Micro-trottoir Foi et laïcité
Propos recueillis par Béatrice Sigrist
« Le sentiment religieux et sa pratique prennent trop facilement un aspect conquérant, en particulier chez les Evangéliques, ce qui est inadmissible. La place du religieux doit se limiter à la sphère privée. »
Julien, surveillant d’externat, Strasbourg
« Je pense que je vis bien ma foi dans une laïcité à la française, surtout que certains débats "laïcs" sur des sujets épineux (homosexualité & mariage par exemple) ont un espace, alors que l’Eglise en général est bien frileuse pour l’aborder… »
Yann, professeur, Paris
« Je vis ma foi de manière « discrète » mais constante. Je dois rester égal à moi-même et ne pas jouer un double jeu (que votre oui soit oui). Il me paraît important que mon comportement de tous les jours soit le reflet de ma foi. Il me sera plus facile de donner mon témoignage lors de dialogue entre collègue ou dans des circonstances particulières. Une pratique que je m’impose et qui est tout aussi importante que mon attitude est de prier pour mes collègues de travail. »
Daniel, fonctionnaire des impôts, Strasbourg
La laïcité selon
Jean-Paul Willaime
Les différents types de relations Eglises-Etat des pays d’Europe mettent en réalité en œuvre, mais de diverses façons, les trois principes essentiels de la laïcité : la double neutralité, la liberté de conviction et la non-discrimination. La double neutralité implique aussi bien la neutralité confessionnelle des pouvoirs publics que le renoncement au pouvoir politique des religions. La liberté de conviction implique la liberté de conscience, de pensée, de culte, la liberté d’avoir une religion ou de ne pas en avoir, d’en changer. Le principe de non-discrimination, c’est-à-dire l’égalité de traitement des personnes quelles que soient leurs convictions, la dissociation de leurs droits, en particulier de citoyens, et de leur appartenance à une quelconque religion.
Ils ont dit
« Veut-on interdire toute expression publique du fait reli- gieux ? Je récuse la privatisation de la religion au nom de la laïcité. Le protestantisme français défend l’idée d’une société ouverte et tolérante, où les religions prennent leur place de partenaires dans le respect des lois et l’élaboration de celles qui demain la régiront ».
■ Jean-Arnold de Clermont, président de la FPF
« La laïcité signifie qu’il n’y a pas de religion d’Etat ; elle ne
signifie pas un athéisme d’Etat ».
■ Cardinal Jean-Louis Tauran
« Jusqu’à très récemment, les catholiques de ma paroisse avaient un peu peur de témoigner de leurs convictions. Mais les discussions autour des signes religieux les ont vraiment motivés, tout comme la montée de l’islamisme militant ».
■ Père Dominique Chéreau
« La juste laïcité est la liberté de religion. L’état ne peut imposer une religion mais doit offrir un espace aux religions en rapport avec leur responsabilité envers la société, c’est-à- dire permettre aux religions d’être des facteurs constitutifs de la vie sociale ».
« La laïcité est une valeur acquise et reconnue par l’Eglise, mais qui est hélas, aujourd’hui vaincue par un laïcisme souvent intolérant et toujours plus anti-chrétien ».
■ Cardinal Martino
« Nous n’acceptons pas que la dimension sociale des reli- gions ne soit pas prise en compte, que l’appartenance reli- gieuse soit reléguée dans le seul domaine des convictions individuelles. Ayons le courage du témoignage. Dans cette prise de position, nous ne défendons pas simplement la pos- sibilité pour l’Eglise catholique de s’exprimer mais la liberté d’expression de tous dans une société vraiment démo- cratique ».
■ Mgr Ricard, président de la Conférence des évêques catholiques de France
« Nous assistons à l’apparition d’une intolérance qui confond la laïcité de l’Etat avec le laïcisme et qui non seulement s’attribue l’agnosticisme et le relativisme moral comme phi- losophie propre mais considère comme politiquement erro- née toute autre position ».
■ Cardinal Herranz
« Ceux qui entendent reléguer l’expression religieuse dans le strict domaine privé, ignorent ou nient la nature de la foi authentique. Il faut permettre aux croyants de disposer de leurs propres institutions caritatives ou humanitaires, mais aussi d’agir dans les domaines social et éducatif en préser- vant le caractère religieux de leurs actions sociales ».
■ Benoît XVI