La vie de notre Eglise : ByeongKoan Lee
Interview recueillie par JP Waechter
À la veille de sa consécration pastorale, nous avons demandé à ByeongKoan Lee le sens et la portée de ce moment solennel. Il n’a pas eu le temps de le voir venir, tellement il était pris par ses engagements, ses études d’abord, son ministère ensuite. La suite est éclairante.
L’ordination
ByeongKoan Lee (BL) : Pour moi en tout cas, ce culte d’ordination comporte deux dimensions :
- La dimension du témoignage public : c.-à-d. quand j’ai dit oui à l’appel de Dieu, je me sentais déjà quelque part déjà ordonné et consacré dans ma vie au Seigneur, au service de Dieu, mais cette consécration se fera maintenant devant tout le monde, devant l’ensemble de l’église, mes collègues et pasteurs qui sont devenus anciens avant moi ; devant ce peuple-là en tout cas, je dois rendre témoignage publiquement, officiellement, cela me fait un peu peur…
En route (ER) : Et crée de l’émotion !
BL Voilà, de l’émotion ! Ça m’entraîne dans cette émotion, même si apparemment je ne dois dire qu’une seule phrase, mais chaque mot, je pense, que je dois prononcer devant tout le monde, à mon avis a du poids.
ER Ton cœur va battre plus fort que d’habitude ?
BL : Certainement !
ER : C’est aussi de la part de l’Église la reconnaissance de ton ministère.
BL : C’est la deuxième chose que je voulais souligner : l’église aussi prononce la reconnaissance de mon ministère communautairement, fraternellement, officiellement. Ça me donne d’un côté de l’assurance, ça me rassure, d’un autre côté, en même temps quel engagement l’église me confie ! Je n’ai pas encore commencé à le vivre, mais je m’imagine à quel point cela va être important !
En même temps, l’ensemble de l’église, collègues et frères, est là pour me soutenir : je sens aussi ce soutien fort, fraternel à mon égard.
Son ministère
ER : Tu n’as pas attendu ce jour pour être actif dans l’église ; tes premières aventures pastorales s’avèrent prometteuses, en particulier avec la jeunesse, les enfants d’un côté, les jeunes de l’autre.
BL : Tu as tout à fait raison : ces trois ans de raison passées dans l’église de Fleurance m’ont donné des signes de confiance et de reconnaissance, un encouragement. Plus concrètement, récemment, nous avons vécu des moments forts avec la chorale d’enfants de nos trois églises (écoles du dimanche). Organiser la répétition la journée, le week-end et aussi vivre ensemble, ça me donne de la joie. Être pasteur, être accompagnateur auprès des enfants et des jeunes, c’est semer la bonne semence, et espérer une bonne récolte.
ER : Promesse d’avenir ?
BL : Non seulement d’avenir, mais déjà promesse pour le présent : les enfants me donnent deux dimensions simultanées, le travail au présent, — je vois le résultat, le fruit précoce au présent -, en même temps cela m’aide à me projeter dans l’avenir….
Au milieu des siens
ER : Dans le sens que tu vois des enfants répondre positivement, faire des progrès spirituels, oser témoigner dans leur milieu… Alors tu n’avances pas seul, tu es bien accompagné : ton épouse est de la partie, elle partage ton émotion ? Tu confirmes ! (sourires de BL)
BL : Je confirme tout à fait
ER : Ajoutons les trois enfants.
BL : On vient d’entendre le mot d’intégration.
ER : En fait, tu es un bon exemple d’intégration !
BL : Ma famille, ma femme et mes trois enfants, je les vois heureux, et aussi bien encouragés dans la communauté et par la communauté, également heureux dans leur vie quotidienne, (dans la ville de Fleurance, l’école,…) et en voyant ma femme Rachel, une présence fidèle, une attitude qui me parle toujours un langage que je comprends. Elle ne me le dit pas à chaque fois, mais la communauté lui montre aussi sa reconnaissance, c’est un encouragement et aussi en même temps un signe de la part de Dieu, comme quoi tu n’es pas seul, tu es dans ta famille, au milieu de ta famille et chaque membre de ta famille, « Moi, l’Éternel, je l’accompagne ».
Sa casquette de psychologue
ER : Il y a cet élément familial, il y a aussi ton parcours professionnel : avant d’être pasteur, tu étais psychologue de métier. Est-ce que cette double casquette joue dans l’exercice de ton ministère aujourd’hui ?
BL : Déjà au départ, moi-même, quand un de mes paroissiens a entendu parler de mes antécédents professionnels, aussi bien que je me souviens, je lui ai répondu que je ne venais pas en tant que psychologue, mais je venais en tant que pasteur. Mais par contre, je suis convaincu que mon expérience et ma formation précédentes m’aident certainement…
ER : Comme un outil…
BL : Mais j’espère que le discernement que le Saint Esprit me donne m’aide à ne pas confondre les niveaux, et sinon à bien harmoniser les deux dimensions ; j’espère éviter de trop vite mettre mes interlocuteurs dans une catégorie ou dans une case ; je ne veux pas confondre entre l’outil et l’objectif et le but que le Seigneur me donne quand je suis devant quelqu’un.
ER : Peux-tu préciser cet objectif qui te semble primordial ? Où veux-tu conduire ton interlocuteur ?
BL : c.-à-d. ce qui compte, c’est le développement intégral d’une personne dans sa relation avec Dieu et dans la relation avec l’autre. Si l’une des relations ne va pas, la seconde n’ira pas mieux. La dimension psychologique a son importance, mais la relation avec Dieu ne l’est pas moins et on ne peut pas séparer l’un de l’autre. Mon souci est de relier le développement intégral de la personne humaine dans les deux domaines de la relation avec Dieu et de la relation avec l’autre.
ER : Donc, pas de confusion dans les moyens, ceci dit, oui à l’harmonisation, mais sous la direction sage et libératrice de l’Esprit Saint, cela suppose beaucoup de sagesse ?
BL : Tout à fait, de la sagesse, de la patience et d’amour. Des fois, quelques fois, j’avais envie de dire : à ton problème, il y a telle ou telle cause… Mais je ne pense pas que c’était une bonne chose de le dire ; plutôt par la patience et la prière. Je cite beaucoup de personnes dans la prière, cela m’aide dans l’écoute de cette personne.
ER : Pour éviter des jugements rapides et immédiats.
BL : C’est une question d’accompagnement : comme l’Esprit Saint, le Paraclet, qui est à côté de moi, Il m’aide aussi à être à côté de quelques personnes dans la situation qui est la leur.
ER : Bon vent dans ton ministère à Fleurance, (Gers) le pays où il fait bon vivre!