" Retour sur la laïcité » par René Blanc
Dans un numéro précédent, nous avons abordé la question de la laïcité et de la loi 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. Un de nos fidèles lecteurs nous envoie sa propre contribution. Nous la diffusons volontiers. N’hésitez pas de votre côté non plus à réagir aux articles de fond du journal. En route est votre journal. Poursuivons ensemble le débat.
Une question se pose : La République Française doit-elle s’adapter au catholicisme, au judaïsme, au protestantisme, à l’islam ou aux autres religions orientales ou bien, les pratiquants de ces religions doivent-ils accepter les lois du pays où ils habitent ?
La loi de la séparation de l’Église et de l’État est un pilier utile et nécessaire pour la vie de notre démocratie et République Française.
Il est souhaitable que la commémoration du centenaire de cette loi, en 2005, permette aux Français et aux étrangers qui résident en France, de mesurer la valeur et les bienfaits d’une telle loi. Par elle, les rôles du politique et du religieux sont bien définis. Ainsi sont évités des querelles et des compromis néfastes à notre société républicaine et laïque.
Avec la loi actuelle, toutes les religions sont égales devant le pouvoir politique. L’une ou l’autre ne peut pas utiliser des politiques (députés etc...) afin d’avoir une influence particulière. N’évitons-nous pas des guerres de religion ?
La devise de la République Française est : Liberté, Égalité, Fraternité. On peut dire : Liberté de conscience, Égalité de droits et de devoirs, Fraternité = respect mutuel.
Persécutés par leur attachement à l’État qui leur fait voir d’un bon œil la montée sur le trône d’Henri de Navarre, (futur Henri IV) seul capable de réconcilier les partis et de tenir tête aux factions, ces anti-ligueurs veulent construire une monarchie qui ne soit plus à la merci de la religion. Certains vont-ils jusqu’à concevoir un État laïque, neutre « libertin » ? « L’État et la religion n’ont rien de commun » écrit l’auteur du Discours de la vraie et légitime Constitution de l’État » et Pasquier soutenait la thèse de la coexistence des Églises dans un pamphlet anonyme intitulé : « L’Exhortation aux Princes et Seigneurs du Conseil privé du roi » : « pour pacifier tous ses troubles », disait-il, « il n’y a pas de moyen plus prompt et expéditif que de permettre en votre République deux Églises, l’une des Romains, et l’autre des Protestants ». «Les guerres de religion » de Pierre Miquel. Tome II — p. 132)
Dans la séance du 3 ventôse an III (21 février 1795), Boissy d’Anglas fait à la Convention un long rapport pour justifier le nouveau régime des cultes,.... Boissy-d’Anglas se refuse à examiner s’il faut une religion ou non : « Voulez-vous détruire le fanatisme et la superstition, offrez à l’homme des lumières, voulez-vous le disposer à recevoir des lumières, sachez le rendre heureux et libre ». Sa proposition est adoptée : c’est un régime de Séparation de l’Eglise et de l’État qui autorise le culte privé. (Religion et politique. Le Gard dans la Révolution. 1789/1799. p 66)
Sur une gravure à l’eau-forte coloriée, le premier consul, montre le symbole de l’Être suprême aux ministres des différents cultes et leur adresse cette exhortation : « un Gouvernement sage protège toutes les Religions. Vous êtes tous frères, aimez le Gouvernement sous lequel vous vivez ». («Religion et politique — Le Gard dans la Révolution » 1789-1799. p. 72).