Vienne: la rencontre avec les réfugiés a permis d’éliminer des peurs
Daniel Deck
Les expériences de la communauté EEM Fünfhaus de Vienne, Autriche.
En septembre dernier, la communauté EEM Fünfhaus germanophone et anglophone de Vienne a hébergé des réfugiés pendant deux semaines. C’était un engagement que la communauté a pris pleinement en compte mais ce fut aussi une grande expérience, a rapporté le pasteur Stefan Schröckenfuchs.
Comment la communauté en est-elle venue à ouvrir ses portes à des réfugiés ?
Stefan Schröckenfuchs: Notre Église est à dix minutes à pied de la gare. Nous avons pu voir les réfugiés. Le facteur clé dans la décision a été une conversation que j’ai eue avec un représentant de Caritas. Je lui ai demandé ce qui était le plus important: récolter des dons ou offrir un logement d'urgence. La réponse était que nous devrions accueillir des réfugiés.
Qu'est-ce que le conseil de la paroisse a dit de cette idée ?
Il n'y avait pas de temps pour convoquer une réunion du conseil de l’église. J'ai réglé spontanément cette question en discutant avec deux ou trois personnes.
Nous disposions soudain de tout ce qui était nécessaire !
Comment vous êtes-vous organisés ?
Il s’est d'abord agi de mettre des housses aux matelas de la Croix-Rouge. Mais le stock était épuisé. Des membres de la communauté ainsi que des voisins nous ont donné des matelas et des tapis de sol. Nous disposions subitement de tout ce qui était nécessaire. Nous avons mis en place un dortoir pour 50 personnes dans les trois chambres que compte le premier étage de l’église.
Puis c’est parti - au milieu de la nuit, le 13 septembre. On nous avait d'abord dit que les gens n’auraient pas besoin de nourriture, mais cela n’a été vrai qu’au cours de la première nuit. Dans un premier temps, nous avons fait nous-mêmes la cuisinons, nous avons ensuite fait venir les repas du restaurant turc dans notre rue. Le quatrième jour, des représentants des forces armées se présentaient tout à coup à notre porte avec une marmite de ragoût. Dans l'ensemble, nous avons logé 150 personnes. La plupart d'entre eux étaient des Syriens et des Irakiens, une poignée des Afghans et des Pakistanais et quelques Marocains étaient également du nombre.
Comment la communauté a-t-elle réagi à cette situation exceptionnelle ?
Très bien. Je n'ai entendu aucune voix critique sur cet engagement. Pas même sur Facebook, - où vous devez compter sur des commentaires xénophobes -, il n’y a pas eu une seule réaction négative.
De 50 à 60 personnes environ ont aidé les membres de la communauté et les voisins. Et même des gens qui jusqu’ici ne prenaient une part active à la vie communautaire, ont donné un coup de main. J'ai entendu maintes et maintes fois que les gens étaient heureux de pouvoir faire quelque chose d'utile en faveur des réfugiés.
Cela a contribué à réduire les craintes de ces personnes. Ce fut une expérience bénie que je peux recommander à chaque communauté. C’était naturellement très fatigant. Je n'avais plus de temps pour autre chose.
Y a-t-il eu des difficultés avec les réfugiés ?
Bien au contraire. Ils étaient polis et disciplinés. J'ai été impressionné de voir la façon dont ils s’entouraient de mille prévenances. Dès lors qu’au moins une personne dans chaque groupe parlait anglais, ça a facilité la communication.
En partie, ces réfugiés sont membres de la classe supérieure dans leur pays d’origine.
Dans le débat sur les réfugiés, on oublie souvent que nous avons affaire en Europe à des gens instruits, provenant en partie de la classe supérieure dans leurs pays d'origine. Si nous les décourageons et ne leur donnons pas de travail, nous perdons alors le bénéfice qu'ils sont venus apporter.
Le dortoir est libéré, et retour à la vie quotidienne. Quelle place joue aujourd’hui la question des réfugiés dans la communauté Fünfhaus EEM de Vienne ?
Nous réfléchissons à l’idée d’accueillir une famille à long terme. Cela nécessite une bonne planification et n’est pas une sinécure. L’EEM en Autriche se concentre sur le Centre diaconal de la Spattstrasse à Linz où sont logés des Avec notre groupe de jeunes, je m’y suis rendu à l'automne pour jouer au football. Au contact de ces mineurs, nos jeunes ont réalisé qu’ils avaient beaucoup en commun avec les étrangers. Leurs réserves ont complètement disparu.
Traduction jpw
tiré de KIRCHE UND WELT