Bienséance et bienveillance - JP Waechter
Notre évêque Heinrich Bolleter oppose la culture du respect réciproque au choc des civilisations accentué par la récente querelle des caricatures. Au cours de son ministère épiscopal, il l'a mise en œuvre par-delà les frontières et limites de son diocèse et au-delà du rideau de fer au temps du communisme triomphant, ce qui lui a valu le 9 mars dernier une décoration émérite de la part des autorités autrichiennes. Elles lui savent gré d’avoir servi de passerelle entre l’Est et l’Ouest.L’amour véritable se méfie en effet de tout jugement à l’emporte-pièce et apprend l’accueil de la différence comme le dépassement des divergences, explique avec sagesse le pasteur Robert Gillet. Les jeunes du GTJ en font un sujet de réflexion, de même que les participants à la 5e consultation de notre église à Vienne dans leur effort d’actualisation des Principes Sociaux de notre Eglise. C’est un appel à ne pas se payer de mots seulement mais à savoir passer à l’action pour combattre les maux de l’intolérance.
Un propos de trop et la communauté est dans l’effervescence. Apprenons à être des pacificateurs, agents de relation et facteurs de réconciliation au nom du Christ. Donnons-en l’exemple à l’heure où l’intolérance pointe son nez en Afghanistan et en Algérie. L’Afghan Abdul Rahman, 41 ans, encourt la peine capitale ou l’hôpital psychiatrique à vie, ce qui n’est guère mieux, parce qu’il est passé de l’islam au christianisme. L’intolérance s’affiche aussi en Algérie avec la promulgation d’une nouvelle loi restreignant de facto l’exercice de la religion : toute tentative de « convertir un musulman à une autre religion » se soldera par des peines de prison. Toute personne qui « fabrique, entrepose, ou distribue des documents […] qui visent à ébranler la foi musulmane » sera passible de sanctions. Un appareil répressif se met en place. Ce n’est là qu’un petit échantillonnage des persécutions affligeant les chrétiens à travers le monde1. À l’invective nous préférerons la prière pour les bourreaux et les autorités liberticides, chemin royal tracé par notre Sauveur et combat repris par l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT)2. La prière du juste ne reste jamais sans suite, car le Rédempteur est vivant. « Fais de ton Église une communauté vivant plus réellement de l’amour et de l’espérance dont elle doit rendre compte ».
1. Persécutions antichrétiennes dans le monde, Thomas Grimaux, 2006 Aide à l’Église en Détresse, 15 €
2. La force de la prière pour espérer, célébrer, agir, 2006 ACAT, 9 €
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