LE MONDE EST MA PAROISSE
La Macédoine perd un homme de paix et de réconciliation
L'avion qui amenait Boris TRAJKOVSKI, président de la république de Macédoine, à la Conférence Internationale sur les investissements étrangers à Mostar en Bosnie s'est écrasé dans le sud du pays le 26 février 2004. Boris TRAJKOVSKI est mort.
Pour l'Église Évangélique Méthodiste, ce décès est doublement tragique. TRAJKOVSKI - lauréat du Prix Méthodiste Mondial de la Paix 2002 - a activement travaillé pour la paix et la stabilité politique non seulement de sa petite nation mais aussi de l'ensemble de la région des Balkans. Il a aussi essayé de renforcer les relations entre les divers groupes ethniques et religieux à l'aide de sa foi chrétienne.
Boris TRAJKOVSKI lors de sa visite à l'EEM de Strasbourg-Sion le 27 juin 2000
Il a fondé son combat politique sur la foi chrétienne. Loin de reléguer la foi dans la sphère privée, cet homme public a souvent fait état de l'importance de la foi dans la conduite des affaires publiques, donnant par là au monde entier une leçon de laïcité ouverte.
L'évêque Heinrich BOLLETER, en charge de la Conférence Centrale du Centre et du Sud de l'Europe, a rappelé lors du culte d'enterrement que Boris TARJKOVSKI (47 ans) laissait derrière lui sa femme et ses deux enfants. Après avoir rappelé les grandes dates de la vie de ce chrétien convaincu, il a déclaré : « Notre compassion et notre intercession vont particulièrement vers son épouse Vilma et ses enfants. Mais nous prions aussi pour l'Église Évangélique Méthodiste de Macédoine et pour tout le pays. Puisse Dieu permettre à d'autres de poursuivre l'oeuvre de paix et de réconciliation pour laquelle Boris TRAJKOVSKI s'était engagé ».
Hommage unanime à la personne du président TRAJKOVSKI
Le quotidien genevois «Le Temps» relève que «malgré les compétences institutionnelles limitées de sa charge, Boris TRAJKOVSKI s'était imposé comme un arbitre respecté et un facteur de modération, notamment durant la crise de 2001. Il s'était nettement distancié des va-t-en-guerre de son propre parti».
Dans les colonnes du Monde, Henri de BRESSON souligne le rôle exemplaire du président TRAJKOVSKI pour la réconciliation dans les Balkans, mais aussi pour leur rapprochement avec les autres Européens.
La Dépêche du Midi salue en Boris TRAJKOVSKI un homme politique tolérant, l'homme de dialogue qui a su éviter un bain de sang en 2001 entre ethnies rivales: «Cet homme politique prônait la tolérance ethnique dans un pays dont un quart des habitants sont albanais et qui a été, en 2001, le théâtre d'un conflit armé entre forces gouvernementales et rebelles albanais. Homme de dialogue, le président macédonien s'était efforcé d'éviter une fracture sociale durable en supervisant l'application des accords de paix signés entre partis macédoniens et albanais, qui devaient déboucher sur un rapprochement entre communautés macédonienne et albanaise».
Radio Vatican salue la mémoire du président TRAJKOVSKI, un méthodiste et même prédicateur méthodiste ayant étudié la théologie aux États-Unis. Selon ce média catholique, il avait fait oeuvre de paix en Macédoine et devait présenter la demande d'entrée de son pays dans l'Union européenne.
Le président de la Commission européenne, M. Romano PRODI, a parlé d'une « triste journée pour la Macédoine, qui perd un leader sage et équilibré dans cette région des Balkans et pour l'intégration de laquelle il avait fait tant d'efforts, mais aussi pour l'Europe, qui perd un soutien des valeurs de la tolérance sur laquelle l'Union est fondée».
Le président TRAJKOVSKI était convaincu, souligne de son côté au micro de Radio Vatican Federico EICHBERG, expert du monde balkanique, de «l'importance du dialogue interreligieux». «Il était méthodiste. Et c'est peut-être pour cela qu'il était porté à rechercher le dialogue, lui qui venait d'une confession chrétienne minoritaire, avec la confession dominante en Macédoine, c'est-à-dire orthodoxe, mais aussi avec la confession catholique, avec l'islam, professé par quelques dizaines de milliers d'Albanais». Il rend aussi hommage à la façon dont il a voulu que son pays accueille les réfugiés du Kosovo qui fuyaient la guerre.
Le pape Jean-Paul II en personne salue en Boris TRAJKOVSKI un homme de paix.
Le premier ministre irlandais Bertie AHERN, à la tête de la présidence tournante de l'Union Européenne, a rendu hommage à Boris TRAJKOVSKI qui a «largement contribué à la réconciliation en Macédoine». «Ce jour aurait dû être un jour de réjouissance pour lui», a-t-il déploré, évoquant le soutien ferme du président à l'ambition européenne de son pays.
Regrettant la disparition d'un «grand homme», ami de l'Europe, le haut-représentant de l'Union Européenne pour la politique extérieure, Javier SOLANA, a rendu un vibrant hommage à «l'homme de passion, à l'homme qui a fait avancer son pays, non seulement par les réformes mais aussi pour le rapprocher le plus possible de l'Europe ». «J'étais son ami, j'étais avec lui dans des moments très difficiles», a déclaré l'ancien secrétaire général de l'OTAN. «Ce sera très dur pour le peuple macédonien de combler ce vide ».
Pour sa part, le président croate Stipe MESIC, en visite à Bruxelles, a déploré la mort de son homologue macédonien et estimé que son décès allait avoir des « conséquences politiques » pour l'ensemble des Balkans. «Je devais rencontrer Boris à la Conférence sur les investissements, en Bosnie. Ensemble avec lui et d'autres présidents de la région nous avions oeuvré pour la réconciliation et la stabilisation dans le sud-est de l'Europe», a déclaré MESIC.
«Souvenez-vous de vos anciens responsables qui vous ont annoncé la Parole de Dieu. Regardez comment ils ont fini leur vie et imitez leur foi». Hébreux 13.7
NDLR : Nous avions rendu compte dans le numéro de septembre 2000 du « Messager Chrétien» de la visite de Boris TRAJKOVSKI à l'EEM de Strasbourg-Sion le 27 juin 2000.
Jean-Philippe WAECHTER