Le binge drinking. Vous connaissez ?
José Loncke, pasteur
Une mode qui risque de coûter très cher aux jeunes
Les adolescents ont toujours été tentés par l'alcool. Ce qui semble avoir changé depuis une dizaine d'années, c'est qu'ils sont plus nombreux à utiliser l'alcool comme une drogue, pour son effet psychotrope (1). En hausse: les épisodes d'alcoolisation ponctuelle importante [API], appellation française du « binge drinking » (beuverie effrénée ou beuverie express) des Anglais. Les ivresses répétées progressent également.
De quoi s'agit-il?
On considère qu'il y a binge drinking lorsque au moins cinq verres sont consommés en une même occasion. On dit qu'il y a ivresse répétée lorsqu'un jeune déclare avoir été ivre au moins trois fois au cours des douze derniers mois.
Risques méconnus
Un groupe de chercheurs de l'Inserm [2) démontre comment l'alcool, ce violent neurotoxique, détruit irrémédiablement les structures cérébrales. Le cerveau n'arrive en effet à maturité qu'à 25 ans. L'alcool est donc particulièrement nocif pour les adolescents.
A quantité égale, il tue deux à trois fois plus de neurones dans leur cerveau que dans celui d'un adulte.
Plus inquiétant encore: des études ont récemment démontré que, chez le jeune singe, l'intoxication à l'alcool bloque la production de nouveaux neurones. Dans le cadre du projet européen « Alco-Binge », des scientifiques français et britanniques ont constaté que, comparativement à d'autres buveurs, les jeunes qui s'adonnent au binge drinking présentent plus d'atteintes cérébrales et que celles-ci ciblent les mêmes structures que chez les patients alcoolo-dépendants, avec une atrophie cérébrale majeure.
Les chercheurs ont pu mesurer les effets ce cette « biture-express» sur le mécanisme cellulaire de la mémorisation et de l'apprentissage. Ils ont constaté davantage d'erreurs sur les tâches de vigilance chez les étudiants binge drinkers, avec des altérations au niveau de l'hippocampe. Cette partie du cerveau appartient notamment au système limbique et joue un rôle central dans la mémoire et la navigation spatiale.
Le Professeur Naassila insiste : « Le mécanisme cellulaire est encore touché 48 heures après l'intoxication ». Son équipe a démontré qu'un rat « adolescent » soumis à une consommation d'alcool devenait fortement motivé pour en boire et perdait le contrôle de sa consommation, arrivé à l'âge adulte. Il conclut: « Le risque de dépendance est d'autant plus accru que les intoxications répétées à l'alcool commencent tôt ».
Comment sensibiliser efficacement les jeunes?
C'est dès l'école primaire qu'il faudrait sensibiliser les enfants aux risques de l'alcool, les jeunes étant de moins en moins réceptifs avec le temps. À l'adolescence, parents et établissements scolaires doivent travailler conjointement afin de transmettre aux jeunes des « compétences de vie », comme le fait d'apprendre à dire non ou encore d'apprendre à gérer ses émotions. Et surtout, il faut adapter les messages aux nouvelles pratiques des jeunes.
1. C'est ce qu'atteste Marie Choquet, présidente du comité scientifique de l'Institut de Recherches scientifiques sur les Boissons (Ireb) dans une enquête sur les modes d'alcoolisation des jeunes.
2. Christel de Taddeo, L'ivresse côté face, JDD du 28 décembre 2013.
Paru avec l’aimable autorisation de l’auteur et de la rédaction de Croire et Vivre (Mai 2014, N°126)
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Adolescents : drogue, alcool et sexe
Le Point.fr - Publié le 04/06/2014
Un ado sur cinq est concerné par l'alcool, les addictions et les rapports non protégés, selon une enquête Ipsos Santé sur les comportements à risque publiée mercredi.
Un adolescent sur cinq est concerné par l'alcool, les addictions et les rapports non protégés, selon une enquête Ipsos Santé sur les comportements à risque publiée mercredi. Selon l'enquête, la grande majorité (89 %) des adolescents est consciente des risques auxquels ils peuvent être confrontés. Ainsi, 93 % des ados déclarent avoir reçu au cours de leur scolarité des informations sur la sécurité routière, 85 % sur la sexualité, 72 % sur le cannabis, 69 % sur l'alcool. Néanmoins, les jeunes regrettent de ne pas avoir eu de prévention sur les risques "sociaux" comme le suicide (73 %) ou le harcèlement (63 %).
D'après les jeunes interrogés, l'information concernant l'anorexie et la boulimie et l'homosexualité a fait également défaut (selon respectivement 74 et 72 % d'entre eux). 38 % affirment n'avoir eu aucune sensibilisation sur le bon usage d'Internet. Même si les adolescents ont une bonne connaissance des comportements à risque, peu déclarent les adopter. Alcool, addictions et rapports non protégés ne concernent qu'un adolescent sur cinq, d'après l'enquête.
Ivresse
Dans les douze derniers mois, 19 % des jeunes interrogés reconnaissent avoir bu jusqu'à l'ivresse, dont 17 % chez les filles et 20 % chez les garçons. 13 % déclarent avoir pris des drogues et 11 % avoir eu des rapports sexuels non protégés.
Malgré le contexte difficile (crise, chômage...), les adolescents continuent d'aller bien : 85 % affirment pouvoir facilement parler avec leurs parents et autant assurent savoir à qui s'adresser en cas de difficultés personnelles. De plus, 72 % se sentent bien à l'école, même si par ailleurs 45 % disent se sentir souvent sous pression et 23 % se disent victimes de violences à l'école (souvent, parfois ou rarement). Enquête Ipsos Santé/Fondation Pfizer réalisée auprès d'un échantillon national représentatif de 798 adolescents âgés de 15 à 18 ans interrogés via Internet entre le 1er et le 14 octobre 2013 (méthode des quotas)