République Démocratique du Congo / France
Les échos de la famille IMMER : le retour !!!
Saint-Christol lez Alès, le 23 février 2001
Bien chers tous,
C'est depuis la France que nous vous écrivons cette lettre de nouvelles. Après bien des aventures, nous avons retrouvé le sol français il y a quelques jours.Mais reprenons où nous vous avions laissés au mois de novembreCommençons par les nouvelles personnelles! Nous pouvons dire avec reconnaissance que depuis le dernier problème de santé de Siméon que nous vous avions relaté, notre petit garçon s'est beaucoup fortifié. Cela a été un grand soulagement pour nous. Clara a apprécié la préparation des fêtes de fin d'année à l'école et dans la ville de Lubumbashi. Chaque décoration la laissait admirative et rêveuse.Nous avons dû faire face à une dure épreuve au sein de notre famille puisque au tout début du mois de décembre les analyses révélaient un cancer chez la maman de Céline. Bien des amis se sont mobilisés avec nous dans la prière et nous ont soutenus d'une façon ou d'une autre. Nous en avons été touchés et encouragés. La décision d'une lourde intervention chirurgicale a été prise rapidement. C'est avec beaucoup de foi et de courage que la maman de Céline a vécu ces moments. Avec un recul de deux mois, on peut dire qu'elle s'est bien remise mais doit continuer des surveillances régulières. Nous sommes reconnaissants pour la tournure que prennent les événements mais vous demandons de continuer à prier pour elle.Nous avons eu la grande joie de réceptionner le container au début du mois de décembre. Nous avons découvert une véritable mine de trésors, livres nombreux et de très bonne qualité, machines à écrire et à coudre, draps, compresses et bandages et même des ordinateurs! Très rapidement, le contenu a été réparti et expédié vers les différents lieux d'affectation. C'est un grand sujet de reconnaissance de savoir que tout cela a pu arriver sans dommage et que les Églises, même celles qui sont isolées au Nord, pourront bénéficier d'une très bonne littérature chrétienne. Chaque pasteur recevra un livre de doctrine et chaque district aura une petite bibliothèque avec commentaires et dictionnaire bibliques. Les autres livres scolaires et divers ont été envoyés dans différentes bibliothèques.Éric a fait un autre déplacement fin novembre à Kamina. Une délégation venant des États-Unis visitait les projets et Éric a pu être sur place pour la rencontrer et la guider. Son étonnement devant ce qu'elle a vu a été un réel encouragement et un
stimulant pour toute l'équipe! Malgré les difficultés que nous n'avons pas manqué de vous raconter, le travail progresse de façon encourageante dans cette zone démunie et si proche des conflits. Malheureusement, la situation politique s'est dégradée avec la prise de Pweto début décembre par les rebelles, et Éric est revenu par train aussi vite que possible. Pweto est une ville située à environ 300 km au Nord Est de Lubumbashi. Une grande partie de la population de cette ville a traversé le lac qui fait frontière avec la Zambie pour augmenter le triste chiffre des réfugiés de guerre. On a parlé de dizaines de milliers de réfugiés!
Depuis lors, nous avons entendu des vols incessants d'avions militaires survolant Lubumbashi particulièrement la nuit.
La vie quotidienne de Lubumbashi n'a pas réellement été affectée par ces nouvelles difficultés, tout a continué
"normalement"
avec seulement un peu plus de tension pour nous, la nécessité d'être plus vigilants à l'écho des combats qui se livraient pas si loin de nous.
Pourtant comme tout semblait se maintenir au calme sur la ville, nous avons décidé de maintenir un déplacement d'Éric à Johannesburg en Afrique du Sud. Il s'agissait d'une courte formation de quatre jours pour les responsables des projets de développement de l'Afrique Australe au sein de l'Église Méthodiste. Ce séminaire a permis de cibler les objectifs pour l'avenir et de former les leaders pour la conception, l'orientation et le suivi des projets.
Éric a donc pris l'avion le 14 janvier pour le début de ce séminaire et le 16 un attentat était perpétré contre le président en place, Laurent Désiré KABILA, entraînant sa mort!! La nouvelle a d'abord été annoncée sur les radios internationales. Les frontières ont été fermées et nous avons reçu l'ordre des responsables de l'Église de rester bien sagement chez nous. L'inquiétude dans la ville était grande en plus du choc de cet attentat.
Nous avons alors vécu chacun de notre côté des journées très difficiles, Éric très inquiet pour la famille qu'il ne parvenait pas à contacter et Céline inquiète pour une situation dans le pays qui pouvait s'enflammer d'un moment à l'autre. Elle a
pu expérimenter l'amitié de nos amis congolais et missionnaires durant cette période pénible, ce qui l'a beaucoup soutenue. Éric était bloqué à Johannesburg car les vols vers Lubumbashi avaient été suspendus. Ce n'est qu'au bout de quatre longs jours qu'il a enfin pu rejoindre Lubumbashi par la route. Ce fut une grande joie et un soulagement de se retrouver pour vivre ensemble ces journées tendues.
Il est difficile d'expliquer comment la situation, contre toute attente, n'a pas explosé mais nous n'avons pas été les seuls à y voir la main de Dieu et sa protection. Dans les quartiers et les écoles des tensions entre divers groupes ethniques se faisaient sentir. Les combats au Nord, à l'Est et autour de Pweto avaient repris de plus belle mais le reste du pays se maintenait dans un calme surprenant.
Tout est alors allé très vite pour nous. Le responsable de la mission était au Mozambique avec notre évêque congolais pendant ces événements ; ils ont envisagé ensemble d'abréger notre contrat au Congo pour ne pas nous faire courir de risques inutiles.
Nous avons donc rassemblé nos affaires rapidement et avons dit au revoir au Congo et à nos amis le 29 janvier. Il est difficile de vous décrire nos sentiments
La situation au Congo continue à rester calme et le nouveau Chef de l'État cherche des voies pouvant conduire son pays à la paix. Nous vous demandons de continuer à prier avec nous pour qu'il s'agisse enfin d'une paix durable à laquelle les Congolais aspirent tant.
Pour nous, qu'en est-il?
Après cinq ans de ministère au Congo/Zaïre, une page se tourne.
Nous avons été ballottés au gré des événements politiques, avons goûté à la vie rurale à Kabongo, à une vie plus évoluée à Kamina et nous sommes finalement installés à Lubumbashi. Nous avons apprécié de connaître plus en profondeur les personnes avec lesquelles nous avons travaillé et vécu, connaissons mieux les difficultés qu'elles rencontrent dans leur vie quotidienne mais aussi au sein de l'Église. Nous sommes heureux d'avoir pu être une petite pierre dans l'oeuvre qui se construit là-bas, et voulons vous remercier pour votre confiance et votre soutien pendant tout ce temps. Nous avons pu expérimenter bien souvent la protection, l'amour et la providence de notre Dieu et nous pouvons témoigner de son soutien fidèle.
La relève dans le Service du Développement a été formée par Éric, le travail continue et le contact avec nos collaborateurs se poursuit grâce à l'E-Mail (courrier Internet). Nous restons ainsi à leur disposition pour des conseils et le suivi des finances.
Nous avions décidé d'arrêter notre contrat cette année, les événements ont simplement précipité le cours des choses. Les quelques mois que nous aurions pu utiliser pour la recherche d'un nouvel emploi sont maintenant réduits au minimum et nous sommes encore dans le brouillard quant à ce qui va suivre pour nous !
Stage pastoral, autre poste missionnaire, diaconat dans une oeuvre chrétienne autant de pistes sans rien de vraiment concret jusque là.
Merci de penser à nous dans cette période délicate et pourquoi pas de nous contacter si vous entendez parler d'un poste à pourvoir autour de vous !!
Pour terminer, une dernière information mais pas des moindres, nous aurons la joie d'accueillir un nouvel enfant au sein de notre foyer au cours du mois de juillet.
Nous vous envoyons toutes nos meilleures et très fraternelles salutations,
Éric, Céline, Clara et Siméon