"Humiliez-vous sous la main puissante de Dieu"
1 Pi 5,6
Daniel Osswald
pasteur
Sous peu, nous allons entrer dans la semaine sainte, comme s'il y avait des semaines plus saintes que d'autres ! Cette semaine aura pour beaucoup une connotation commerciale. On nous avait fait le coup avec l'Avent, l'Avent de quoi ? L'Avent du dieu Mammon ? ! Nous sautons avec frénésie d'une fête païenne à l'autre ; nous n'en pouvons plus. Vainement nous essayons d'habiller ces fêtes d'un peu de sens, de traditions chrétiennes. Le temps s'accélère, on aimerait se poser, réfléchir, fêter simplement, joyeusement, prendre du temps pour Dieu, pour nous, pour les autres. Personne ou presque n'ose résister à la pression consumériste et pourtant ce serait tellement utile, la folle frénésie ne procure pas que du bonheur, loin de là ! Chez nous, la famille, les personnes seules, les réfugiés ne vont pas si bien ; ailleurs la misère, les guerres sont de véritables fléaux souvent orchestrés au mieux par nos lâchetés occidentales, au pire, par notre soif de gain et de pouvoir. Pour une grande part, c'est l'échec d'une civilisation judéo-chrétienne ou christianisée ou, pour ceux qui ne veulent pas s'y reconnaître, d'une civilisation post-chrétienne. D'une manière ou d'une autre, le christianisme est accusé et nous avons tort de nous défausser trop rapidement en accusant les autres ! S'il n'y avait eu que Bouddha, Mahommed, Yahvé et quelques autres, on pourrait discuter, mais il y a eu le Christ ! Devant Lui, devant son message radical de justice et d'amour, il n'y a plus rien à dire, nous n'avons pas d'excuses, nous sommes responsables voire coupables d'avoir laissé faire, de l'esclavage à l'apartheid en passant par la course aux armements et les multiples pollutions matérielles et spirituelles. Je sais bien que tout n'est pas simple, aussi simple que j'essaie de le décrire en quelques mots ; il y a eu la Croix-Rouge, les orphelinats, certaines uvres missionnaires, la lutte contre l'esclavage et d'autres qui atténuent la mauvaise image d'une société qui se voulait très chrétienne. Certains me diront, mais nous les « évangéliques » nous ne sommes responsables de rien, nous sommes fondés sur la Bible, sans pouvoirs et puis nous condamnons l'injustice. Certes, nous sommes sans histoire et donc sans mémoire, c'est commode ! Je ne suis pas si certain cependant que nous n'avons pas déjà quelques « valises » qui nous accuseraient si Dieu décidait de les ouvrir.
Si la Semaine Sainte pouvait nous amener à réfléchir, à entrer en nous-mêmes. Que l'amour ardent du Christ et son exigence de justice nous amènent à perdre nos certitudes. Que les exigences radicales de Dieu nous dépouillent de nos complaisances et suffisances ; reconnaissons que nous avons péché contre Dieu et nos frères, humilions-nous sous Sa puissante main !
Si la Semaine Sainte pouvait nous amener à prendre conscience que nous sommes pauvres et nus malgré nos richesses !
Alors le sang du Christ pourrait nous purifier de tout péché. Alors nous prendrions la route du Jardin du Tombeau comme pour aller au baptême afin d'être ensevelis dans la mort du Christ pour renaître à une vie nouvelle.
Des semaines deviennent saintes, et il en faut, non parce qu'elles sont marquées sur un calendrier, mais parce que nous y expérimentons la grâce de Dieu qui renouvelle et qui fortifie ceux qui ont été profondément touchés par leur péché. Si d'aucuns ne sont pas convaincus, relisez les Épîtres de Pierre et de Jacques, elles ne sont pas trop longues et vous permettront peut-être de préparer un nouveau départ, une résurrection !