Méditation

Une seule chose est nécessaire par Pascal Gaudin, pasteur

Nous vivons un siècle trépidant où l’action l'emporte souvent sur la contemplation. En guise de remède à l’activisme débridé et au stress déprimant, le pasteur Pascal Gaudin nous suggère la contemplation du Seigneur.
Marthe, l’inquiète
Marthe reçoit Jésus dans sa maison. Le texte ne précise pas si le Rabbi de Galilée est seul, suite à l’envoi des 70 (cf. Lc 10.1) ou s’il est accompagné de quelques disciples ; à moins que soit uniquement présent l’entourage de son hôtesse. Quoi qu’il en soit, Marthe, en fière maîtresse de maison, souhaite recevoir son hôte de marque comme il se doit ! Elle veut certainement « mettre les petits plats dans les grands ». C’est ainsi qu'absorbée par les nombreux soucis du service, elle a besoin de l’aide de sa sœur, Marie. Mais, cette dernière est assise au pied du Maître, inactive. Marthe demande donc à Jésus d’intervenir, en s’étonnant qu’il soit complice d’une telle injustice : Seigneur, tu ne te mets pas en peine de ce que ma sœur me laisse seule pour servir ? Dis-lui donc de m’aider (v. 40). Jésus lui répond alors : Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. Or, une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée. (v. 41-42). Voilà une réponse à laquelle Marthe ne devait pas s’attendre ! Pourquoi Jésus dit-il cela ? Comme souvent, le contexte dans lequel l’évangéliste a placé son récit nous aide à comprendre le sens des paroles du Christ.
Oublie l’importance de l’hôte présent
Quelques versets auparavant, Jésus explique à ses disciples combien est grand leur privilège de le côtoyer : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu (v. 23-24).
Marie est en train de vivre une expérience extraordinaire ! Elle voit et entend Celui que beaucoup d’illustres hommes de Dieu et de grands d’Israël auraient aimé voir et entendre : Le Prophète (Dt 18.15), le Fils de David (2S 7.12, Ez 34.24),

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le Serviteur du Seigneur (Es 42.1-9, 49.1-13, etc.), le Messie (Es 61), le Fils de Dieu (Ps 2), etc. Nous comprenons alors tout le sens des paroles de Jésus adressées à Marthe. Il y a, présentement, bien plus important que les contingences matérielles ! Dans cette maison se tient Celui qui a les paroles de la vie éternelle (Jn 6.68) ! Marie, contrairement à sa sœur, l’a bien saisi. Et elle en profite ! Quant à Marthe, elle n’est physiquement qu’à quelques mètres du Royaume de Dieu, en la personne de Celui qui l’incarne, mais, spirituellement, elle en est encore loin !
Ne pas perdre de vue l’essentiel
Il peut en être ainsi pour nous. Nous pouvons nous retrouver à ce point absorbés par les nombreux soucis du service que nous en perdons de vue l’essentiel : le Maître, source et raison d’être de notre service. Notre travail pour lui n’a de sens que dans la dynamique d’une relation avec lui.
Pour le disciple d’aujourd’hui, la bonne part, celle qui ne lui sera pas ôtée, peut être le temps qu’il arrache à son quotidien et à son hebdomadaire (le sabbat !) pour se tenir aux pieds de Jésus, à écouter et méditer Sa parole, à la laisser lui parler. Dans un monde où l’on court de plus en plus, souvent pour ce qui n’est pas vraiment nécessaire, ces moments précieux d’intimité avec le Seigneur contribuent au ressourcement, à la guérison, à la reconstruction de notre personnalité. Ils alimentent ce qui ne nous sera pas ôté : vie intérieure et croissance en Christ, pour vivre notre quotidien, mais, aussi pour nous accompagner jusque dans la vieillesse et aux portes de l’éternité. De plus, c’est « aux pieds de Jésus », dans la contemplation et l’adoration, que s’accomplit aussi la sanctification, croissance à la ressemblance au Seigneur. Comme l’écrit l’apôtre Paul : Nous tous qui, le visage découvert, contemplons, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en son image dans une gloire dont l’éclat ne cesse de grandir. C’est là l’œuvre du Seigneur, c’est-à-dire de l’Esprit. (2Co 3.18).
Se poser, se reposer
Dernièrement, un sociologue expliquait à la radio que, dans le passé, avant la société dite de consommation, la vie des hommes et des femmes comportait deux phases principales. La première, la plus longue, était celle de l’activité, avec le travail, mais aussi les multiples tâches à accomplir au foyer ou ailleurs. La seconde était la phase contemplative. Elle était notamment occupée par la religion. Par des exemples, ce sociologue indiquait la place importante de cette phase contemplative, car c’est elle qui permettait aux hommes et aux femmes de se poser. Il termina ensuite son exposé en montrant les effets pervers de notre société actuelle, où cette phase contemplative est de plus en plus absente, bien que nous ayons davantage de temps libre.
Dans la contemplation
Si cette « phase contemplative » est nécessaire au monde, combien, d’autant plus, est-elle vitale aux disciples de Jésus d’aujourd’hui ! Car le chrétien, soumis aux mêmes pressions que ses contemporains, doit, en plus, faire face au Malin qui déploie mille ruses pour l’éloigner de la volonté de Dieu.
Que ce temps de vacances pour certains, de diminution d’activités pour d’autres, soit l’occasion pour chacun d’entre nous de réfléchir à nos priorités, afin que nous puissions toujours choisir la bonne part, celle qui ne nous sera pas ôtée !
Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez du repos pour votre âme. (Mt 11.29)
Choisir la bonne part
Nous comprenons donc le danger de sombrer dans l’activisme. Tout disciple du Christ doit s’en souvenir : c’est la bonne part qui ne nous sera pas enlevée, c’est cette bonne part qui nous permet de garder le bon cap, dans la paix et dans la joie d’appartenir au Seigneur de la vie : Car a parlé le Seigneur Yahvé, le Saint d’Israël : c’est dans le retour à Dieu et le repos que sera votre salut, c’est dans le calme et la confiance que sera votre force (Es 30.15) …

Silence détail © Carol Taylor


Psaume 23 du stressé
L’activisme est mon berger,

Je ne manquerai jamais de stress.

Il me plonge vers la dépression,

Il me dirige vers les eaux tumultueuses.

Il nuit à mon âme.

Il me conduit dans des impasses,

A cause de mon besoin de reconnaissance.

Quand je cours fiévreusement de tâche en tâche,

Je suis dans la crainte,

Car le perfectionnisme est avec moi.

Regards des autres et besoin d’approbation,

Exigent des performances, au-delà de mes forces.

Ils oignent de migraines ma tête,

Et ma coupe d’amertume déborde.

Oui, fatigue et stress m’accompagneront tous les jours de ma vie.

Et j’habiterai dans la maison de servitude,

Pour la durée de mes jours.

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Photos © JR Otge