Le monde est ma paroisse
Un jour de 1959, devant le presbytère où nous vivions dans le sud de l'Alabama, le Ku Klux Klan (KKK) a incendié une croix. J'avais six ans. Cet incident m'a profondément marquée. Mon père, avec un petit groupe de collègues pasteurs, avait commencé à militer pour les droits civiques. La plupart d'entre eux servaient dans de petites paroisses rurales et tous essuyèrent des attaques semblables de la part du KKK. Ces hommes et leurs familles, qui avaient choisi d'agir conformément aux principes évangéliques tels qu'ils les comprenaient, savaient que leur travail provoquerait une levée de boucliers dans ce Sud profond où l'oppression raciale était si fermement enracinéeC'est ainsi que, dans les années les plus formatrices de ma vie, j'ai appris qu'inspirés par notre foi, les membres de ma famille défendaient une vérité merveilleuse et emplie de joie sur la plénitude de vie en Christ Nous nous sentions entourés et soutenus par les prières, les déclarations, le militantisme, les ressources et les encouragements de tous ceux qui, dans notre Église et au sein des organisations oecuméniques, considéraient la justice raciale comme centrale à l'Évangile. Pour moi, être l'une d'eux était un honneur immense. Le soutien qu'ils ont apporté au modeste combat que nous menions dans notre petit coin de pays a renforcé notre détermination, il nous a donné du courage et nous a aidés à surmonter la solitude et l'isolement dans lesquels nous nous trouvions. Bien qu'elle soit inscrite dans un contexte spécifique, mon expérience est comparable à celle de dizaines de milliers d'autres chrétiens qui sont face à une Église parfois profondément compromise et divisée et à des situations sociales hostiles. Ceux-là ont besoin de la solidarité des autres croyants qui voient dans l'Évangile un message puissant et libérateur adressé aux victimes de la pauvreté, de l'oppression, de la violence ou de la haine. Quant aux autres - ceux qui ne vivent pas ces situations difficiles - leur besoin d'intégrité exige d'eux qu'ils assument leurs responsabilités au regard d'un des fondements-mêmes du Nouveau Testament : lorsqu'un des membres du corps souffre, tous les membres partagent sa souffrance. Aujourd'hui, nous sommes à nouveau placés devant le même défi : il nous faut dire la vérité aux puissances du monde et apporter un témoignage prophétique dans des situations dominées par la mort et la destruction. Même offerte dans l'amour et la joie, l'obéissance a toujours été et sera toujours un acte coûteux. Jamais, le Christ ne nous a promis qu'il en serait autrement. »
A chacun de nous individuellement et en communauté de remplir à notre tour la mission prophétique que nous confie Jésus, notre Seigneur. A nous tous de proclamer aussi la bonne nouvelle évangélique de la justice, de la paix et de l'amour face à la mort, à la destruction et au désespoir. Ensemble, nous serons plus puissants que seuls : telle est la leçon à tirer de ce témoignage de Janice LOVE.
Jean-Philippe WAECHTER