Nous ne sommes pas (seulement) des consommateurs Christophe Bruzi, responsable du Groupe Travail Jeunesse (GTJ)
Dans les choix que nous opérons quotidiennement, prêtons-nous attention au bénéfice que nous tirons personnellement ou nous intéressons-nous au bénéfice qu’en tirent les autres ? Du troupeau ou du Berger, qui nous détermine au quotidien ? Christophe Bruzi aborde ce genre de questions de front.
Individualisme triomphant
L’histoire du siècle écoulé a vu se dérouler de nombreuses révolutions, de violents mouvements idéologiques, et d’innombrables bains de sang… Pourtant la révolution qui à mon sens a le plus changé nos vies n’a pas été portée par une idéologie, n’a fait descendre personne dans les rues et n’a fait tomber aucun gouvernement.
Nous nous sommes si bien organisés pour produire de plus en plus qu’au lieu de devoir nous demander sans cesse comment produire tout ce dont nous avions besoin, nous nous sommes demandés à qui nous pourrions bien vendre tout ce que nous avions produit… Notre société a changé, elle a cessé de mettre en avant le groupe et l’intérêt commun pour valoriser l’individu, ses aspirations, son épanouissement…
Les individus ont changé : le patriotisme qui poussait les hommes à se sacrifier pour la grandeur de leur peuple s’est beaucoup refroidi, et ce n’est peut-être pas dommage. La pression sociale qui poussait des conjoints à préserver la façade de la famille solidaire, même quand elle cachait les affrontements les plus violents, a si bien disparu qu’on s’étonnera de vous voir chercher à préserver un couple qui ne vous apporte plus toutes les satisfactions que vous en attendiez : le juste équilibre a peut-être été dépassé…
Réflexes consuméristes
Nos églises, nos assemblées, sont-elles des lieux qui doivent nous apporter quelque chose ? Pour ma part, j’ai besoin de cette communauté, il faut donc bien avouer que oui, je suis un consommateur de la communion de foi, du soutien, de l’enseignement que nous y partageons. Pourtant trouverais-je mieux ailleurs ? En me posant la question, j'oublierai qu’une église n’est pas un lieu de consommation, un supermarché de la foi, mais une communauté : un lieu où chacun apporte ce qu’il peut en vue de l’intérêt commun sans pensées comptables.
Chacun apporte ce qu’il peut, et bien sûr aussi ce qu’il veut, mais, si nous voulons avancer dans la foi, il n’apportera pas seulement ce qui lui fait plaisir : j’ai la conviction que ce que Dieu nous appelle à donner de nous-mêmes contribue à notre bien et à notre édification. Mais si je me convaincs que ce qu’Il me demande doit être épanouissant ; j’ai peur que la recherche de mon bon plaisir ne devienne plus profitable à mon égoïsme qu’à ma foi…
Le Berger plutôt que le troupeau
Le monde qui est le nôtre n’est sans doute pas pire que celui dans lequel ont vécu nos pères, mais à chaque époque notre foi nous rappelle en quoi nous devons suivre le Berger plutôt que le troupeau : il est impératif de se rappeler ces temps-ci que le chemin du bienheureux Ressuscité nous fait passer par l’étape du sacrifice ; nous n’y aspirons pas plus que notre Seigneur lui-même n’y aspirait.
La recherche de la satisfaction à tout prix n’aurait pas guidé Jésus jusqu’à la croix, elle ne saurait pas mieux nous guider jusqu’à Lui !