VIEILLIR = Etre porté(e), soutenu(e) et sauvé(e) par la Vie !
Bernard Lehmann
Pasteur
Un sentiment général, en vieillissant, c'est qu'à la longue, on finit par se sentir de trop. Tirer sa révérence peut constituer une tentation dans l'air du temps de l'euthanasie qui aimerait s'imposer. Relever la tête demeure, Dieu merci, la réaction naturelle du fondement de la foi ! « Jusqu'à votre vieillesse, je serai le même, jusqu'à votre vieillesse je vous soutiendrai, je l'ai fait, et je veux encore vous porter, vous soutenir et vous sauver » (Es 46.4 ).
Alexandre Dumas définit la vieillesse : « Il est dur de vieillir, mais on n'a pas trouvé d'autres moyens pour vivre longtemps ». Le temps s'écoule. De plus en plus rapidement, c'est du moins l'impression qu'il nous laisse. Et la retraite arrive brutalement.
Après une vie axée essentiellement sur le faire, il arrive que plus d'un(e) se sente inutile et produise des émotions étouffantes et sombres. Vieillir n'est pas une maladie. C'est la suite de la vie, inéluctable, qui réveille souvent des sentiments de peur, car elle annonce inconsciemment l'approche de la mort physique. La vieillesse, à l'image des arbres qui perdent leurs feuilles en automne, communique souvent des pensées de fort dépouillement.
Le secret de la foi, qui consiste à se recevoir chaque jour, comme une grâce renouvelée de la main du Père, encourage à accepter que vieillir, loin de mourir, c'est bel et bien vivre. Quelles que soient les souffrances, parfois à la limite de l'humain l'élan de la foi du psalmiste garde debout : « mon bonheur à moi, c'est d'être toujours auprès de Dieu. Oui, j'ai placé dans le Seigneur, dans l'Eternel, mon sûr refuge, et je raconterai ses uvres ( Ps. 73, 28 ). » Oui la Bible, même si je devais l'écouter sur cassette ou que quelqu'un vienne me la lire parce que mes yeux et ma force auraient tellement diminué, m'encourage chaque matin : « tu as devant toi la vie et la mort, choisis la vie ! » Quel défi de la foi ! C'est un peu Jésus au Jardin de Géthsémané : « Mon père n'est-il pas possible que s'éloigne de moi ! Non pas ma volonté mais la tienne ! » Quel défi de la foi ! C'est David contre Goliath ! Dans la même perspective de victoire d'ailleurs ! Il nous fait relever le cur, et donc la tête aussi, d'autant plus que l'âge voudrait nous la courber. Se laisser aimer par le Père qui est aux cieux tels que nous sommes ! N'est-ce pas là, entrer chaque jour dans le projet de la vie éternelle de Dieu ?
Dans ma documentation, j'ai déterré cette prière anonyme du 17e siècle qui m'encourage dès maintenant à prendre, sous le regard de la grâce de Dieu, les bonnes dispositions pour mes jours de vieillesse qui arrivent au grand galop :
« Seigneur, tu sais mieux que moi que je vieillis, et qu'un jour je ferai partie des vieux. Garde-moi de cette fatale habitude de croire que je dois dire quelque chose à propos de tout et en toutes occasions.
Débarrasse-moi du désir obsédant de mettre en ordre les affaires des autres.
Rends-moi serviable mais non autoritaire.
Il me paraît dommage de ne pas utiliser ma vraie réserve de sagesse, mais tu sais, Seigneur, que je voudrais garder quelques amis.
Retiens-moi de réciter sans fin des détails, donne-moi des ailes pour parvenir au but.
Scelle mes lèvres sur mes maux et mes douleurs, bien qu'ils augmentent sans cesse.
Je n'ose pas te demander d'aller jusqu'à prendre goût au récit des douleurs des autres, mais aide-moi à les supporter avec patience.
Je n'ose pas te réclamer une meilleure mémoire, mais donne moi une humilité grandissante, lorsque ma mémoire se heurte à celle des autres.
Apprends-moi la glorieuse leçon qu'il peut m'arriver de me tromper.
Je n'ai pas tellement envie de sainteté : certains saints sont si difficiles à vivre, mais, une vieille personne amère est assurément une des inventions suprêmes du diable.
Rends-moi capable de voir ce qu'il y a de bon là où on ne s'y attendait pas et de reconnaître des talents chez des gens où on n'en voyait pas.
Garde-moi de lasser les plus jeunes par mes vaines redites et « mes expériences ». Je crois bien qu'elles ne sont utiles que pour moi.
Amen ! »
Le sage prophète biblique constatait qu'il y a un temps pour tout. N'est-ce pas aujourd'hui le temps convenable pour vivre pleinement, les yeux fixés sur Jésus-Christ, l'auteur de notre salut qui nous conduit à la plénitude ? Vivons en marchant dans les pas de Celui qui nous invite, Jésus ! Il est le chemin et la vie !