- Foi en espérance
Je suis en train de dîner à Maputo, Mozambique. D’autres convives sont encore debouts devant le buffet. Dans la file d’attente, on commence à applaudir. Nous qui sommes à table ne savons pas exactement pourquoi. Puis nous voyons deux personnes avancer lentement dans le couloir : lui, le plus célèbre, appuyé sur sa canne et son épouse, la méthodiste mozambicaine qui a été invitée à s’adresser au Conseil des évêques.
Elle parle de sa vie d’une manière impressionnante : elle a grandi en étant à demi-orpheline. Avant de mourir, son père fait promettre à ses frères et sœurs plus âgés de faire en sorte qu’elle puisse aller à l’école. Grâce aux écoles méthodistes et à des bourses, elle peut même étudier à l’université. Après l’indépendance du Mozambique, elle devient ministre de la santé. Les valeurs qu’elle a apprises à la maison fondent son action : construire sur la base de l’esprit communautaire, promouvoir les femmes, bâtir des écoles. Au cours des cinq premières années, on parvient à ramener le taux d’analphabétisme dans le pays de 80 % à 25 %, jusqu’à ce que la guerre civile détruise à nouveau beaucoup de choses. Aujourd’hui, elle s’engage avant tout en faveur des enfants, des jeunes filles et des femmes victimes du SIDA. Espérance africaine en action.
Puis lui aussi, marqué par son âge avancé, vient au micro. Il souligne l’importance qu’il attache à la construction de la paix et de la communauté et à la foi en Dieu. Quand un jour il frappera à la porte du ciel, dit cet homme connu dans le monde entier, l’ange devant la porte lui dira qu’il n’a encore jamais entendu son nom. Il dira à l’ange qu’il a conscience d’avoir commis beaucoup d’erreurs, mais aussi de ce que là-dedans, il a beaucoup d’amis, dont il espère qu’ils vont maintenant faire preuve de leur esprit communautaire. Il parle avec une grande modestie de sa vie, lui qui est devenu porteur d’espérance pour beaucoup.
La visite de Graça Machel et Nelson Mandela nous a profondément impressionnés, nous, les membres du Conseil des évêques et a apporté un témoignage vivant en faveur du thème de notre rencontre : espérance en action.
Patrick Streiff, évêque
Traduction : Frédy Schmid