UN AN A MUNSTER, ET C’EST DEJA PASSÉ
Pasteur Pierre Bertololy
Pour une année, Pierre Bertololy a accepté bénévolement de s’occuper à mi-temps de l’église de Munster en l’absence d’un pasteur. Pour En route, il revient sur cette première année de service concluante, puisqu’il remet ça comme pasteur local à Lausanne dès cette rentrée. Dieu le bénisse, ainsi que Claude, son épouse.
Un an dans une vie, ce n’est pas grand-chose. Pourtant… Tout dépend de ce qu’on en fait, de cette année.
Envoyés à Munster pour « aider » l’église locale à mi-temps, nous avons découvert, à partir d’un autre point de vue, ce qu’est une paroisse. Nous, qui étions censés aider, avons découvert que nous avons été enrichis par ceux-là mêmes dont on nous avait dit qu’ils auraient besoin de nous. Comment parler de Munster sans évoquer l’accueil, les sourires, les marques d’affection, les remerciements ?
Nous avons découvert les joies et les peines d’une église tout à fait normale, c’est-à-dire d’une église qui n’est pas parfaite, composée d’hommes et de femmes avec leurs problèmes personnels, relationnels, spirituels, mais aussi avec leurs richesses personnelles, relationnelles, spirituelles…
Un an à Munster, et c’est déjà terminé. Nous avons à peine eu le temps de bien connaître chacun. Certains membres nous sont même restés totalement inconnus… Aurait-il fallu aller les chercher ?
Un an à nous écouter les uns les autres, à essayer de chercher ensemble une réponse possible aux questionnements et aux souffrances, comme lors de la conférence avec le professeur et pasteur Karsten Lehmkühler.
Un an à essayer de partager la Parole. Comment comprendre cette Parole qui ne veut pas nous enfermer, mais nous libérer ? Comment apprendre à entendre, même ce qui peut paraître choquant ?
Un an à enseigner les catéchumènes, à leur faire comprendre plutôt qu’apprendre ; à essayer de les aider à être critiques avec ce qu’ils lisent, entendent, voient ; à essayer de leur donner des outils et non un produit déjà tout fait.
Un an à partager aussi une parole simplement humaine, lorsque c’est nécessaire. Dieu peut se cacher également derrière nos paroles humaines, me semble-t-il.
Un an à souffrir avec ceux qui souffrent, à se réjouir avec ceux qui sont dans la joie. Quelle chose merveilleuse de voir sourire quelqu’un qui a toutes les raisons de désespérer ?
Un an à nous croiser dans la rue, au magasin, à la librairie Certitude, au marché, avec la joie de nous reconnaître.
Un an à partager des repas, chez les uns ou les autres, mais aussi chez nous…
Un an à faire du presbytère une petite oasis accueillante, où chacun peut se savoir invité à prendre un thé et bavarder un moment.
Un an de rencontres fraternelles à l’église (au TP comme on dit dans la vallée), avec des moments de partage, de rires, de plaisanteries, de jeux ; mais aussi des moments de prières, de chants, de communion autour de la table du Seigneur… Sans oublier un week-end lumineux pour tous les participants (une quarantaine !).
Un an à constater, avec le Conseil et avec satisfaction, que les membres de l’église peuvent prendre en main un certain nombre de tâches auparavant dévolues au seul pasteur.
Un an à comprendre ce qu’est une église dans laquelle nous sommes là les uns pour les autres, et non pas seulement les uns avec les autres ou à côté des autres.
Un an au cours duquel nous nous sommes fait des amis, des frères et des sœurs que nous porterons dorénavant dans notre cœur, et pour lesquels nous pourrons continuer à prier s’ils veulent bien nourrir notre prière par les nouvelles qu’ils nous feront parvenir.
Merci à Dieu qui nous a permis de vivre cette belle année à Munster. Certes elle ne fut pas de tout repos : les allers-retours ont été nombreux, mais nous avions cette impression étonnante que la distance entre Munster et Bischheim se réduisait au fil du temps et des voyages.
La vie de nos églises