«L’enseignement éthique» par la pasteure Roswitha Golder
Même perçue comme un présent du ciel, la paix requiert notre engagement actif : elle s’élabore concrètement sur le terrain de la vie quotidienne et dans le jeu des relations sociales. La pasteure Roswitha Golder revient d’un séminaire qui a évoqué le dur travail des artisans de la paix au quotidien : heureux sont-ils !
Un manuel
« La paix commence par moi-même » est le nom d’un des kiosques décrits dans le livre « Apprendre à vivre ensemble. Un programme interculturel et interreligieux pour l’enseignement de l’éthique ». Ce manuel paru en 2008 est destiné à toute personne engagée de manière scolaire ou informelle dans la formation d’enfants et de jeunes. Il a été coédité par la Fondation Arigatou et son réseau mondial des religions en faveur des enfants, en collaboration avec et sous l’égide de l’UNESCO, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture et l’UNICEF. Je m’imagine que nous pourrons l’utiliser avec profit dans nos groupes d’église. On le trouve en français, anglais et espagnol sur le site Internet : http://www.ethicseducationforchildren.org.
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu (Mt 5.9)
Fondé sur des objectifs et des valeurs
Le titre de l’ouvrage résume bien ses objectifs :
1. Renforcer la capacité des enfants et des jeunes à prendre des décisions éthiques basées sur des valeurs qui encouragent le respect pour d’autres cultures et croyances.
2. Rendre les enfants et les jeunes aptes au dialogue – à écouter et à parler – afin de développer davantage de sensibilité face aux différences et une compréhension de l’autre.
3. Encourager la capacité des enfants et des jeunes à répondre aux besoins de leurs sociétés dans une attitude de réconciliation et de respect pour la diversité contribuant ainsi à une culture de la paix…
4. Permettre aux enfants et aux jeunes d’apprécier et de développer leur spiritualité.
5. Affirmer la dignité humaine telle qu’énoncée dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, dans la Convention des droits de l’enfant et dans les enseignements de toutes les traditions religieuses.
6. Affirmer la possibilité de vivre ensemble, en se respectant l’un l’autre dans un monde de diverses traditions religieuses, ethniques et culturelles.
7. Fournir des outils aux éducateurs afin qu’ils puissent travailler dans un contexte interculturel et interreligieux en des régions différentes et des cadres variés.
8. Développer et promouvoir des pratiques appropriées permettant de vivre en harmonie avec des personnes de cultures, ethnies, croyances et religions différentes.
L’enseignement éthique proposé s’appuie sur quatre valeurs fondamentales : Le respect, l’empathie, la responsabilité et la réconciliation.
Le Royaume se pointe
Au terme d’un séminaire de trois jours pendant lesquels une équipe internationale nous avait présenté le matériel et nous avait enseigné à l’utiliser, nous avons échangé nos impressions sur la méthode et sa mise en œuvre. J’ai dit que dans ma tradition chrétienne on parlait souvent du Royaume de Dieu qui est présent parmi nous, mais que durant ces derniers jours, j’avais vraiment pu l’expérimenter. Dans le livre j’avais aussi découvert une légende marocaine qui raconte que là où l’on se dit la vérité, quelques traces de l’ancien Éden se créent comme des oasis dans le désert d’un monde de mensonge.
À la naissance de Jésus les anges ont chanté : « Sur la terre paix aux hommes de bonne volonté. » Grâce à Marta Palma, chrétienne chilienne qui travaille au Conseil œcuménique des Églises à Genève et qui est la représentante en Europe du réseau mondial des religions en faveur des enfants (GNRC), j’ai rencontré une trentaine de ces hommes et femmes de bonne volonté. Avec ces personnes jeunes et plus âgées, de différents pays, cultures et religions, j’ai pu faire un bout de chemin vers cette paix.
« Je vous donne ma paix » dit le Christ ressuscité. Et il affirme que sa paix n’est pas comme le monde la donne. Parfois elle nous est offerte de manière bien différente de celle que nous avons l’habitude ou que nous attendons.
Extraits du livre de Pema Chödrön :
« Pour faire la paix en temps de guerre »
paru aux éditions de « La Table Ronde »L’origine de la colère, la violence, ou la guerre, se trouve toujours au niveau d’une sorte de crispation intérieure. Un fait, une parole, un événement, vont susciter une fermeture de notre cœur et un emballement de nos pensées dans une réaction en chaîne. Cette inflexibilité nous entraîne vers les dogmes et jusqu’à l’intégrisme.
Nous sommes, à la base, incapables de nous observer dans ces situations. Pourtant, en général, nous fonctionnons en image miroir à ceux contre qui sont dirigés tous nos griefs.
Or c’est bien de là qu’il faut partir : l’observation de notre attitude nous permet de choisir de ne pas en prendre le chemin, de ne pas retomber dans cet automatisme qui jalonne notre parcours. Ce choix exige le courage de faire face à la peur. Car arrêter le moulin de ces réactions en chaîne crée un profond malaise, qui, si nous sommes capables de le traverser, mène à l’apaisement, et à l’ouverture du cœur.
Source : sechangersoi.be