HAITI : PRIERE & ACTION
Face à la tragédie du 12 janvier, nous n’avons pas d’autre choix que de nous tourner vers le Tout-Puissant et d’implorer sa grâce. Ainsi l’a compris le peuple haïtien dans son ensemble. « Les Haïtiens, croyants, ne cessent de prier », comme en témoigne frère Manuel Rivero à l’agence de presse Zenit. « En Europe, nombreux sont ceux qui avouent ne pas comprendre ce geste de foi : « Pourquoi prient-ils si Dieu n’a rien fait pour leur éviter la douleur et la mort ? » Pour la plupart des Haïtiens, Dieu n’est pour rien dans cette catastrophe. En revanche, Jésus Christ continue de protéger son Eglise. Lors des répliques du séisme, la prière montait vers le Ciel : « Jésus ! Jésus ! ». En route publie deux prières parmi d’autres composée en cette tragique circonstance. Rester au stade de la prière serait coupable. La prière authentique conduit à l’action responsable et conséquente sur le terrain.
Le cas de Gennevilliers
Vente de friperie à l’EEM Gennevilliers
L’EEM de Gennevilliers est composée en grande majorité de frères et sœurs haïtiens. Le séisme les a ébranlés. Chacun a des proches au pays ; un de ses membres était même sur place à l’heure du séisme. Il a survécu miraculeusement à ce drame. La communauté n’a pas attendu le 12 janvier pour travailler au développement de l’île. Une fois par mois, elle accueille une association «Peuples solidaires» et son marché aux fripes qui aide au financement d’une école. D’autres membres participent à une initiative municipale à Choisy-le-Roi, à la préparation et l’envoi de conteneurs contenant des produits de première nécessité et du matériel médical. La communauté réfléchit à une action efficace de longue durée, comme en témoigne cet échange entre Philippe Gaillard, président du conseil, et le pasteur Pierre Geiser.
France 2 a accompagné le pasteur Jean-Philippe Waechter dans sa visite d’une famille haïtienne aux lendemains du séisme. La famille était restée longtemps sans nouvelles de sa famille. Voici l’extrait du JT de 13hres :
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Nombreuses sont les initiatives prises pour aider la population haïtienne démunie comme jamais après le terrible séisme du 12 janvier 2010
Lettre ouverte à toutes les compétences
Philippe Gaillard, président du conseil de l’EEM Gennevilliers
Comme vous le savez, le terrible séisme en Haïti à pratiquement tout détruit. C’est donc un pays où tout est a refaire, à recréer, à reconstruire.
La réalité des moyens nécessaire à mettre en œuvre n’est pas que financière à mon avis (denrée trop sollicitée), et comme nous sommes dans une société de consommation, voire de surconsommation, il y a peut-être des solutions à exploiter.
Je m’explique : il y a des vêtements qui peuvent être donnés, des cycles à reconstruire, nos rues sont encombrées d’éléments de vélos le jour des encombrants.
Mais plus encore, la prime à la casse envoie des centaines de voitures qui sont sans aucun doute quand même bonnes pour rouler et rendre des services, la loi dit qu’elles ne doivent plus circuler en France, mais peut-être le peuvent-elles dans un pays qui en aurait besoin ?
Il y a aussi un manque de matériaux de base pour la construction, comme le bois etc.
Y a-t-il du bois en France que l’on sait impropre au stockage et qui pourrait être offert ?
Il y a certainement d’autres domaines où tout don serait d’un grand secours, saurons-nous les trouver ?
A tous merci d’y réfléchir…
Et d’agir pour que quelque chose en ressorte utilement pour un pays qui a vraiment besoin d’aide, plus encore que d’apitoiement.
Je ne sais pas vers qui centraliser cet appel, mais ceux qui le connaissent peuvent ainsi participer.
A tous merci.
Philippe Gaillard
Réponse
Pasteur Pierre Geiser
Merci pour les réflexions concernant l'aide à apporter à Haïti. Quand nous voyons dans quel contexte de consommation et de gaspillage nous vivons, il y a de quoi s'interroger. Nous vivons dans une société devenue complètement folle du point de vue de notre manière de vivre entièrement tournée vers la consommation et le rejet de tout ce qui a fini de nous plaire.
En tant que chrétien, nous pouvons au moins adopter un style de vie plus responsable qui permet déjà de libérer beaucoup de moyens pour venir en aide à ceux qui subissent l'épreuve et ont tout perdu. Je crois qu'il faudrait vraiment que nous nous interrogions de manière sérieuse pour adopter un style de vie vraiment responsable. Cela pourrait avoir un impact sur nos concitoyens, si nous nous mettions tous à renoncer à cette boulimie consommatrice. Malheureusement nos responsables politiques restent convaincus que seule la croissance (et donc de plus en plus de consommation) peut sauver la situation économique. Or ceci n'est pas tenable à long terme, aussi bien sur le plan du développement durable que sur celui de l'équilibrage des ressources. L'aide aux pauvres et aux victimes de catastrophes restera toujours d'actualité. Encore faut-il qu'elle se fasse de manière intelligente, c'est à dire qu'elle aide véritablement les personnes vivant dans le dénuement à se tenir debout et non pas à vivre de la charité.
Dans l'urgence, comme c'est actuellement le cas à Haïti, l'argent reste sans doute le moyen le plus rapide (et le moins cher) pour secourir les victimes de cette catastrophe. Ce matin encore, je reçois un courriel d'une ONG chrétienne qui vient d'acheminer une équipe médicale et du matériel nécessaire pour installer. Ils ont commencé par être bloqués toute la nuit à Roissy, pour finalement partir un peu avant l'aube. Et maintenant ils sont bloqués à l'aéroport de Port-au-Prince; voici le contenu du message reçu tout à l'heure:
«L'équipe médicale de Premiers Secours Français est arrivée à Port au Prince ce matin, mais est bloquée à l'aéroport, faute de moyen de transport.
Est ce qu'un de vos contacts sur place aurait un camion disponible là-bas pouvant transporter 7 m3 de matériel + les 20 personnes de l'équipe ?
Et aurait éventuellement aussi 100l de super à disposition pour faire fonctionner leurs groupes électrogènes ?
Si oui, contatez L. S. XXXX très rapidement».
Malheureusement, ce genre de situation n'est pas du tout unique.
En ce qui concerne l'aide à moyen et long terme (aide à la reconstruction et au développement), les suggestions de recycler ce que notre société rejette, il y a peut-être quelque chose à faire, surtout si l'on pense que Haïti est vraiment dans une situation de désorganisation complète, sans véritable moyens de production. Mais vu le prix du transport et son impact sur le climat, surtout s'il s'agit du transport aérien, peut-être faut-il militer pour des solutions plus raisonnables, ce que font déjà plusieurs de nos amis Haïtiens depuis des années : ils récupèrent du matériel et le transportent par conteneurs.
Pareille initiative peut nous faire réfléchir. Certains en sourient, mais il faut bien peser les avantages et les inconvénients de ce système de recyclage. Permet-il de venir efficacement en aide à ceux qui manquent de tout et en même temps, cela encourage-t-il les «bénéficiaires» à prendre en main leur situation ?
Quant aux voitures mises à la casse chez nous pour venir en aide à une économie secouée par la crise, je ne sais pas dans quelle mesure leur récupération pour d'autres pourrait se faire légalement. Il y a bientôt 30 ans, lors d'une campagne similaire, j'ai vu les carcasses être découpées et transportées comme ferraille vers les pays de l'est où on les remontait pour leur donner une autre vie. C'est vrai que l'astuce du découpage est scandaleuse, mais peut-être faudrait-il voir ce qui est possible. En tout cas, un de nos frères a déjà plusieurs fois mis des voitures qui étaient ici en fin de vie dans des conteneurs (sans les découper, et en toute légalité).
Voilà rapidement quelques éléments de réflexion en réponse à la «lettre ouverte» de tout à l'heure.
Fraternellement
Pierre Geiser
Suite de l’échange
Avec Philippe Gaillard
Chers tous,
Quelques explications sur la lettre précédente :
Il y a déjà eu une mobilisation, celle de la première heure, celle qui, suite la stupeur et l’élan de générosité qui la suit. Il y a des moyens d’aider qui sont autres que celui de l’argent, mais pour cela il faut y croire et se donner du mal, ce dont je ne doute pas de chacun.
En Haïti, tout est à reconstruire, à quoi servirait-il d’avoir conservé la vie si c’est pour être abandonné ensuite ?
Je parlais de choses matérielles qui pourraient être à notre portée et qui pourraient être acheminées par le biais de celui qui connaît la bonne personne et qui lui fait part de sa volonté et son engagement pour obéir à l’essence même de sa foi ; c’est à la fois un témoignage et une obéissance à notre Seigneur.
L’argent est plus pratique, je le sais, mais je sais aussi qu’il est souvent dépensé en grande partie avant d’atteindre le bénéficiaire, de plus dans un pays où il n’y a plus rien, il faut de toute façon payer des transports et acheter ce que l’on veut envoyer, c’est pourquoi je pense que nous devrions collecter tout ce qui est utile et trouver un armateur ou quelqu’un qui connaît quelqu’un qui, lui, sait qui pourrait faire cela pour l’œuvre humaine nécessaire pour Haïti.
Des non-chrétiens l’ont fait, n’avons-nous pas de relations professionnelles qui pourraient très bien être le commencement d’une grande chaîne de solidarité et cela pour la plus grande gloire de Dieu ?
Rien n’empêche que nous citions les donateurs non-chrétiens, que ce soit en temps, en moyen de transport, ou en matière, pour les remercier.
Beaucoup d’industriels sont soucieux de leur image et seraient heureux de participer à l’action d’une organisation aussi sérieuse que le nôtre.
Si cela ne vous paraît pas juste ou pertinent, ne manquez pas de me le faire savoir.
Philippe
Haïti