Sensibilité sans sensiblerie
par JP Waechter
A l’heure où nous bouclons ce numéro survient le crash du vol d’Air France AF447. Familles et proches déplorent la disparition des passagers de ce vol et le pays dans son entier s’émeut de cette tragédie humaine.
Il est dans la nature des disciples du Christ de porter un intérêt profond à tout être en souffrance. C’est une histoire de compassion et de sensibilité : sous l’emprise du Saint Esprit, tout cœur de pierre se métamorphose en cœur de chair capable de partager les pleurs devant le bonheur perdu et de respecter les fleurs. Le pasteur Robert Seitz commente en ces termes les Béatitudes.
Tandis que le climat social se détériore et que des syndicalistes se laissent gagner par la violence sociale (le saccage de leur outil de travail, par ex.), le pasteur Luc Olekhnovitch en appelle au nom de la même vérité évangélique à l’amitié sociale. Le discours de contestation est peut-être nécessaire, mais ne suffit pas. L’amour et la solidarité sur le terrain s’imposent comme une nécessité.
Les frères cambodgiens de Paris et de Strasbourg l’ont démontré amplement : survivants du génocide perpétré par les Khmers rouges, ils ont commencé par découvrir les ressources de la grâce divine et la face du Christ, 30 ans en arrière. Ils ont eu ensuite à cœur de partager leur découverte à leurs contemporains et enfin de travailler à la reconstruction de leur pays une fois banni le régime honni de Pol Pot. Leur sensibilité à l’Évangile a accentué leur sensibilité à la détresse de leurs frères et les a motivés pour un engagement responsable. À ce jour, une église vivante est en place au Cambodge et la solidarité entre les uns et les autres est active grâce à Connexio.
Puissions-nous faire jouer les cordes de notre émotion, la miséricorde, chaque fois que nous côtoyons un être en souffrance, au-delà des mots, par des actes concrets significatifs au nom de cette compassion divine manifestée en Jésus-Christ. Non-violence, humilité et compassion sont les repères d’une vie de disciple.
Par la grâce de Jésus-Christ, puissions-nous vivre chaque jour cette exigence discrète et efficace, cet amour sensible sans sensiblerie au cœur de ce monde unique et si souvent inique. Dieu est présent à nos côtés, Dieu est présent en nous, ici et maintenant. Tout de suite, dès lors que nous acceptons d’être pauvres de cœur, doux et proches de ceux qui pleurent.
Malgré la dureté des temps, parions sur la douceur, malgré les larmes, parions sur la consolation au nom du grand Consolateur !
« Bonheur à toi que l’Esprit rend pauvre : le Royaume, c’est pour toi !
Bonheur à toi que désarme l’amour : la terre de Dieu, c’est ton héritage !
Bonheur à toi qui pleures : chacune de tes larmes sera essuyée !
Bonheur à toi dont le cœur s’ouvre à toute détresse : en ta tristesse, s’ouvre le cœur de Dieu ! »*
Daniel-Ange, in : Prier, n° 46, novembre 1982
LIBRE À VOUS DE TÉLÉCHARGER CE NUMÉRO DANS SA VERSION PDF (7,1 Mo)