“Le rêve est en marche ?” par Marc Opitz, psychiâtre et membre de l’église évangélique libre de Paris-Alésia
La chronique est publiée simultanément par quatre mensuels (Christ Seul, ENroute, Horizons Évangéliques et Pour la Vérité). Marc Opitz revient sur les espoirs suscités par Barak Obama. Va-t-on voir le bout du tunnel avec lui ? L’avenir dépend moins des hommes que de Dieu, nous rappelle-t-il en substance.
Nous avons commémoré l’année dernière les quarante ans de l’assassinat du pasteur noir Martin Luther King, le 4 avril 1968. Cet homme s’était levé pour combattre, car il n’acceptait pas l’oppression subie par son peuple, il rappelait que Dieu veut la liberté et la dignité de tout homme, qu’il veut la justice pour tous. Le 28 août 1963, centenaire de la proclamation d’émancipation des esclaves par Abraham Lincoln, il organisa une grande marche sur Washington où il prononça son célèbre discours « I have a dream » (« je fais un rêve »), rêve d’égalité et de fraternité à une époque troublée de l’histoire américaine. Le 20 janvier 2009, dans le pays de Martin Luther King, le monde entier a pu assister en direct à l’investiture du 44e président des États-Unis, Barak Hussein Obama, premier président noir.
C’est la crise
Mais nous sommes dans un contexte de crise économique et financière majeure doublée d’une crise sociale et de son cortège de chômage et d’exclusion. Viendra bientôt sans doute, pour nombre de pays, une crise politique, car il faudra bien se demander comment ceux qui sont en charge du bien commun n’ont rien vu venir d’une si rapide déroute généralisée. Comment oublier aussi la crise écologique. Toutes ces crises relèvent d’une même logique, celle d’un modèle économique ultralibéral mis en place dans les années quatre-vingt avec son idéologie libre-échangiste et strictement individualiste. Cette course au profit maximum ne pouvait plus durer. Mais dans tout cela, ce qui est le plus grave, c’est que la majorité de la population, surtout les plus pauvres et les plus fragiles, fera les frais de l’augmentation du chômage et du ralentissement de l’économie. Et chacun de s’interroger sur les moyens de sortir de la crise. Le monde attend même un sauveur qu’il croit trouver en la personne de Barak Obama. Ce jeune président afro-américain n’a-t-il pas promis plus de justice et plus d’attention aux faibles dans cette Amérique où la réussite sociale et la richesse sont gage de bénédiction divine ? N’a-t-il pas prêté serment sur la bible d’Abraham Lincoln et n’a-t-il pas choisi le pasteur méthodiste Joseph Lowery pour la bénédiction clôturant la cérémonie d’investiture ? Celui-ci rappelant son combat avec Martin Luther King dans les années soixante, a raconté avoir prié pour que son pays élise un jour un président noir mais en pensant qu’il ne vivrait pas assez longtemps pour le voir. Le rêve semble se réaliser. Restons tout de même réalistes car le monde découvrira sans doute également en Barak Obama, dans les mois à venir, le président gestionnaire d’une Amérique elle aussi condamnée à l’impuissance.
El Periódico, quotidien de Barcelone, au lendemain de l’investiture de Barak Obama, avec une photo de Martin Luther King et un titre évocateur : “Ce n’est plus un rêve”.
Un seul espoir
Mais osons espérer contre toute espérance même si ce rêve de justice et de dignité pour tous prophétisé par Martin Luther King semble utopique. Car c’est de Dieu en effet qu’en dépend la réalisation, et la tâche du prophète est de stimuler l’action présente en regardant vers Lui.