Retour sur le N° 106 « Les Évangéliques à la barre ? »
Par Daniel Husser
M. Daniel Husser partage quelques réflexions à propos de l’article de Daniel Goldschmidt et des recensions des ouvrages : « Que ton règne vienne — Des Évangéliques tentés par le pouvoir absolu » de Philippe Gonzalès (Labor et Fides – Genève 2014), et « Soldats de Jésus – Les Évangéliques à la conquête de la France » de Linda Caille – (Fayard 2013).
La mission essentielle des chrétiens évangéliques est certes l’annonce de la Bonne Nouvelle et la prière pour que, par des conversions, des cœurs puissent être changés, en vue d’une vie vécue dans la fidélité aux enseignements de la Parole de Dieu.
Leur mission implique également la contribution à la « recherche du bien-être de la ville… », comme le dit Jérémie (29.7) : « Recherchez le bien-être de la ville où je vous ai exilés et intercédez auprès de l’Éternel en sa faveur, parce que votre propre bien-être est lié au sien. »
La mission concerne donc tous les domaines de la vie quotidienne des individus, des familles et des citoyens, dans la société.
L’absence ou la faiblesse de cette recherche a souvent valu aux chrétiens évangéliques le reproche de rester entre les murs de leurs églises et de se contenter de « bichonner leur foi », comme cela m’a été dit un jour.
À présent, et les articles cités le montrent, on reproche, à l’inverse, aux évangéliques, de vouloir « influencer » ceux qui ont à voter les lois, et même de vouloir « prendre le pouvoir » !
Dans le même ordre de suspicions, on accuse de plus les Évangéliques de collusion avec des partis politiques de droite ou d’extrême droite.
Existe-t-il vraiment une église évangélique dont le but suprême serait de prendre le pouvoir en France et d’imposer à tous les citoyens, croyants ou non, une sorte de « charia évangélique » ?
Face à ces suspicions et accusations contradictoires, que faire ?
Enfouir la tête dans le sable et se lamenter sur la perversité de ceux qui votent des lois iniques ?
Ou bien, faire entendre aux électeurs, aux maires, aux députés, aux ministres et même au Président de la République, la voix de l’Évangile de Jésus-Christ, telle que nous le comprenons ? Dans ce cas, des conférences et manifestations publiques, des dialogues, pétitions et démarches auprès des responsables politiques sont l’aspect concret de l’exécution de cette mission. Il comprend bien sûr aussi la prière pour les autorités.
Tant pis si un parti politique, de quelque bord qu’il soit, milite, occasionnellement sur une même question. Il appartient simplement aux chrétiens de veiller à garder leur liberté et de ne pas se laisser inféoder à tel ou tel parti.
N’avons-nous rien à dire sur les problèmes d’éthique, d’éducation et de vie sociale et familiale ? Se taire et laisser occuper le terrain des débats publics par toutes sortes d’autres voix qui ne font aucun cas des enseignements de la Parole de Dieu, n’est, à mon avis, certainement pas la meilleure voie pour contribuer au bien-être de nos concitoyens et pour accomplir, dans notre village, ville ou pays, la mission que le Seigneur nous confie.