Éradiquer la lèpre
Pasteur Pierre Geiser, secrétaire général de Mission Lèpre
Fin janvier a lieu la traditionnelle journée mondiale des malades de la lèpre (JML). La lèpre fait peur et stigmatise encore ceux qui en sont atteints. Les traitements efficaces existent mais toutes les populations touchées par ce fléau -souvent les plus démunies- ne sont pas encore soignées. La Mission Lèpre est en première ligne pour éradiquer cette maladie.
Mission Lèpre est une association reconnue d’utilité publique dont le conseil est constitué de personnes représentatives des différents courants protestants et évangéliques de France. Ses valeurs sont celles de l’Évangile et son modèle est Jésus qui s’est abaissé jusqu’aux plus pauvres et démunis (Ph 2.1 – 11). Le logo de la mission représente le geste de Jésus, s’abaissant pour relever un malheureux, en se mettant à son niveau. Tout au long de son ministère, Jésus n’a cessé de manifester une attention particulière envers les lépreux. Parmi les tout premiers miracles, il y a la purification d’un lépreux et, peu de temps après, lors du premier envoi en mission de ses disciples, il leur recommande expressément de purifier les lépreux (Mt. 10.8). Il prend l’un de ses derniers repas, la semaine de sa mort sur la croix, dans la maison d’un lépreux manifestement guéri : Simon le lépreux (Mt 26.6ss.)
L’objectif de Mission Lèpre et de l’organisation Internationale « The Leprosy Mission International »qu’elle représente en France est d’éradiquer les causes et les conséquences de la lèpre.
Le chemin vers l’éradication sera-t-il encore long ?
Depuis bientôt 30 ans, une thérapie efficace permet de guérir la lèpre. Le nombre de cas suivis a pu être divisé par 10, passant de 13 millions et demi de malades à 1 million trois cent mille environ. À ce rythme, on pourrait imaginer que dans peu d’années, l’éradication de ce mal ancestral puisse être obtenue. Un bout de chemin important a été parcouru dans le combat contre les conséquences. Malheureusement, il est probable qu’il faudra encore des dizaines d’années avant de pouvoir crier victoire, à condition de rester extrêmement combatif et vigilant.
Pourquoi ?
Le nombre de nouveaux cas de lèpre détectés dans le monde reste très élevé, aux environs de 250 000 par an (soit plus d’une personne toutes les deux minutes). De plus, ce chiffre dissimule une réalité plus grave, car une proportion trop importante de ces détections intervient tardivement, quand la lèpre a eu le temps de causer des marques et même des invalidités irréversibles.
Dans la plupart des pays dans lesquels la lèpre reste endémique, celle-ci suscite encore la peur de la malédiction des dieux et l’exclusion de la personne atteinte, avec la perte des liens familiaux et sociaux. D’où les retards désastreux dans la prise en compte de la maladie et dans la recherche des soins qui pourraient justement éviter l’exclusion et son cortège de malheurs.
La lèpre est une maladie qui touche essentiellement les personnes vivant dans les régions les plus pauvres du globe et les pays qui connaissent des guerres sans fin. Une alimentation et une hygiène correctes permettraient d’éviter la plupart des contaminations.
Le bacille de la lèpre a un développement très lent, ce qui complique considérablement le travail des chercheurs. Il est nécessaire d’y consacrer beaucoup de temps et d’argent, et la lèpre fait partie des pathologies négligées. Une lueur d’espoir existe cependant. Nous espérons qu’il sera possible d’effectuer les premiers essais cliniques d’un vaccin dans les prochains mois.
Mais même si nous pouvions, grâce à un vaccin efficace, donner un nouveau et sérieux coup de frein et faire reculer encore la contagion, nous ne serions pas au bout de nos peines. De très nombreuses personnes, aujourd’hui guéries de la lèpre souffrent de lourds handicaps. Leur sort n’est généralement pas plus enviable que celui des personnes dont la maladie est encore active. Elles ont besoin d’interventions de chirurgie réparatrice, d’appareillages et de formation spécialisée, afin de pouvoir retrouver une activité leur permettant de vivre dignement.
Comment surmonter les difficultés ?
Nous devrions pouvoir intensifier les actions sur le terrain. Malheureusement, avec la crise financière, les moyens de la mission sont en diminution. Nous avons été obligés de réduire certaines de nos activités et même d’arrêter certains programmes. Pour nos équipes sur le terrain, c’est un crève-cœur. C’est surtout un drame pour les personnes qui ne pourront pas, dans les mois prochains, recevoir le secours indispensable pour sortir de l’exclusion.
Plus que jamais, Mission lèpre a besoin du soutien spirituel et matériel des chrétiens des pays privilégiés auxquels nous appartenons.
C’est notre affaire
Nous ne comptons pas tant sur l’action des gouvernements que sur celle d’hommes et de femmes prêts à partager avec les pauvres. Cependant nous croyons juste et encourageons les actions du Défi Michée consistant à rappeler aux gouvernants leurs engagements tant dans le cadre des OMD que sur l’engagement des personnes résolues à s’engager et à donner pour changer le sort de ceux qui vivent dans le dénuement et dans une extrême pauvreté.
En tant que mission chrétienne, pionnière dans la lutte contre la lèpre depuis 1874, nous appelons les chrétiens et les Églises des différents courants protestants et évangéliques à nous rejoindre, tout particulièrement lors de la prochaine Journée Mondiale de la Lèpre. Ensemble, faisons en sorte que ce symbole de la malédiction que Jésus est venu abolir le soit bientôt pour l’humanité tout entière. Parce que Jésus en a donné l’ordre à ses disciples, nous vous en supplions, rejoignez-nous pour annoncer la Bonne Nouvelle et apporter la libération à ceux que la lèpre exclut encore.