LA FOI EN ACTION
S'arrêter pour réfléchir ensemble : une nécessité avant d'agir
Rencontre avec Michel Weyer, nouveau président de l'association Diaconat Béthesda
En matière de prise en charge des personnes âgées et du besoin d'accompagner des souffrants à tout âge de la vie, les associations d'origine chrétienne se doivent de réfléchir à leur vision spécifique et aux actes qui en découlent.
Un homme passionné et passionnant
« Dans le dialogue on ne peut que s'enrichir », s'exclame Michel Weyer, les yeux pétillants. Ce professeur de la faculté théologique à Reutlingen (Allemagne), retraité depuis juillet 2003, ne cesse de surprendre. Alors que ses engagements sont multiples et variés, c'est avec un calme d'où ne disparaît jamais un brin d'enthousiasme qu'il vous reçoit au cur du nouveau « Home Béthesda ». C'est ici qu'il habite désormais avec son épouse, au cur de la vie de ce lieu, pas caché ou isolé pour autant. Responsable de la formation « pastorale » au sein du Centre Méthodiste de Formation Théologique, il voyage beaucoup, de même pour honorer ses divers engagements en faveur du dialogue entre les églises protestantes et évangéliques ou interreligieux. Il enrichit aussi ceux qui l'entourent par ses écrits, achevés ou en construction.Devant une bonne tasse de café -qu'il aime « boire à la Suisse ! »- on saisit doucement combien les convictions de cet homme s'enracinent profondément dans son histoire personnelle. Né en Lorraine dans une famille d'origine catholique, il découvre la foi protestante au cours de séjours pour jeunes au centre de vacances « Landersen ». Ses études de théologie, à la fois dans le milieu évangélique, protestant et pour une petite part catholique, lui font affirmer l'importance d'une chrétienté aux facettes multiples, complémentaires. Aumônier militaire au cours de la guerre d'Algérie, puis en poste en Alsace au sein de l'église évangélique méthodiste, il développe le sens d'une diversité dans les accompagnements collectifs ou individuels, véhiculé enfin dans sa carrière d’enseignant.
La foi en action
« Unir cette paire trop souvent séparée que sont la raison et la piété vivante », une citation de Charles Wesley, deviendra petit à petit son leitmotiv. Pour lui, comme pour son ancêtre dans la foi, celle-ci doit s'incarner et ainsi devenir action. La présidence de l'Association Diaconat Béthesda qu'il assumera jusqu'en 2008, en découle de façon limpide : une foi en action, une action sociale vivante.
A travers le Diaconat Béthesda
L'association Diaconat Béthesda compte aujourd'hui plusieurs secteurs dont les maisons de retraite, véritables lieux de vie au cur des villes de Mulhouse, Strasbourg (Contades) et Munster. À Strasbourg, l'Unité de Soins de Longue Durée (USLD) est venue compléter l'offre en direction des personnes âgées atteintes d'affections nécessitant des soins réguliers.Depuis le départ des surs vers le « Home Bethesda » et leur nouveau projet d'accueil totalement indépendant de l'association, les locaux qu'elles ont libérés ont permis d'ouvrir un Foyer Résidence Service pour étudiants. Ainsi, la palette de l'offre a été étendue vers un autre public. De nouveaux projets sont en cours, encouragés par le nouveau président de l'oeuvre.
La politique de la maison
Dans une « Déclaration de politique générale » adressée aux membres de l'assemblée générale de l'association en novembre 2004, Michel Weyer présente sa conception de ce temps au service de l'uvre. Inscrivant cette dernière dans un contexte à la fois socio-économique mais aussi spirituel difficilement changeable, il souligne notamment l'importance de s'attaquer à divers dysfonctionnements dans la mesure où ils relèvent directement de la responsabilité de l'oeuvre elle-même. Devenir plus fidèle aux valeurs diaconales chrétiennes passe nécessairement par une recherche d'efficacité au niveau de la technicité tout en restant bien ancrée dans les valeurs d'une uvre chrétienne. Ces deux dimensions sont selon lui absolument indissociables.Les objectifs déclinés découlent directement de ce binôme.Si le contexte sanitaire et médico-social induit de nécessaires réflexions, l'inscription dans les valeurs de l'association d'un réel souci de l'efficacité passera par un véritable travail de groupe, une recherche de cohésion interne ; de plus, afin de réussir d'éventuels regroupements permettant une « démarche qualité », une réflexion conjointe des administrateurs et personnels salariés des établissements est souhaitée.Le deuxième axe développe le constat d'un besoin de clarification de la vision d'une association se voulant attentive aux changements et soucieuse d'améliorer ses services. Mise en place d'une cellule de « veille éthique » (planchant notamment sur le sujet de la maltraitance de la personne âgée en milieu hospitalier), réflexions sur un projet « associatif » ou sur les relations publiques à développer, pour une meilleure inscription dans la vie sociale des villes d'implantation. Le site Internet en construction devrait y contribuer.Afin de rebondir sur un vécu douloureux, le troisième axe développé est la « marche en avant », encouragée par les récentes offres développées. Un projet d'Établissement Hospitalier pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) a été initié à la demande de la Ville de Strasbourg. De même, face au départ annoncé du Groupe Hospitalier Saint Vincent qui gère actuellement l'ancienne clinique de l'association, un projet est à initier sur le site du Boulevard Jacques Preiss.Face à un repli sur soi qui lui serait néfaste, l'association, bien que convalescente, est encouragée par le quatrième axe « à développer un travail en réseau, s'inscrivant dans un dialogue constructif ».
Un credo, un défi pour notre temps
Enfin, afin de seconder les personnels salariés bien souvent débordés par leur travail au quotidien, le développement du bénévolat actif sous toutes ses formes est un axe primordial pour le nouvel élu. Réaliser la vision d'une uvre diaconale vivante, en relevant les défis de notre époque par un bénévolat chrétien et « citoyen », ce dernier permettant aux chrétiens de s'engager ensemble et non plus isolement.La tasse de café est vide, mais pas la têtePlus qu'une déclaration d'intention pour une quelconque uvre ou un catalogue d'utopies, ce qui précède est un véritable credo pour cet homme « de notre temps », humble et vivant.Une interrogation, un défi pour tout un chacun. Saurons nous le relever ?