1914-2014 : Mieux comprendre les cent ans du méthodisme en Côte d’Ivoire
Philomène Ekissi, Paris Résurrection
Sur les pas des pionniers
Lorsque les explorateurs, missionnaires, et autres commerçants britanniques débarquent en Afrique à la faveur du colonialisme, le mouvement méthodiste, initié par les frères John et Charles Wesley en Angleterre au 18e siècle, s’exporte avec eux sur les côtes africaines.
Dans les années 1860, les commerçants britanniques de la colonie voisine, la Gold Coast (Côte de l’or, actuel Ghana) sont présents sur les côtes ivoiriennes avec des commerces très florissants. Ils emploient non seulement les autochtones ivoiriens mais aussi des ressortissants de la Sierra Leone, du Liberia et de la Gold Coast. Ces derniers sont anglophones et pour la plupart des méthodistes wesleyens, constitués en petites communautés de cultes indépendantes les unes des autres et de groupes ethniques Fantis ou N’zimas.
Les plus importantes communautés que l’on peut considérer comme les premiers lieux de naissance de l’Église méthodiste en Côte d’Ivoire sont implantées à Allangouanou, (où fut construit le tout premier temple méthodiste en terre ivoirienne en 1872, près d’Aboisso, dans le circuit de Grand-Bassam), mais aussi à Assinie-Mafia, Grand-Bassam, Adiaké, Dabou, Grand-Lahou…etc.
De 1860 à 1914
Période très difficile pour le méthodisme en Côte d’Ivoire, bien affaiblie par la méfiance, l’interdiction et le refus du colonisateur français de permettre la création de stations missionnaires méthodistes.
En 1914, la mission de Côte d’Ivoire est installée en circuit du District de la Gold Coast avec pour siège Grand-Bassam, marquant ainsi la naissance officielle du méthodisme en côte d’Ivoire.
Contribution à l’œuvre missionnaire de William Wadé Harris
De 1913 à 1914
Ministère prophétique de William Wadé Harris sur les côtes libériennes, ivoiriennes et ghanéennes : né vers les années 1860, ce prédicateur de l’Église méthodiste épiscopale, venu de Cap Palma au Liberia marque de son passage toute la côte ouest atlantique, depuis les côtes libériennes, en passant par Tabou (ouest Côte d’Ivoire) jusqu’au Ghana. Il mène une croisade d’évangélisation, de guérison, d’exorcisme, des plus populaires, appelant les populations païennes à brûler leurs fétiches et se convertir au christianisme. Il réussit à rassembler là où les missions catholiques peinent à convaincre les populations.
Mais l'œuvre de Harris est vite dénoncée par les missionnaires catholiques en place comme « celle d'un charlatan sans scrupule qui exécutait un "complot protestant" contre la mission catholique ».
En avril 1915, William Wadé Harris est rapatrié de manière brutale, de la Côte d’Ivoire au Liberia par l’administration française... mais les missionnaires méthodistes anglais arrivés après Harris en Côte d'Ivoire, s’approprient sa succession sur une terre africaine préparée à l’évangélisation.
Le temps de tous les conflits
Et pourtant la mise en place des premières communautés méthodistes en Côte d’Ivoire n’a pas été chose facile. Il y avait des questions d’ordre linguistique et de cohabitation entre les communautés africaines et ivoiriennes : en effet, en quelle langue devait-on célébrer les cultes ? En anglais, en français, en langue ethnique Fanti ou N’Zima ou autre ? Et des questions d’ordre politique et religieuse avec l’administration coloniale française en place.
1923, le Révérend John William Platt, missionnaire français, surintendant du district de Dahomey (actuel Bénin) et du Togo, arrive en Côte d’Ivoire dans un contexte politico-religieux tendu. En effet l’autorité coloniale française soupçonne l’Église méthodiste de favoriser une incursion anglaise dans la colonie française de Côte d’Ivoire.
En représailles, le temple de Grand-Bassam est fermé aux motifs de violation du décret colonial interdisant l’usage de toute langue étrangère dans les cultes en dehors du latin et du français.
Missions anglaise et française main dans la main
L’intervention du Révérend John Platt permet de faire rouvrir le temple de Grand-Bassam et de faire accepter auprès de la WMMS (Wesleyan Methodist Missionary Society) Société des missions méthodistes wesleyennes, la proposition du rattachement des communautés méthodistes de Côte d’Ivoire au district de l’Afrique Occidentale Française (AOF), district d’Outre-Mer rattaché directement à la Conférence méthodiste de Grande Bretagne).
En 1924, la Société des missions méthodistes wesleyennes et la Société des missions de Paris s’accordent pour résoudre les problèmes des communautés méthodistes de Côte d’Ivoire, de les organiser et de leur donner un nouvel essor missionnaire.
La relève
1963 : des pasteurs ivoiriens prennent la relève des missionnaires anglais, français et africains.
Le premier président du District est élu en la personne du Révérend Samson Nandjui.
Le 9 février 1985, l’Église méthodiste de Côte d’Ivoire s’affranchit de la Grande Bretagne et accède à sa pleine autonomie, par la signature de l’acte de l’autonomie au temple du « Jubilé » d’Abidjan- Cocody et prend la dénomination d’« Église protestante méthodiste de Côte d’Ivoire (EPMCI) ».
23 décembre 2001 : lors de la 9e Conférence, l’EPMCI intègre l’Église méthodiste unie mondiale (The United Methodist Church). Cette intégration est grandement célébrée au Stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan Plateau.
Le 4 octobre 2003, L’EPMCI devient membre à part entière du réseau mondial de l’Église méthodiste unie et participe ainsi à la prise de décision au niveau international. Elle s’appelle désormais « Église méthodiste unie - Côte d'Ivoire », en abrégé EMU-CI.
13 mars 2005, Le Révérend pasteur Benjamin BONI, troisième président élu de l’EPMCI, président de la Conférence depuis 1998 est investi Bishop par la Conférence centrale de l’Afrique de l’Ouest de l’Église méthodiste unie, et le demeure jusqu’à ce jour.
Il est à noter que le centenaire est lancé depuis le 18 décembre 2011 au Temple Éternité de Grand-Bassam et que d’autres activités continueront jusqu’en décembre 2015.
Sources :
• Église méthodiste unie Côte d’Ivoire, Wikipédia, l’encyclopédie libre
• Le Méthodiste, Périodique d’informations chrétiennes édité par l’EMU-CI, Édition spéciale centenaire
• Lien utile : Le site du Centenaire.
• Wikipédia, Wadé William HARRIS, d’environ 1860 jusqu’à 1929 / Église Harriste Liberia/Ghana/Côte d'Ivoire Article extrait de l’International Bulletin of Missionary Research (Bulletin international de recherches missionnaires)
Illustrations EMUCI