Que ta volonté soit fête
Lorsque nous parlons de Dieu, de sa volonté, de ses exigences, il est de bon ton de laisser penser que cette volonté est difficile à accomplir, que les épreuves ne nous épargnent pas, que d'oser affirmer sa foi n'est pas chose aisée, surtout à nos places de travail, auprès de certains proches, etc. En fait, ce qui est difficile, ce n'est pas tant d'obéir à la volonté de Dieu, ce n'est pas tant de témoigner de sa foi sur son lieu de travail, mais c'est plutôt de perdre "le peu qui nous reste". Et si l'on va jusqu'au bout de la réflexion, ce qui est difficile, c'est de mourir à soi-même Alors on tente un exercice de contorsionniste : on fait de la mort de Jésus pour nos péchés une espèce de "multi-pack", un peu comme pour dire que Jésus est mort pour nous-mêmes et que, puisqu'il vit en nous par l'Esprit Saint, c'est comme si nous étions morts à nous-mêmes.
Ne serions-nous pas là influencés par la pensés du siècle plutôt que par la Parole? N'y a t-il pas dans notre expression une tentative de concilier la Parole et les paroles?
Or Jésus lui-même ne remplit-il pas seul ce rôle? Et ne nous compliquons-nous pas la tâche par excès de zèle, ou par zèle déplacé?
Dans la région lausannoise, mais c'est peut-être aussi le cas ailleurs, la "mode" du moment est à la promotion de la prière pour connaître la volonté de Dieu. Cette volonté, en fait, nous la connaissons: aime Dieu par dessus tout et ton prochain comme toi-même. Il s'agit donc de lever les yeux, de regarder autour de nous et de voir avec humilité et discernement en quoi les besoins d'autrui sont l'appel que Dieu nous lance. Et il ne reste qu'à nous mettre au travail, joyeusement et avec reconnaissance. Or, nous l'avons très peu fait pendant longtemps, préférant d'autres priorités, comme les réunions, débats, planifications et accessoirement quelques tensions entre Églises sur des points doctrinaux tellement importants qu'il n'y avait plus de place pour la simplicité évangélique. Comme on le dit dans le pays de Vaud profond "on s'est mené perdre", entendez par là qu'on ne sait plus trop où on en est. Dès lors il est parfaitement justifié de prier pour rechercher la volonté de Dieu, ou mieux pour la retrouver, pour y revenir.
Mais où la trouverons-nous?
Son fardeau est léger et son joug aisé Notre joie sera parfaite N'ayons pas peur
La volonté de notre Père sera-t-elle en contradiction avec les paroles de Jésus ?
Ne sont-ce pas nos yeux ou notre regard qu'il faut corriger ou changer ? N'est-ce pas d'avec la pensée du siècle qu'il faut rompre radicalement, c'est-à-dire jusqu'à la racine, sans attribuer à cette pensée une autre qualité que celle d'être parfois précieusement et utilement impertinente? Et n'est-ce pas à une solidarité et à une unité chrétienne que nous sommes appelés?
Même un fardeau léger est encore plus léger quand il est porté par plusieurs Or les futilités qui nous "sur-occupent" finissent par nous diviser Et puis, le ciment de toute communauté, c'est la fête Et la plus grande des fêtes, c'est celle que l'on célèbre chaque fois qu'un perdu est retrouvé, chaque fois que nous nous rappelons que nous étions aussi perdus, chaque fois que nous nous rappelons le repas de la fête la sainte cène.
Le grand frère dans l'histoire du fils repenti s'assurait toujours que la volonté de son père soit faite Le père aurait tellement voulu que sa volonté soit aussi fête
Soyons toujours joyeux !
Martial DELÉCHAT
(Lausanne, Suisse)