« Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix ! » (2)
Après nous avoir rapporté les événements majeurs de cette Assemblée générale du COE à Busan du 30 octobre au 8 novembre 2013, la pasteure Roswitha Golder évoque maintenant une étude biblique contextuelle sur le caractère composite de l’Église de Jésus-Christ dès l’origine…
Roswitha Golder, pasteure
Avec les francophones
Avec Célestin Kiki, le Secrétaire général de la CEVAA, nous avons animé l’heure de l’étude biblique quotidienne. Ces études sur le texte lu durant la prière du matin introduisaient le thème du jour et permettaient un riche échange entre participant-e-s. À ma grande surprise, notre groupe francophone ne réunissait pas seulement des personnes de langue maternelle française, mais a aussi attiré des gens qui avaient envie de pratiquer la langue, ce qui a donné un « mix » très intéressant de provenance géographique et confessionnelle.
Contenu étonnant
En préparant cette partie de mon engagement à Busan, j’ai été amenée à étudier chacun des textes et les commentaires proposés par des biblistes de différents continents et confessions avec divers groupes de mon entourage. J’ai utilisé ce matériel pour des prédications en paroisse et pour des méditations au Foyer Bethel de personnes âgées. J’ai eu des échos très positifs à chaque fois. Je vous recommande vivement d’utiliser ces études contextuelles ! Elles sont accessibles sur le site internet du COE et proposent souvent un regard nouveau, étonnant pour moi.
Composition bigarrée de l’Église
Ainsi, par exemple, le groupe a beaucoup hésité à considérer Actes 2.1-13 du point de vue de l’unité. L’auteur de cette étude, Hyunju Bae, professeure de Nouveau Testament à l’Université presbytérienne de Busan, attire notre attention sur la composition bigarrée du groupe des disciples réunis à Pentecôte : Des collecteurs d’impôts, des prostituées, avec leurs porte-parole ressortissants de Galilée invitant les habitants de Jérusalem, les dirigeants juifs et les pèlerins arrivés des quatre coins du monde à les écouter et à les prendre au sérieux. Ce fut comme si aujourd’hui des analphabètes, des « sans papiers » et des requérant-e-s d’asile venaient annoncer la Bonne Nouvelle aux Églises membres du COE !
Interpellations multiples
Et c’est ce qui est arrivé maintes fois durant toute la durée de l’Assemblée : nous avons entendu la voix d’une Iranienne témoignant des effets catastrophiques causés par les sanctions sur la population de son pays, les membres de sa famille et de son Église arménienne. Nous avons rencontré un sourd-muet faisant partie du réseau EDAN des personnes vivant avec un handicap. Leymah Gbowee, prix Nobel de Paix de Liberia nous a raconté l’histoire triste de son pays à la base de la guerre dont il a beaucoup de peine à se remettre.
Une tente à élargir ?
EDAN a organisé deux jours de Pré Conférence et les membres de ce réseau ont été très présents dans beaucoup d’ateliers et Conversations œcuméniques. Le thème de l’AG nous a amenés à réfléchir et à discuter ensemble de cette unité juste et inclusive qui nous est proposée en particulier dans le livre des Actes. Est-ce que nous arrivons à élargir l’espace de notre tente pour y faire de la place aussi à l’eunuque baptisé par Philippe ?
Le ministère féminin
Comme membre de l’Association internationale des femmes ministres dans leurs Églises, j’ai collaboré à l’espace intitulé « Dieu appelle des femmes au ministère ». Lors de la dernière Assemblée du COE à Porto Alegre, notre association a offert un atelier sur l’ordination des femmes. Cette fois-ci, on ne nous a pas autorisés à mettre le thème sur l’agenda officiel de l’AG, mais j’étais très contente de voir que ce fut un des sujets les plus abordés à la Pré Assemblée des femmes. Il pose question aux Églises, il est controversé. Les innombrables conversations que nous avons eues avec des femmes qui venaient pour leur photo nous ont marquées. Tant d’histoires de cheminements fidèles dans la foi, tant de formes différentes d’exercer un ministère dans beaucoup d’églises partout dans le monde ! Nous avons été encouragées dans notre lutte pour une meilleure reconnaissance du ministère des femmes. Ces rencontres nous ont montré le bien-fondé de notre engagement pour la cause. En particulier, les échanges avec les théologiennes coréennes nous ont marqués : Leur association KAWT (Association des théologiennes coréennes) a récemment reçu le Prix Sylvia Michel des Présidentes d’Églises protestantes suisses. Deux d’entre elles sont professeures de théologie à Seoul et à Busan. Elles nous avaient demandé de prier pour leur position dans l’Église et la société coréenne, très hiérarchisée et machiste. Or, jusqu’à la prochaine AG du COE, la Corée sera représentée par une Présidente et une autre femme membre du Comité central. Il s’agit d’une réponse très positive à notre prière et donnera un signe fort aux Églises coréennes.
Place du migrant
En tant que membre du réseau global œcuménique de la migration, j’ai assisté à une journée de formation et d’échange offerte par l’Église unie du Canada le jour avant l’ouverture de l’Assemblée. Le paysage ecclésial est en pleine mutation partout dans le monde : à côté et à l’intérieur des Églises locales, il y a des communautés chrétiennes issues de la migration. Heureuse l’Église qui arrive à faire une place aux nouveaux arrivés et qui profite ainsi de ces forces jeunes et enthousiastes ! Une telle mutation demande beaucoup de doigté et une attention particulière aux besoins des différents partenaires. Nous avons été encouragés par des témoignages de réussite.