La pertinence du message biblique aujourd'hui
Ceci est le résumé de la deuxième conférence donnée par le professeur Jacques BUCHHOLD, enseignant en Nouveau Testament à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine (Yvelines), lors de son passage à l'Église Évangélique Baptiste de Colmar (Haut-Rhin) le 20 septembre 2003 (cf. numéro de novembre 2003 pour la première partie).
Dans cette conférence, Jacques BUCHHOLD a montré quelle est la pertinence pour aujourd'hui de ce livre souvent méconnu qu'est la Bible.
Un monument littéraire et historique :
Remarquons tout d'abord qu'elle est un véritable monument littéraire : elle contient 66 livres, écrits par des auteurs très divers (rois, berger, médecin, etc.) au long de 1300 ans.
Ensuite, la Bible est un monument historique.
Prenons par ex. l'endroit où la Bible situait la ville de Ninive : Voltaire disait qu'il n'y avait que du sable à cet endroit et que la ville n'avait jamais existé. Mais c'est la Bible qui avait raison ! En effet, quand on a creusé, on a découvert des ruines...
Deux exemples de rencontres entre la Bible et l'archéologie :
La guerre a souvent bloqué la situation en Palestine, mais les fouilles archéologiques prouvent fréquemment que la Bible avait raison et on assiste à des rencontres intéressantes entre ce «vieux bouquin» qu'est la Bible et l'archéologie. L'une de ces récentes rencontres a été suscitée par la découverte en décembre 2000 d'un ossuaire (une sorte de boîte contenant des ossements) portant l'inscription «Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus» (cf. notre numéro de décembre 2002). Une étude a montré que cet ossuaire date probablement du premier siècle ap. JC, les trois noms mentionnés sont fréquents, mais il est exceptionnel qu'un ossuaire ne mentionne pas que le défunt, surtout qu'il parle d'un certain Jésus! André LEMAIRE a authentifié cet ossuaire ainsi que les autorités juives l'ont fait dans un premier temps, mais une autre expertise semble démentir cela Disons simplement que Flavius JOSÈPHE (un historien de Palestine au premier siècle) parle du «frère de Jésus appelé Jacques»
Une autre rencontre entre la Bible et l'archéologie a été la découverte en 1947 à Qumrân de manuscrits qui datent de l'époque de Jésus. Ces découvertes ont révolutionné ce qu'on pensait de la Bible. En effet, les manuscrits de l'Ancien Testament dont on disposait jusque-là dataient d'environ 900 ans ap. JC alors que ceux retrouvés à Qumrân datent du premier ou du deuxième siècle avant JC. Cela représente une «distance» d'environ 1100 ans. Or, ce qui est remarquable, c'est que les manuscrits trouvés à Qumrân sont presque identiques à ceux dont on disposait jusqu'alors. Ce qui signifie qu'en plus de 1000 ans, les copistes ont réalisé un travail de copie extrêmement méticuleux. On peut donc raisonnablement supposer que leurs prédécesseurs mettaient le même soin à leur travail et que nous disposons donc de copies très fidèles aux textes originaux (qui sont perdus).
Mais a-t-on des raisons de penser que ce livre avait quelque chose d'important à l'époque et qu'il a de l'importance pour nous aujourd'hui ?
Le message de la Bible pour nous aujourd'hui:
La Bible contient un message important pour nous aujourd'hui. Elle n'est pas simplement constituée de petites histoires isolées, mais ces histoires s'inscrivent dans un cadre, dans une vision du monde très originale qui s'organise en trois temps : création chute rédemption.
Cela peut sembler banal, mais c'était révolutionnaire aux temps bibliques de penser qu'un jour, un dieu avait parlé et créé le monde : aucune autre religion n'avait jamais dit ça! Jusqu'à Moïse, l'idée qu'il n'y avait qu'un seul dieu n'existait pas.
Le mal moral:
Avant l'apparition du monothéisme, le mal et le bien se comprenaient dans le paganisme comme l'expression d'une lutte entre les divinités. Cela n'est évidemment plus possible quand on n'a qu'un seul Dieu! Dans ce cas, toute la création est bonne et le mal devient injustifiable, tout mal devient moral. Seule la Bible fait de la mort de l'homme un mal moral, ou plus exactement un jugement de Dieu sur le mal moral. En effet, si Dieu est le créateur, le mal devient quelque chose de trrible puisque les hommes et les femmes qui meurent sont des créatures de Dieu: ça change tout !
Des conséquences concrètes :
Il y a des conséquences très concrètes à cette vision du monde:
- selon le philosophe Karl JASPERS (1883-1969), la science n'a pu apparaître que dans un monde chrétien, car lorsque vous êtes dans un monde où tous les éléments sont comme « envahis » par des démons, cela suppose une présence spirituelle dans les objets, le divin est partout, le monde est comme « enchanté ». Et quand à chaque phénomène qui se produit, on trouve une explication religieuse, cela n'encourage pas la recherche scientifique !
- L'écrivain Bernard-Henri LÉVY souligne que c'est l'héritage judéo-chrétien qui a fait découvrir l'intériorité. Il dit que dans la tragédie grecque, les individus sont les jouets des divinités. Il en est tout autrement dans la Bible. Selon lui, il suffit de lire l'histoire de Job : celui-ci perd tout, sa femme le renie, et tout cela est dû au diable. Pourtant il ne le cite pas mais ne fait que s'adresser à Dieu Ou bien dans les psaumes, il est fréquemment question de gens qui parlent de leur souffrance à Dieu et lui crient leur douleur. C'est l'expression d'hommes et de femmes qui se plaignent justement parce qu'il y a Dieu ! On est loin des divinités païennes. Comment voulez-vous vous révolter s'il n'y a pas Dieu ?
C'est cet héritage-là qui a permis de découvrir l'intériorité.
L'actualité du message biblique : la vérité et la résurrection
- Dans le monde païen, il n'y a pas une mais des vérités, alors que la Bible souligne qu'il y a une seule vérité. Face à une laïcité molle qui laisse chacun dans ses idées sans chercher à le convaincre qu'il a tort, laïcité qui interdit la conviction et «fabrique» des gens qui ne savent plus ce qu'il faut penser, la Bible affirme des certitudes absolues et valables pour tout le monde. La chanteuse Mylène FARMER retraduit bien la pensée majoritaire de notre monde moderne quand elle affirme dans son album «Les Mots» qu'il n'y a plus d'enchantement et qu'elle pose la question: «Comment puis-je savoir que l'autre comprend ce que je veux dire quand je lui dis : " Je t'aime"?»
- Enfin, le message de l'Écriture concernant la mort est particulièrement pertinent pour aujourd'hui. En effet, la mort ne fait plus partie de notre expérience et pourtant elle fait partie de l'expérience de chacun. La mort est-elle la fin de tout de sorte que nous pourrions dire: «Mangeons et buvons car demain nous mourrons»? Non, la Bible nous permet d'affirmer qu'il y a la résurrection : le message de la Bible est un message d'espérance !
A suivre.
Christian BURY