“Des intermittents du culte” par Henri Bacher
Henri Bacher fait partie de la rédaction internet d’une grande entreprise genevoise. Il est cofondateur de Logoscom, association française, dont le but est de transposer la Bible dans la culture de l’oralité électronique. <
www.logoscom.org> <
www.allobible.org> <
www.allobible.mobi>. Il signe la chronique Actu du mois commune à quatre mensuels évangéliques (Christ seul, Horizons Évangéliques, Pour la Vérité et ENroute).
Des jeunes à fidéliser
Sous l’influence des mass media, d’Internet, de la téléphonie, le monde a changé et continue de le faire à vitesse grand V. Du coup, on a le sentiment de devoir nous intéresser à ces évolutions pour faire survivre nos communautés. On intègre donc de la vidéo, des sketchs, du théâtre, de la peinture, de la danse dans nos activités. Les nouveaux lieux de culte ressemblent plus à une salle de spectacle qu’à un lieu de méditation. Et pourtant, dans nos communautés chrétiennes, les jeunes et maintenant la tranche d’âge des 30 – 40 ans deviennent des intermittents du culte. Ils s’ennuient ! De plus, nous n’avons que peu de prise sur nos concitoyens. À quoi faut-il attribuer ces difficultés de partage de la foi, malgré nos efforts d’adaptation ?
Besoin urgent d’adaptation
Justement, c’est bien une question d’adaptation. Elle est de nature culturelle. Nous vivons sous nos yeux un changement culturel. La technologie a bien été un moteur important pour passer de la culture du livre à celle des mass media et d’Internet et pourtant ce n’est pas en utilisant un Iphone ou l’Androïd de Google que vous saurez vous immerger dans cette culture. Il faudra changer de mentalité, de cœur. Il faudra laisser vos émotions suivre leur cours et non plus les endiguer comme on l’a fait dans la civilisation du livre. Je vous vois déjà lever les bras au ciel, mais je vous rétorquerai que la Shoah et deux guerres mondiales se sont faites à une époque où la télé et Internet n’étaient pas rois dans nos chaumières. Alors, est-ce pire… ?
Changement de modèle
Nos églises sont encore des écoles spirituelles, alors que la nouvelle culture surfe sur l’artistique, l’émotionnel. Nous transitons d’une culture littéraire à une culture dominée par l’oralité électronique. Exit le pasteur-instituteur spirituel et bienvenue au pasteur-artiste. Artiste dans le sens large du terme. Celui qui sait jongler avec l’émotion, avec les analogies, les paraboles. Celui qui sait raconter des histoires, se mettre en scène. Ce n’est pas forcément celui qui utilise du Powerpoint pour y projeter ses dix points d’analyse d’un texte biblique. Nos modèles de transmission ne sont plus l’école, mais le plateau de télé, Youtube, Facebook, Twitter1, Second Life. Nous nous ennuyons à l’église, le dimanche matin, parce qu’après une semaine dans le monde des émotions, culturellement parlant, on nous coince pendant deux heures sur un banc d’école.
L’émotion à fleur de peau
La culture du livre était en fait une monoculture où les émotions étaient bridées, laissant libre cours à la froideur intellectuelle. Aujourd’hui, les émotions se redécouvrent et l’analyse, la réflexion intello sont à la traîne. Aucune culture ne peut prétendre à l’universalité, il n’y a que Dieu qui intègre parfaitement la totalité de l’expérience humaine. Les cultures comme les hommes sont partielles, mais Dieu se fera comprendre aujourd’hui comme il s’est fait comprendre par le passé.
1 Sur Twitter, une communauté de méditants : http://twitter.com/Allobible
Pour aller plus loin:
http://www.logoscom.org/PDF/adatation_culturelle.pdf
Henri Bacher