“La chapelle de Muntzenheim a 125 ans - Bilan et perspectives” par le pasteur Robert Gillet
Après avoir donné la parole à quelques pasteurs ayant desservi la communauté de Muntzenheim comme à la doyenne, Mme Julie Nyffeler, centenaire, qui y a grandi, vient pour le pasteur Robert Gillet le moment de conclure ce week-end riche et bien occupé.
À travers le thème proposé et partiellement évoqué, nous avons voulu rendre hommage à notre Seigneur pour ces 125 années, sans compter les années qui ont précédé l’année de la construction, durant lesquelles il a construit son église, non pas celle de pierre mais celle de chair et de sang.
Tous n’ont pas pu prendre la parole pour témoigner de ces multiples traces où Dieu était là et où il a manifesté visiblement cette présence. Mais tous auraient pu apporter un témoignage personnel accentuant la grâce de Dieu, mettant en avant son amour infini pour nous, ou parlant de sa patience, de sa bonté, de sa miséricorde, de ses compassions. Et je pense qu’il était bon de mettre en avant non pas des hommes mais le Seigneur déroulant son plan rédempteur à la perfection dans la vie de tous et des uns et des autres en particulier.
Mais que faire après avoir évoqué ce passé ? Que sera demain, pour chacun et pour son église ? Comment allons-nous continuer notre route ? J’ai envie de répondre de la même manière que nos anciens qui ont vécu ces 125 dernières années.
Le vrai héros de la foi ne ressemble pas aux héros de nos films à sensation. Que ce soit Zorro pour mon époque, que ce soit Rambo ou Loïs et Clark, nouveau superman pour aujourd’hui. Le vrai héros de la foi est celui qui ressemble à tout le monde, qui ne paye pas de mine, qui ne fait rien de sensationnel, rien d’extraordinaire, rien de particulier. Il est à l’image du serviteur souffrant du livre d’Esaïe au chapitre 53 :
Il s’est élevé devant lui comme une faible plante, Comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée ; Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, Et son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, Semblable à celui dont on détourne le visage, Nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui aucun cas.
« © médiathèque protestante » - Tenture de carême réalisée par Sieger Köder. « Aux exclus, l’espérance ». Au centre, le corps souffrant du Christ.
Le héros de la foi est celui qui vit réellement, intensément et authentiquement sa foi dans sa vie la plus quotidienne possible. Il ne s’agit pas d’être chrétien le dimanche matin pour montrer le bon côté de soi-même. Il ne s’agit pas de faire… . Il s’agit d’ETRE. Être chrétien, fils du père, héritier de Dieu et cohéritier du fils. Et cela, tous les jours. Que ce soient des jours lumineux ou des jours sombres. Le chrétien est un héros de la foi, lorsqu’il traverse le temps et que sa foi ne tarit pas mais qu’elle dure et perdure, jour après jour, inlassablement, imperturbablement. C’est le premier vœu que je me permets de formuler pour notre église, pour chacun de nous qui sommes ici aujourd’hui. Vœu que je ne peux que transformer en prière d’intercession pour que Dieu puisse nous assister et nous conduire sur ce chemin de la sanctification.
Mais j’aimerais formuler un deuxième vœu, une deuxième vision pour notre église. Nous sommes dans un combat, celui que le Christ a mené à la croix, afin que des hommes et des femmes puissent découvrir le pardon de leur péché et vivre alors en pleine harmonie dans le Royaume de Dieu. Le mandat missionnaire de l’église est simple et il n’a en rien changé au fil des siècles :
Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez – les au nom du Père, du Fils et du Saint – Esprit, et enseignez – leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.
Une église qui ne réalise plus en son sein ce mandat missionnaire donné par Jésus avant son départ, est une église en réelle perte de vitesse… Et il est alors grand temps qu’elle se réveille de sa décadence spirituelle.
Dans 25 ans, il est fort possible que nos jeunes organisent la fête pour les 150 années de la construction de notre chapelle, si l’église est encore là et assez forte pour fêter un tel anniversaire ! Que vont-ils pouvoir dire à notre sujet et sur les 25 dernières années, celles qui sont devant nous aujourd’hui ? Quel sera le témoignage que nous allons rendre et laisser dernière nous ?
Ce n’est pas à moi seul de répondre à cette question. C’est à chacun d’y répondre et d’y répondre chaque jour de ces 25 prochaines années.
Alors, frères et sœurs, bonne route à chacun. Je suis heureux de commencer avec vous cette prochaine étape de 25 années pour quelques années encore… je l’espère… Je remercie les pasteurs qui m’ont précédé et qui ont conduit l’église à ce qu’elle est aujourd’hui, avec la grâce du Seigneur, bien sûr, mais en se donnant entièrement et totalement au service du Maître. Je lui demande la force de continuer à porter le même flambeau. Mais nous sommes tous ensemble à son service et l’église a besoin de tous et de chacun. Que sa grâce surabonde dans nos vies et que chacun soit trouvé « bon et fidèle serviteur » !