par le pasteur René Lamey
C’est dans l’air du temps, on pense à la sauvegarde de la création, ces jours-ci et pour longtemps. Même si Jésus n’est pas venu pour opérer un sauvetage de la créature mais le salut de ses créatures, son intervention salutaire entraîne chez ses disciples un réflexe vital : participer à la défense de l’environnement aujourd’hui en péril. À partir de l’histoire de Noé, le pasteur René Lamey nous incite à nous mettre au « vert » à travers sa prédication (fête de reconnaissance à l'EEM Strasbourg 2007).
Colère et tristesse devant le gâchis
Dieu est en colère. Dieu est triste. Ce qu’il voit le peine profondément.
L’homme est violent. L’homme fait du mal. À lui-même, aux autres, et en particulier à la nature. L’homme ne pense qu’à lui, à son confort, à son ventre, à son porte-monnaie, à sa propre satisfaction, à son propre intérêt – et tout cela n’est pas très propre !
Il pense que tout est là pour lui, il croit qu’il peut profiter sans limites des ressources que la nature lui offre gratuitement. Pour assouvir ses besoins – surtout ses besoins superflus – l’homme construit des usines, il défigure le paysage, il noircit la terre, il enfume le ciel ; il ne prend pas garde aux conséquences de son désir d’avoir toujours plus, au détriment des autres, au détriment de la santé de ceux qui travaillent dans des enfers pollués, au détriment des fleurs, des animaux, et de tant d’espèces qui sont menacées par la voracité de l’homme.
« L’Éternel vit que les hommes faisaient de plus en plus de mal sur la terre » - aujourd’hui, on pourrait dire : à la terre, donc à lui-même.
Sauver la vie
Face à ce gâchis, Dieu décide de supprimer les hommes et les animaux : on passe tout au karcher et on recommence à zéro. Ailleurs, autrement, sur d’autres bases.
Mais pas seul : Dieu appelle Noé. Il doit construire un grand bateau, Il doit y mettre un couple de chaque espèce animale.
En un mot : la mission de Noé est simple : il doit sauver le monde ; Noé est le Bruce Willis des temps antiques ! Plus clairement, la mission de Noé est de sauver la vie. La sauver de la destruction à venir. La sauver pour qu’elle puisse reprendre, continuer, s’épanouir, pour qu’on puisse encore admirer une rose, observer un chevreuil, la sauver pour qu’on puisse tout simplement… vivre.
Le déluge s’abat sur la terre, Noé rentre dans l’arche. Quelque temps plus tard, la porte du bateau s’ouvre sur la terre sèche : la vie peut reprendre son cours. Et l’histoire se termine avec un bel arc-en-ciel, qui est le signe que Dieu ne détruira jamais plus la terre.
La destruction est en marche
Il n’a d’ailleurs nul besoin de le faire, car c’est l’homme lui-même qui se chargera du sale boulot ! L’humanité est sur une mauvaise pente. La vie est de nouveau menacée. Et cette fois-ci, elle l’est non pas par un décret de Dieu, comme dans l’histoire de Noé, mais par la bêtise et par la folie des hommes. Ces hommes qui nepas voir, qui ne veulent pas entendre, et qui disent : « Après moi, le déluge ! ». Erreur : si rien ne change, le déluge qu’ils provoqueront eux-mêmes les entraînera à leur perte !
Alors, que faire ? Se lamenter ? Se désintéresser ? Ou bien : en méditant ce récit, je me suis demandé si Dieu, par hasard, ne nous appellerait pas à devenir des… « nouveaux Noé » ?
Et si notre mission – dans le cadre de notre thème d’aujourd’hui – consistait à sauver la vie ?
À nous de réagir
Sauver la vie ; pourquoi ?
- Parce qu’elle est création de Dieu, et de ce fait, elle est à honorer, à respecter ;
- Parce que, selon le récit de la Création, c’est la tâche assignée à l’homme : Tu seras gérant de la terre, lui dit Dieu. Tu cultiveras le jardin, tu le garderas. C’est-à-dire : « Tu en prendras soin, tu veilleras sur lui, tu t’occuperas de lui ; tu ne le laisseras pas à l’abandon, tu ne l’exploiteras pas, tu le garderas en bon état, tu protégeras la vie, tu soigneras la vie ; le gérant doit faire prospérer ce qu’on lui confie, et quand sa tâche s’arrête, il doit rendre la « maison » dans l’état dans lequel il l’a trouvée en entrant. On pourrait se demander : dans quel état l’homme va-t-il rendre à Dieu le bien qu’il lui a confié, la terre qu’il lui a donnée ? Je pense que vous serez d’accord avec moi pour dire qu’il n’y a pas de quoi être fier : nous rendons à Dieu une maison salement amochée…
- Parce qu’on est dépendant de la vie ; l’écosystème dans lequel nous vivons est un équilibre très fragile ; en détruire une partie entraîne la destruction de l’autre ; une espèce de fleurs, une sorte d’insectes qui disparaît et c’est une part de l’homme qui s’éteint. On le sait, mais on continue à vivre comme si nous étions totalement indépendants de la nature. Un jour, nous payerons chèrement notre orgueil.
- Parce que c’est la seule vie que nous avons, c’est la seule terre que nous possédons ; il y a peut-être de la vie sur d’autres planètes, mais celles-ci ne sont pas accessibles en tram ou en bus… Il y a bien sûr les promesses bibliques de « nouveaux cieux et de nouvelle terre » ; encore faut-il bien interpréter ces textes, et même si on les comprend correctement, ces promesses ne doivent pas devenir des « oreillers de paresse » ; Jésus nous demande d’être des intendants actifs dans cette vie-là (cf. paraboles de la fin des temps) et Pierre nous dit, dans les lettres où la nouvelle terre est évoquée : Puisque cela arrivera, quelle vie sainte vous devez mener (2Pi 3.11) et C’est pourquoi, dans cette attente, faites tous vos efforts pour que Dieu vous trouve purs et irréprochables (2Pi 3.14).
- Parce que Dieu aime la vie. Dans le récit de la création, par 7 fois, résonne ce refrain : Et Dieu vit que cela était bon. Comme un artisan souriant devant son œuvre, Dieu se réjouit en contemplant les fleurs, les animaux, les poissons, les astres, l’homme et la femme. Quand on aime vraiment quelque chose ou quelqu’un, on ferait tout pour les sauver du danger qui les menacerait un jour. Sauver la vie parce qu’on l’aime, parce qu’elle en vaut la peine. Parce qu’en la sauvant, nous nous sauverons nous-mêmes…
Sauver la vie
Aujourd’hui, Dieu nous invite à devenir des nouveaux Noé, il nous appelle à sauver la vie. Si nous ne faisons rien, le déluge sera pour bientôt !
Droit de citer
Dieu est-il vert ? Ecologie et foi chrétienne, Frédéric Baudin, Excelsis, 2007, 5.00 €
ISBN : 2855091099
L'écologie est à la mode mais ce n'est pas une raison suffisante pour en parler. Les chrétiens auraient dû être parmi les premiers à s'exprimer sur l'état du "jardin" que Dieu a confié aux hommes.
Malheureusement, ils sont souvent restés muets pour faire comme tout le monde. Au mieux, ils ont oublié que la Bible donnait un point de vue sur cette question, au pire, ils se sont servis d'elle pour justifier leurs pratiques...
Il est sans doute encore temps de réagir. Quelle est notre responsabilité dans ce processus et où puiserons-nous la volonté de changer nos modes de vie afin d'épargner notre planète ?
Je ne vais pas vous faire une liste de ce que vous pouvez faire pour sauver la vie, il y a de nombreuses brochures, de nombreux livres, magazines et sites Internet qui vous décrivent les gestes de « premier secours », tous ces gestes et comportement liés à l’utilisation que nous faisons de l’énergie, l’eau, l’air, etc.…
J’aimerais simplement vous proposer une action particulière en tant qu’église, et qui pourra être remarquée : une fois par trimestre (il faut commencer doucement), nous pourrions venir au culte à pied, en vélo, en roller, en trottinette, en tram, en bus, bref, en utilisant le moins possible les voitures (pour ceux qui le peuvent, bien entendu), quitte à adapter l’heure du culte pour ceux qui mettraient leur voiture sur un des parkings Relais tram…
Conclusion
Nous avons placé cette Fête de Reconnaissance sous le signe du « Temps pour la Création », de la Sauvegarde de la Création. Être reconnaissant, ce n’est pas seulement dire merci, mais c’est aussi agir pour que, demain, dans 20 ans, d’autres puissent dirent merci ! Amen !
Illustrations tirées du livre “Ton bonheur, c’est quelqu’un”, Floris, Edition des Béatitudes