Éditorial

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Des limites à l’imitation !

Jean-Philippe Waechter


Le Sauveur qui nous est donné à Noël privilégie la vie sur la mort et l’amour sur la haine et réhabilite la vie à son début comme à sa fin.

Dans notre révolte initiale, nous avions repoussé les limites posées par Dieu et nous étions permis toutes les aventures. « Nous sommes sans limites  » (Paul Eluard). Il en est résulté une culture de mort : le salaire du péché, c’est la mort ; l’avortement et l’euthanasie constituent une tentation majeure pour l’humanité.

En venant dans le monde, le Christ nous fait retrouver la mesure, l’humilité et le respect de l’autre, qu’il s’agisse de l’enfant à naître ou du vieillard avancé en âge. Tout être vulnérable a sa préférence et fait l’objet d’une attention particulière de sa part : Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits, car je vous le dis, leurs anges voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux (Mt 18,10).

Pour ce faire, Jésus a accepté de «s’autolimiter». C’est la kénose* dont parle Philippiens 2 : Tout ce qu'il avait, il l'a laissé. Il s'est fait serviteur, il est devenu comme les hommes, et tous voyaient que c'était bien un homme. Il s'est fait plus petit encore : il a obéi jusqu'à la mort, et il est mort sur une croix ! 

Face à l’homme qui transgresse les limites, Jésus a fait le choix de se limiter jusqu’à endosser la vie humaine de la crèche à Golgotha par obéissance au Père et par amour pour nous.

Son incarnation a suscité une violente opposition contre sa personne ; il n’était pas encore né que déjà le roi Hérode a voulu attenter à sa vie, le jugeant comme un concurrent fâcheux à éliminer d’office. Ses conditions de vie se sont avérées d’emblée précaires : Joseph et Marie n’avaient pas trouvé de toit décent la nuit de sa naissance. Malgré ces embûches de poids et de taille, le petit enfant deviendra grand et fera reposer sur ses épaules l’autorité suprême.

Quel encouragement pour nous qui sommes invités à la fois à reconnaître nos limites humaines et à l’imiter dans la défense de la vie précaire, à son commencement, à sa fin.

Cette pensée nous étreint à l’heure où s’annonce à l’échelle du pays un débat sur la fin de vie, mais aussi à la lecture de la lettre de Connexio nous rendant attentifs aux besoins criants de l’Afrique.

  • Du grec qui signifie se vider. «Dieu s'anéantit (εκένωσεν) lui-même» : Par amour, Dieu se dépouille de ses autres attributs divins...

Geertgen tot Sint Jans (Leyde ?, c.1455/65-Haarlem, c.1485/95), La Nativité, c.1490 ? Huile sur panneau de chêne, Londres, National Gallery.

Limiterons-nous... ?

L’imiterons-nous ?

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