Mon séjour à Laarba
Trois membres de l’église de Montélimar ont effectué un séjour l’été dernier en Kabylie à la rencontre de l’église de Laarba. Ce fut un temps précieux de communion fraternelle.
Françoise Paquet
« Encouragez-vous les uns les autres » Ep 4.19
Ce verset m’a percutée lors d’un séjour fait au printemps sur une base missionnaire du Canada, et depuis, il ne m’a plus quittée… En regardant de près les épîtres de Paul, il apparaît que l’apôtre ne cesse de visiter les églises pour les encourager et les exhorter. J’avais eu l’occasion, dans nos AG de l’Union, de parler avec Daniel Nussbaumer, responsable de l’Église méthodiste en Algérie. Celui-ci m’avait vivement encouragée à visiter l’Église là-bas, et j’avais été interpellée car c’est un pays qui compte beaucoup pour moi. Au fil des temps de prière, ma conviction s’est affermie et, avec son aide, nous avons pu organiser en août une visite à l’Église méthodiste de Larbaa en Kabylie. Avec deux amies de mon église, nous avons donc embarqué pour Alger le 13 août !
Sorties de l’avion, nous retrouvons rapidement Abdenour le pasteur de Larbaa Nath Irathen qui nous attendait à l’aéroport. Nous nous entassons avec nos bagages dans sa 207 et partons vers la Kabylie. Les noms défilent : Rouiba, Boumerdès, Tizi Ouzou. Nous roulons en Algérie dans une Peugeot bondée, écoutant un CD de louange, et passons ainsi les barrages de police ! Les paysages à l’est d’Alger défilent, orangers, vignes, bougainvilliers, arbres de Judée, figuiers, eucalyptus… Quand nous arrivons enfin à la maison méthodiste de Larbaa, Fazia, une dame du conseil, et sa sœur Sihem nous ont préparé un couscous ! Et nous voilà dans l’ambiance !
Communion fraternelle
Sans autre transition vont s’enchaîner pour nous plusieurs temps de vie d’église, comme si nous avions toujours fait partie de la communauté. D’abord nous participons à leur réunion de prière. Nous restons là presque trois heures à prier, intercéder, louer, indifféremment en français ou en kabyle. Ces gens partagent simplement avec nous des bouts de leur vie personnelle, leurs sujets d’intercession, ils nous bénissent et louent Dieu pour notre présence qui les encourage !
Le lendemain nous rencontrons Rachid à la bibliothèque pour préparer ensemble le temps de samedi avec les enfants. À nouveau, nous sommes encouragées. Rachid est professeur de langue berbère. Il nous explique le contexte sociologique des enfants et des familles en Kabylie, en Algérie. Un exposé très intéressant pour nous avant de faire cette séance avec les enfants et avant le séminaire de femmes.
Puis les deux séminaires pour les femmes que nous avons préparés, sur le thème de la place de la femme dans la création, la chute et ses conséquences, sur la place de la femme dans l’ancienne alliance, la femme dans la famille, dans l’église, l’éducation des enfants… Cela débute par un temps de louange introduit par Abdenour. Puis nous « chassons » les hommes et démarrons notre programme ! Les femmes sont nombreuses et très intéressées à réfléchir à cette question de l’intention de Dieu quand il a fait l’homme et la femme, quelle place Dieu leur avait réservée. Après chaque exposé, nous avons un temps d’échange et de questions, de partages individuels et de prière avec des femmes qui nous confient leurs difficultés. Certaines vivent des situations difficiles, même dans certains foyers chrétiens. C’est un très bon partage, les deux fois pendant presque 3 heures ! J’ai l’occasion de donner ma Bible à une vieille Kabyle qui la reçoit comme un trésor, ainsi que des chants de louange en français stockés dans mon portable à une adolescente. Pour finir, on prie ensemble, en français, en kabyle et on fait des photos de nous tous devant la maison. Abdenour, nous dira que les femmes ont été vraiment très touchées et étonnées par notre simplicité.
Samedi, c’est le jour du culte en Algérie, jour où nous assurerons l’enseignement des enfants avec Rachid et Saliha. C’est un moment fort avec nos frères et sœurs kabyles. Toute la communauté loue, joue de la musique, lance des youyous ou tape des mains. Prières, textes bibliques, ensuite la sainte cène est distribuée. Je suis très émue : partager la sainte cène en Algérie ! Avant de partir pour l’école biblique avec les enfants pendant le message, je transmets les salutations de l’église de Montélimar : « Merci de votre accueil, et je lis les derniers versets de Romains 8 : RIEN ne pourra jamais nous séparer de l’amour du Christ ! » Toutes ces rencontres auront été un fabuleux encouragement pour notre foi pour nous et pour nos frères et sœurs algériens !
Encouragement mutuel
La communion fraternelle a aussi été source d’encouragement pour chacun. Nous avons rencontré des personnages extraordinaires : Abdenour le pasteur, Fazia notre hôtesse, Bénouès le jardinier entre autres… Le potager de Bénouès au presbytère de Larbaa vaut la visite guidée ! Tomates, maïs, piments, poivrons, persil, courges, courgettes, haricots, etc. en carrés bien alignés ! Des cerisiers, poiriers, pommiers, noyers, châtaigniers, tilleuls, figuiers, de la vigne, ainsi que des lilas, mimosas… Au bord la source et le grand bassin apportent de la fraîcheur et le moyen d’arroser tout ça ! Bénouès va aussi à la pêche et nous avons eu le privilège de manger ensemble 4 kg de sardines attrapées pour nous. Ce soir-là, sur le balcon, nous avons tellement mangé de sardines et de pastèque que nous ne pouvons plus bouger ! Abdenour, à notre demande, nous fait un petit tour de l’histoire algérienne. Au loin le son des fêtes (mariages, circoncisions) et des youyous bat son plein, mêlé à l’aboiement des chiens et des chacals et au braiement des ânes ! La Kabylie… Nous finissons immanquablement nos soirées sur le balcon par de longs échanges et des leçons de kabyle désopilantes !
Fazia, quant à elle, a assuré notre accueil et nos repas. Nous nous régalons de ses couscous arrosés de petit-lait car rien ne désaltère mieux par cette chaleur. Pendant que nous aidons Fazia à la cuisine, nos discussions sont régulièrement interrompues par le haut-parleur de la mosquée. Fazia fait de la galette sous nos regards attentifs. Elle nous a même donné des cours de danse kabyle dans le salon !
De découverte en découverte
Abdenour a pris un soin tout particulier à nous faire découvrir la Kabylie et nous roulons vers Tizi Ouzou, capitale de la grande Kabylie, dans la Panda noire avec un poisson collé au haillon arrière ! Le courage et la paix de ces chrétiens algériens me bouleversent et m’encouragent. La route de Aïn-El-Hammam est magnifique, les montagnes de Kabylie, la forêt de Yakouren, la chaîne du Djurdjura, le col de Tirourda, les villages qui égrènent leurs maisons le long des crêtes. La Kabylie est décidément une région magnifique, sauvage et rebelle. Abdenour nous fait un grand honneur en nous emmenant dans son village, Budafal. Ruelles étroites, porche, lavoir et mosquée, mais aussi une église en contrebas. Une église dans ce minuscule village perdu au fond de la Kabylie ! Nous pénétrons dans la cour de la maison de ses parents, et sommes reçus avec café et biscuits. L’intérieur est très beau et un métier à tisser est installé, un tapis berbère est en chantier… Au moment de partir, sa mère me bénit en kabyle. Nous ne nous comprenons pas, mais je serre cette vieille femme sur mon cœur.
Le soir, sur le balcon, nos habituels partages avec Abdenour sur la vie des chrétiens, l’église, ses difficultés, ses combats, tissent des liens fraternels jour après jour. Nous profitons de l’odeur du jasmin libérée par la nuit… Je me suis attachée à ces gens… J’aime le côté sécurisant du pasteur Abdenour, sa sagesse, sa patience, sa bienveillance, sa façon de prendre soin de nous. Cet homme force le respect. Pour lui, « l’Algérie n’est pas le chantier des hommes, mais le chantier de Dieu ». Au moment du départ, j’ai l’impression d’habiter parmi eux depuis très longtemps…
« Le vrai riche est celui qui possède ce qui ne s’achète pas »
Richesses sans prix
L’hospitalité, l’amour fraternel, les paroles encourageantes, sont des richesses infinies et sans valeur marchande. Nos frères et sœurs algériens nous ont bénies par leurs richesses, ils ont assuré notre sécurité physique et affective avec discrétion, efficacité et amour fraternel, et nos cœurs leur en sont infiniment reconnaissants.
Dieu nous invite à nous encourager les uns les autres. Dans Ep 6.22, Je vous envoie donc Tychique en particulier pour vous dire comment nous allons, et pour redonner ainsi du courage à vos cœurs. L’apôtre Paul connaissait le pouvoir encourageant d’une visite. N’hésitons pas à aller visiter ceux qui, au près ou au loin, peuvent être bénis par notre présence. Prions les uns pour les autres, nous qui sommes les enfants d’un même Père, prions pour cette église de Larbaa.