Contre l'endurcissement - Evêque Patrick Streiff
Voilà qu’arrivent des nouvelles et des images des Canaries. Je ne parle pas de celles relatives à des touristes blancs, mais de celles concernant des émigrants africains. N’avons-nous pas déjà reçu, il y a quelques mois, des informations semblables venant du Maroc et, encore plus tôt, de Sicile ? Les Etats-Unis d’Amérique ont des problèmes à leur frontière méridionale avec des immigrants latino-américains venant du Mexique.
Le calme est revenu au sujet des enclaves espagnoles au Maroc, car les immigrants mal-aimés en sont désormais tenus à bonne distance. Maintenant, des Africains cherchent à gagner l’Europe en passant par les Canaries. Et lorsque la dissuasion à large échelle y sera effective, on entendra parler d’un autre point de passage, quelque part dans le barrage. Pendant ce temps, le gouvernement et le parlement suisses tentent de rendre les lois sur l’asile et le séjour des étrangers encore plus restrictifs. Et d’autres gouvernements des pays riches de l’Occident font de même. Mais le slogan « la barque est pleine » ne vaut que pour les barques des réfugiés risquant de chavirer en mer, pas pour les destinations du voyage vers les pays riches de l’Occident.
N’avons-nous toujours pas compris que des barrières et des murs sont des moyens inadéquats face aux courants migratoires croissants des pays pauvres vers les pays riches ? Et qu’il est encore plus difficile d’établir la distinction entre vrais et faux réfugiés venant de pays rongés par la corruption et sans justice indépendante que d’examiner les motivations éthiques des objecteurs de conscience en Suisse ?
Plus d’un (e) se demande : « Mais qu’est-ce que je peux bien faire ? »
1) Aiguiser sa conscience et la garder en éveil, pour ne pas s’habituer à l’injustice.
2) En tant que citoyennes et citoyens adultes, faire usage des droits politiques lors d’élections et de votations.
3) En tant que chrétiennes et chrétiens, contribuer personnellement à soutenir et à renforcer le service de l’Eglise dans les pays plus pauvres.
Patrick Streiff, évêque
Traduction : Frédy Schmid
Source : Kirche + Welt, n° 11, 15 juin 2006