Éthique

Téléthon 06 : l'embryon en discussion - JP Waechter

Vive la solidarité !
Depuis des années, le Téléthon mobilise à juste titre l’immense générosité de nos compatriotes et redynamise le soutien et l’espoir de très nombreuses familles touchées de près ou de loin par la myopathie ou des maladies orphelines.
Halte à l’arbitraire
Les fonds recueillis chaque année permettent de développer divers programmes de recherche et nourrissent l’espoir de faire reculer chaque année un peu plus ces maladies invalidantes à l’extrême. Et parce qu’un de ces programmes mise sur l’utilisation de cellules souches extraites d’embryons surnuméraires obtenus après fécondation in vitro, il y a eu une levée de boucliers. Depuis Toulon se sont fait entendre des voix contestant ces recherches partant du principe que l’embryon n’était pas un matériau comme les autres mais de l’humain en puissance à respecter à tout prix. Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon l’a rappelé : « pour nous, l’embryon humain n’est pas une chose. Un embryon, on ne peut pas le produire, on ne peut pas le détruire, on ne peut pas l’utiliser, on ne peut pas le trier, non, non, et non ! Car c’est une nouvelle forme inacceptable du pouvoir de l’homme sur l’homme ».
Danger de l’instrumentalisation du vivant
Si le président de la Fédération protestante de France (FPF), le pasteur Jean-Arnold de Clermont, estime cette polémique éthique comme « n’ayant pas lieu d’être » dans cette grande messe médiatique de la solidarité, il met néanmoins en garde contre le risque d’instrumentalisation de l’embryon et du vivant encouru par la fabrication en trop grand nombre d’embryons surnuméraires, dérive véritablement utilitariste et scandaleuse.
Comme le pasteur de Clermont, l’archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois, dénonce un système généralisant l’instrumentalisation médicale. L’utilisation d’embryons existants pour la recherche est déjà une forme d’instrumentalisation de l’être humain, car l’embryon n’est pas un simple amas de cellules mais une personne humaine potentielle. Autorisée par la loi de bioéthique de 2004, ce type de recherche est peut-être légal mais il est loin d’être moral. « Ce n’est pas parce que c’est légal que c’est moral », fait remarquer l’archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin.
Oui pour les dons dans le respect de la vie
Pour sa part, le Comité protestant évangélique pour la dignité humaine (CPDH) a demandé dans un communiqué que les dons soient orientés « vers des pratiques respectueuses de la vie et de la dignité humaine », car « les risques de dérives eugénistes liées au DPI (diagnostic préimplantatoire) et la mort des embryons due à l’expérimentation ternissent inutilement la portée de cette belle action de générosité que constitue le Téléthon. La dignité d’une société ne peut-elle pas aussi se mesurer dans sa capacité à accueillir plus qu’à éliminer celui qui est différent, qu’il soit handicapé ou plus fragile ? »
Balises de vie
Les évolutions de la science et de la médecine vont sûrement redonner aux responsables du CPDH de redire leurs convictions et la noblesse de leur combat au nom de leur conception de la dignité humaine.
Les actes du colloque 2006 à Strasbourg parus aux Éditions Emmaüs offrent d’ores et déjà un échantillonnage de ses positions et de ses réflexions sur les sujets chauds de notre nouveau millénaire, en matière d’éthique, d’écologie et de morale politique (sur l’usage des embryons par la recherche médicale, reportez-vous aux extraits ci-joint). Cet ouvrage de qualité rappelle et actualise les repères que pose l’Écriture Sainte. Et Dieu sait que nous avons besoin de balises sûres pour nous frayer une voie et une vie qui vaille la peine. Pour grandir en discernement, rien ne vaut la lecture de cet ouvrage phare aux multiples intervenants compétents.
Ainsi « nous nous efforcerons de convaincre de la valeur et de la pertinence des repères que nous donne l’Écriture. Ce ne sont pas des entraves arbitraires, mais des balises qui nous tracent un chemin de vie, de liberté et de justice ».