvrant pour la paix, Samuel KOBIA est un des principaux acteurs de l'oecuménisme africain : secrétaire général du conseil chrétien du Zimbabwe après l'indépendance (1980-1981), il a présidé les pourparlers de paix au Soudan en 1991 et en 1992, et présidé le comité national d'observation des élections du Kenya. Au cours de ces années de combat pour la vraie démocratie dans ce pays, il a développé des convictions décisives sur l'appel de l'Église et son rôle dans la reconstruction de l'Afrique. Il ne demande qu'à les concrétiser maintenant à ce poste clé.
Choix «prophétique »? Certainement ! le choix de l'alternance, le choix même d'un continent africain et de l'hémisphère Sud, où la population chrétienne est désormais plus nombreuse que celle du Nord. Une première : Samuel KOBIA sera en effet le premier africain à diriger le COE, fondé en 1948.
A ses yeux, l'Afrique sera au 21e siècle le centre du christianisme. L'Afrique doit, à son avis, se reconstruire en partant de ses ressources morales et spirituelles. C'est même un « impératif éthique ». A commencer par les chrétiens. Dans son discours d'ouverture, Samuel KOBIA a relevé l'importance de marcher ensemble : « Un proverbe africain dit : "Si tu veux marcher vite, marche tout seul, mais si tu veux marcher loin, marche avec les autres " C'est ce qui nous permettra de rester unis, en tant que mouvement oecuménique».
A poursuivre ensemble ce voyage spirituel, les Églises puisent la force intérieure nécessaire : « Pour avoir la capacité d'inspirer le monde, nous avons besoin de force intérieure. Notre force repose sur notre unité. Nous devons travailler ensemble et nous devons être vus en train de travailler ensemble!» «Rester ensemble, c'est ce que Christ nous a demandé: que nous soyons un pour que le monde croie». «Ma prière est que dans ce mouvement oecuménique, nous allions loin, marchant ensemble, renforçant l'un l'autre pour accomplir la prière de notre Seigneur - soyez un - pour la gloire du Dieu trinitaire, Père, Fils et Esprit Saint ».
L'homme de tous les combats pour la démocratie sur le continent africain et pour l'unité des chrétiens prend l'engagement de privilégier l'écoute et la recherche du consensus qui lui sont déjà familiers : «J'ai cette capacité, comme on le dit des africains, d'espérer même s'il semble n'y avoir aucun espoir : la capacité de célébrer la vie même quand c'est la mort qui domine, la capacité d'avoir de l'espoir même quand il semble ne plus y en avoir. Le mot clé, c'est ubuntu (luttes anti-apartheid, mot zoulou) : ce qui rend l'humain humain. Ce qui a permis aux africains de continuer leurs luttes, ce qui est africain en moi, c'est l'ubuntu. Les relations permettent aux être humains de devenir complets. Or je sais écouter. J'espère pouvoir apporter personnellement au COE cette attention aux relations! »

Témoignage d'un pasteur ivoirien témoin et victime d'atrocités
Cela fait un an que la Côte d'Ivoire connaît des troubles et une partition de fait : les rebelles ont pris le contrôle du Nord, tandis que les forces gouvernementales demeurent les maîtres du Sud et que les forces d'interposition françaises contrôlent une zone tampon. Tandis que les hostilités reprennent, à l'heure où cet article est rédigé (NDLR : fin septembre), nous parvient le témoignage d'un pasteur pentecôtiste ivoirien en poste dans une ville du nord à forte densité musulmane. Il évoque la tourmente dans laquelle les chrétiens locaux sont passés et témoigne de la grâce dont ils ont été l'objet. Il est demeuré le seul pasteur à rester dans la ville occupée par les rebelles au risque de mettre sa vie en péril. Son témoignage - fort émouvant - éclaire l'épreuve que traverse la Côte d'Ivoire et constitue aussi un appel à l'intercession. Nous ne citons pas son nom ni le nom de la ville où réside ce frère pour ne pas mettre sa vie en danger.
«Voilà maintenant un an que nous subissons la guerre. Par la grâce de Dieu, nous nous portons bien. ... Nous sommes restés à xxx en zone de guerre. Tous les pasteurs, tous les fonctionnaires et les hommes d'affaires ont fui la ville. Et comme je suis resté seul parmi les sept de la ville, j'ai réuni les chrétiens de toutes les Églises et nous partageons le culte ensemble. Il n'y a plus d'Assemblée de Dieu ou autre, mais l'Église de la circonstance. Mon adjoint est l'un des responsables de l'Église Méthodiste. Après l'assassinat de deux imams à Abidjan, les rebelles sont venus me prendre pour me tuer. C'est Dieu seul qui est intervenu. Ils avaient fini de me déshabiller entièrement, ils ont mis le pistolet sous mon menton, puis tout près de mon oreille et ils ont voulu tirer. Dieu a utilisé la population qui m'a reconnu, m'ayant déjà vu lors d'un partage de cadeaux d'une O.N.G. La population est allée tumultueusement auprès des chefs rebelles qui, voyant l'ampleur de la chose, m'ont laissé. C'est l'évêque qu'ils cherchaient, mais lui, ayant su, a fui la nuit avec une voiture de la Croix Rouge. Après beaucoup d'humiliations, ils m'ont laissé. Ils sont venus à la maison perquisitionner et ils en ont profité pour voler beaucoup de choses. Le dimanche qui a suivi, pendant que nous étions au culte, quelques jeunes sont venus chasser un enfant qui était dans la cour et ils ont ramassé les ustensiles de cuisine, le téléphone portable et d'autres choses. Tout cela est passé.
Jusqu'à aujourd'hui, je ne peux pas me rendre à Abidjan à cause de l'insécurité. Ce que les médias disent est le contraire de ce qui se passe dans les villes comme sur les routes pendant les voyages. Notre bureau national donne 50 000 F CFA à chaque pasteur resté dans une ville assiégée. Aucun fonctionnaire n'est resté ici. Nous ne pouvons vous raconter tout ce qui s'est passé. Les maisons de ceux qui sont partis ont été pillées, on vole même les tôles et diverses installations des maisons pour les vendre.
A un moment, nos enfants vendaient de l'eau glacée à 5 F CFA le sachet. Mais avec le temps de pluie, rien ne marche. Mais on nous soutient. Quelques-uns de ceux qui ont fui profitent souvent de l'arrivée des rares voyageurs pour nous envoyer de l'argent. Nous avons un seul très courageux chrétien qui, malgré tout, se rend à Abidjan tous les mois et s'il croise quelqu'un qui nous connaît, alors c'est la joie. Je voulais aussi fuir après tout, mais les chrétiens réunis m'ont dit que si je partais, ils n'auraient plus le courage de venir au temple. Nous avons donc pris l'engagement total de rester jusqu'à la fin de la guerre».
Pasteur XXX


Dossier euthanasie - vif débat éthique suite à la mort de Vincent HUMBERT, un cas d'exception d'euthanasie ?
Le jeune homme Vincent HUMBERT, tétraplégique, aveugle et muet, vient de mourir récemment grâce à l'aide de sa mère, au mépris de la loi. Sous l'émotion, le garde des sceaux, Dominique PERBEN, invite le parquet «à faire preuve de la plus grande humanité dans l'application de la loi» envers la mère de Vincent.
Son cas relève-t-il de l' «exception d'euthanasie», comme le défendent le comité national d'éthique et le responsable des questions de santé au sein du groupe socialiste à l'assemblée nationale Jean-Marie Le GUEN? Selon ce dernier, il serait temps «dans une société démocratique, de légiférer avec tolérance et précaution pour qu'il y ait un certain nombre d'exceptions qui rendent possible l'euthanasie». Pour le quotidien catholique «La Croix», le drame risque de devenir «une pièce majeure dans la propagande en faveur de l'euthanasie active» qui sacrifie «le caractère sacré de toute vie». La prochaine étape sera-t-elle la modification de la législation en France sur le modèle des Pays-Bas et de la Belgique, où «la mort compassionnelle» est désormais codifiée par la loi? Ne faut-il pas se rappeler que les personnes en phase terminale ne réclament pas nécessairement la mort à tout prix, mais la solidarité aimante, la reconnaissance de leur dignité même lorsqu'elles appellent à la délivrance? Avant de préconiser l'euthanasie, ne faut-il pas privilégier les soins palliatifs et mettre un terme à l'acharnement thérapeutique si dommageable à la personne humaine?
«La vie n'appartient pas aux politiques», faisait remarquer à juste titre le premier ministre. L'instrumentalisation de la vie humaine est une abomination ; Gérard LECLERC, du journal «La France Catholique», défend ce point de vue: «La vie humaine ne saurait être, en aucun cas, instrumentalisée pour satisfaire aux idéologies et aux volontés de puissance. Elle appartient au mystère de la condition humaine». Tout en appelant à la compassion envers la famille de Vincent HUMBERT, «dont la douleur ne saurait être ignorée de personne», Gérard LECLERC met en garde nos contemporains contre toute dérive qui banaliserait la transgression de l'interdit du meurtre : «Une législation qui crée une justification à la transgression de l'interdit du meurtre prend de terribles responsabilités à l'égard de tous ceux qui sont tentés par le suicide». Ce serait participer d'une culture de mort plutôt que d'une culture de vie.

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Jean-Philippe WAECHTER