In memoriam

Samuel Lauber s’est endormi dans la paix... (1925-2010)

Daniel Husser


D’autres pourraient bien mieux que moi exprimer tout ce qu’ils ont pu vivre au contact de Samuel Lauber dont le départ pour l’éternité nous attriste et nous laisse orphelins. C’est cependant avec reconnaissance que je saisis l’occasion qui m’est offerte par « En Route » d’évoquer ce que j’ai pu recevoir par la personne et le ministère de Samuel au cours d’une amitié et coopération d’une soixantaine d’années.

Déjà, dans les premières années de l’après-guerre, dans les premiers camps de jeunes à Landersen, il savait nous intéresser, nous conseiller et nous encourager. Nous aimions son dynamisme confiant et joyeux, qualité qu’il a continué à manifester tout au long de sa vie. La jeunesse lui tenait à cœur et dès la fin de sa formation théologique à Nogent, Samuel s’est lancé dans la direction de camps et colonies de vacances avec l’ardent désir de conduire ces enfants et jeunes vers une relation heureuse et décidée avec Jésus-Christ. Quelle joie que de coopérer avec lui et Élisabeth dans ce travail, et quels heureux moments partagés à Landersen, en équipe avec eux ! Conscient de l’importance de donner aux enfants et jeunes un lieu et des occasions propices à l’écoute, à la réflexion, à la connaissance de l’Évangile et à la communion fraternelle, Samuel Lauber a accepté, pendant de longues années, de présider et de développer l’Association Œuvre de Jeunesse Landersen, en plus des autres charges de son ministère.

Son ministère pastoral a été en bénédiction successivement aux églises de Colmar, Metz-Knutange, Munster et Agen, poste dont il fut brusquement rappelé, en 1963, pour assurer la direction de la Clinique Bethesda à Strasbourg, à la suite du décès du Pasteur Rodolphe ROMAN.

Pendant 27 années, le pasteur Lauber a veillé sur la vie de l’œuvre BETHESDA (Clinique et Maisons de Retraite), cherchant sans cesse à la développer en l’adaptant à l’évolution des besoins de la société. Il ne craignait pas, pour cela, de rendre visite aux élus et aux représentants de l’autorité préfectorale, sanitaire et sociale qui admiraient… et redoutaient sa pugnacité proverbiale, souvent récompensée de résultats positifs.

Samuel Lauber, grand bâtisseur devant l’Éternel a aussi mis ses multiples qualités et compétences au service de la direction de l’ensemble de l’UEEM. En tant que Trésorier, il veillait avec rigueur sur l’équilibre budgétaire, tout en encourageant vivement l’ouverture de postes d’évangélisation et le soutien de l’œuvre missionnaire. Son souci de la connexion entre les églises locales l’a conduit à prendre la plume de Rédacteur du Messager Chrétien, ancêtre d’« En Route ». Un jour, devant le peu d’empressement des églises à envoyer des nouvelles, Samuel n’a pas hésité à arrêter la parution pendant quelques mois, pour provoquer une réaction salutaire… qui eut lieu !

Je garde un bon et reconnaissant souvenir du temps de notre collaboration lorsque j’avais la responsabilité de président du CD de l’UEEM. Fraternellement unis, la plupart du temps, il nous arrivait aussi d’avoir des points de vue différents voire opposés. Nous les exprimions avec vigueur et franchise, sans que jamais notre amitié n’ait pour autant été remise en cause.

L’engagement personnel intense de Samuel, son désir d’innovation et de progrès l’ont forcément conduit à prendre des risques qui, dans quelques cas, n’ont pas eu le succès espéré. Mais le pire des risques et dangers, n’est-il pas celui de l’immobilisme ?

En 1990 l’heure de la retraite avait sonné…..mais pas celle de l’inactivité. Chargé du poste pastoral vacant de Munster, l’infatigable bâtisseur entreprit et mena à bien la transformation et rénovation du Temple de la Paix, tout en assurant son service dans la paroisse et auprès des résidents de la Maison de Retraite Bethesda-Caroline.

Ces tâches achevées, Samuel entra, selon son expression «en reposance», se consacrant davantage à sa famille et continuant à rendre maints services ponctuels dans l’Église. Il jouissait beaucoup de ce temps paisible et serein et exprimait ainsi son espérance en Christ et dans l’avenir :

«Quand le Seigneur viendra taper sur mon épaule, je dirai : je viens !»

Cet appel est venu le matin du mardi 19 octobre 2010, et sans doute, Samuel Lauber aura pu entendre ces paroles : « C’est bien, bon et fidèle serviteur… entre dans la joie de ton Maître ! »

P.-S. : Le vendredi 22 octobre, lors d’un culte d’adieu au Temple de la Paix à Munster, nous avons exprimé devant Dieu, notre reconnaissance pour les bénédictions reçues à travers le ministère de Samuel Lauber et avons pu témoigner notre sympathie et notre affection à Élisabeth, ses enfants et petits-enfants. Samuel avait lui-même choisi comme thème pour ce culte, cette parole d’Esaïe (12.2) :

« Voici, Dieu est ma délivrance, je serai plein de confiance, et je ne craindrai rien ; car l’Éternel est ma force et le sujet de mes louanges ; c’est lui qui m’a sauvé. Vous puiserez avec joie aux sources du salut ».