“Communauté latino-américaine de Genève
Visite d’un illustre hôte”
Le Journal de Genève, dans son édition du 8 octobre 2007, rend compte de la visite émouvante que le maire de la ville, Patrice Mugny, a faite à la communauté méthodiste latino-américaine d’Onex (Genève). Cette communauté comprend beaucoup de sans-papier. Le maire estime qu’il est temps de régulariser les sans-papier.
À la rencontre des sans-papier
« Merci ! Au nom de la Ville, très sincèrement merci, car vous participez à la vie de notre communauté. » Patrice Mugny a reçu hier un tonnerre d'applaudissements en allant à la rencontre de « sans-papier », réunis en fin de matinée pour le culte dans l'église méthodiste d'Onex. « Il est vraiment injuste que des gens comme vous, qui jouent un rôle essentiel dans l'économie domestique de notre cité, ne soient pas reconnus. » Une semaine après avoir salué les nouveaux arrivants, légalement autorisés à séjourner chez nous, le maire de Genève a souhaité faire de même avec ceux qui souffrent de devoir rester dans l'ombre.
Selon les estimations, quelque 5 000 personnes, surtout des femmes originaires d'Amérique latine et des Philippines, vivent ici sans permis de travail, ni permis de séjour. Elles permettent pourtant à de nombreux Genevois de travailler, sans avoir à se préoccuper de la garde de leurs proches…
Hier, ce sont effectivement surtout des femmes, parfois accompagnées de leurs enfants, qui ont participé à la cérémonie religieuse. Une cérémonie très chaleureuse, entrecoupée de nombreux chants, qui a permis aux participants d'oublier un bref instant la peur de se faire arrêter… On se sent visiblement bien, en tant que « clandestin » dans cette communauté latino-américaine, fondée avec l'arrivée des premiers réfugiés chiliens, au cours des années soixante-dix. Et ce dimanche matin a visiblement un peu requinqué tous ces gens sans statut.
En faveur de leur régularisation massive
Après quelques accords d'accordéon qu'il apprécie tout particulièrement, Patrice Mugny a quant à lui profité de l'occasion pour réitérer l'appel du Conseil d'État pour une régularisation exceptionnelle des « sans-papier. » En janvier 2005, le gouvernement genevois était, en effet, intervenu auprès du Conseil fédéral pour solliciter une régularisation unique des clandestins employés dans l'économie domestique dans le canton de Genève. Le Conseil fédéral n'a jamais donné suite à cette demande. « Berne n'est toujours pas très ouverte, surtout depuis l'arrivée d'un certain Monsieur que je ne nommerai pas », regrette le maire de Genève. Car « ces personnes n'ont commis aucun délit et chacun reconnaît leur apport indispensable aux besoins de notre population. Il y a une hypocrisie à maintenir cette population dans l'illégalité. »
Patrice Mugny se félicite cependant qu'à l'initiative des autorités cantonales, « il n'y a pas de chasse aux clandestins dans notre ville. Ces travailleurs ont également accès aux soins et leurs enfants bénéficient de l'enseignement obligatoire et post-obligatoire. » Reste à ne plus exclure les enfants sans-papier de la formation professionnelle : « En Suisse, des centaines, voire des milliers de jeunes qui ont grandi et ont été scolarisés ici sont poussés au travail au noir, car ils n'ont pas accès aux apprentissages. »
De retour de l'école du dimanche, certains de ces jeunes choisissent cet instant pour entrer dans l'église. Une grande ronde finale et tout le monde s'apprête à aller partager le repas dominical, mélange de cuisine mexicaine et bolivienne.
Source : Tribune de Genève
Impressions à chaud de Roswitha
Roswitha Golder, pasteure de la communauté latino-américaine de Genève
Dans son discours, le maire a dit que le canton de Genève n'avait toujours pas eu de réponse officielle de Berne au sujet de sa demande de régularisation collective pour plusieurs milliers de « Sans Papiers ».
Par contre, certains membres de notre communauté qui avaient soumis leur dossier de manière individuelle ont reçu une réponse négative. Par la suite, en tout cas, une personne responsable d'un de nos ministères a décidé de retourner dans son pays après 10 ans de séjour « clandestin » en Suisse. Nous regrettons beaucoup qu'elle ne soit plus avec nous, mais nous comprenons aussi qu'après tant d'années de vie dans la pénombre, elle ait eu envie de s'en aller, là où elle n'a rien à craindre des autorités et où elle est chez elle.
Par contre, j'ai été encouragée par le fait qu'une famille monoparentale, mère avec 3 enfants, a pu déposer sa demande de régularisation. C'est la première fois que cela arrive à une Bolivienne. Jusqu'à présent, seuls quelques Équatoriens et Colombiens ont eu,à ma connaissance, du succès dans leur démarche. Nous demandons vos prières pour qu'elle obtienne son permis. Ainsi la promesse du maire ne restera pas lettre morte, ce que je souhaite de tout cœur.
Bien que le climat politique en Suisse soit difficile et que je sente une montée du nationalisme de droite, il y a des forces importantes du côté d'une Suisse humanitaire et accueillante qui me font chaud au cœur. Ce fut en tout cas très agréable pour les membres de la communauté chrétienne latino-américaine de recevoir la visite du maire de la ville au culte du dimanche dernier et de l'écouter dire que nous étions tous et toutes des Genevois et des Genevoises. Ce fut une première pour moi aussi. Il faut savoir que, quand on va faire des démarches administratives dans notre ville en tant que citoyen-ne suisse, on se voit souvent devant deux guichets, l'un pour les privilégié-e-s, autochtones, et l'autre pour ce qu'on nomme ici des « confédérés », c'est-à-dire des ressortissants d'autres cantons qui doivent faire des queues plus longues ! Je suis évidemment dans cette catégorie et jusqu'à dimanche, personne ne m'avait dit que j'étais aussi Genevoise…