PASTEUR FRANCIS GUITON (1918-2009)
Par le pasteur Daniel Furter
Une grande figure du méthodisme vient de disparaître, le pasteur Francis Guiton à l’âge de 91 ans. Pendant des années, il a été à la tête du collège synodal de l’Église Méthodiste de France. Le pasteur Daniel Furter (UEEL) suivi par le pasteur Jean-Ruben Otge rappellent quelques traits saillants de sa vie de serviteur de Dieu.
Une figure de proue
Francis Guiton est parti paisiblement, dans sa maison conformément à son vœu, dans la nuit de dimanche à lundi (13 et 14 septembre 2009). Fils, petit-fils, arrière-petit-fils de pasteurs, il a lui-même exercé le ministère pastoral la plus grande partie de sa vie. Son père, William-Henri Guiton a été une figure de proue du monde évangélique. Sa mère était une Lacheret — d’une famille pastorale elle aussi — et la tante d’Edmond Peloux qui a été pasteur de l’Église Réformée Évangélique de St Jean-du-Gard au cours des années 1940. Né a Brest en 1918 Francis a grandi dans l’agglomération parisienne, son père travaillait dans une paroisse méthodiste. La fratrie Guiton comptait cinq garçons. Après ses études secondaires, Francis Guiton a voulu devenir ingénieur agricole et s’est formé pour cela. Mobilisé au début de la seconde guerre mondiale, il a servi sous les ordres du capitaine Pierre Brossolette qui devait devenir un grand résistant. Après sa démobilisation, il a travaillé dans un domaine en Sologne, puis dans une ferme en Charente. Dans ce département, il a fait la connaissance de mes parents et a reçu du bien en fréquentant l’Église Libre de Rouillac dont mon père était le pasteur. Francis, élevé dans une famille chrétienne, a toujours été croyant. II avait décidé de suivre Jésus-Christ. Mais au cours de son séjour dans les Charentes a éprouvé le besoin de se rapprocher de Dieu et décidé de consacrer du temps pour s’arrêter, méditer et chercher Dieu. Il m’a raconté tout récemment, il y a peut être moins de trois semaines, que cette recherche l’a amené à éprouver une paix profonde, la certitude du salut. II a écrit dans ses souvenirs que la lumière est venue dans son esprit à travers la belle parole du Christ « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos ». Cette expérience spirituelle a été accompagnée d’une vocation pour le ministère pastoral, chose qu’il avait déjà envisagée. À cause des circonstances — on était en pleine guerre — notre ami n’a pas pu étudier dans un établissement de formation théologique. Ce sont des pasteurs enseignants qui lui ont préparé un programme d’études qu’il s’est appliqué à suivre avec l’aide de Samuel Samouelian, alors pasteur à Anduze. C’est dans cette ville que Francis a rencontré une jeune institutrice, Madeleine Blanc, fille d’Edmond Blanc et d’Alice Jauvert qui allait devenir son épouse. C’est ainsi qu’il est entré dans la grande famille Blanc-Jauvert et qu’il est donc devenu notre cousin germain par alliance. De cette union sont nés six enfants, deux filles et quatre garçons qui se sont mariés à leur tour et ont donné vingt petits enfants et vingt-sept arrière-petits-enfants à Francis et Lena Guiton. Nous leur redisons toute notre affection et notre sympathie.
Si les Guiton ont exercé pour l’essentiel leur ministère dans le cadre des Églises Méthodistes, je signale cependant que Francis a desservi l’Église Libre de Florac pendant plusieurs mois en 1946 et qu’il a dirigé pendant quelque cinq ans l’orphelinat du Bercail à Guebwiller, en Alsace.
Je veux maintenant parler des années de retraite à St Jean. Francis et Lena y sont arrivés en 1983 mais très vite, hélas ! Lena est tombée gravement malade. Elle est partie en 1986 et Francis est resté seul dans sa petite maison, près du grand virage de la Bastide. II a fait preuve de beaucoup de courage et de sérénité. II s’est engagé dans l’Église Libre, donnant des prédications, participant aux réunions du soir tant que ses forces le lui ont permis. II notait sur un papier les sujets d’intercession, pour en énoncer quelques-uns au cours de la rencontre de prière, mais aussi pour y penser chez lui. En prenant de l’âge, il a éprouvé de plus en plus de peine à marcher et c’est avec difficulté, mais résolument, qu’il gravissait l’escalier de la Chapelle pour participer au culte dominical. Il l’a fait jusqu’à la fin du mois de juillet ou le début du mois d’août. C’est au cours de ce mois qu’une très grande épreuve devait frapper notre ami : la mort accidentelle de son petit fils Bruno, l’un des fils d’Annie et père de cinq enfants. Francis en a été profondément affecté et, sans nul doute, ce coup a eu un retentissement sur son état de santé. Il a vu venir sa fin. Je ne dirai pas qu’il s’y est préparé parce qu’il était déjà prêt comme nous devrions tous l’être.. C’est un cher cousin à qui j’aimais rendre visite, un cher collègue, un homme humble, droit de cœur, pacifique, et avant tout un chrétien convaincu qui s’en va. Sa vie reste un exemple, sa mort constitue pour nous un appel à dire à Jésus-Christ : « je te confie ma vie».
Son cheminement au sein de l’Église Méthodiste de France
par le pasteur Jean-Ruben OTGE
Francis Guiton, avec son épouse Madeleine, décédée au début de sa retraite, a eu un ministère qui a été en bénédiction auprès de beaucoup, à Valleraugue, Codognan et Alès. Il a été président de l’Église Méthodiste de France pendant plusieurs années. Son humilité et sa paix émanaient de lui, même au sein des épreuves et des tensions. Sa prédication était toujours fondée sur l’Écriture.
Jusqu’à la fin il a pu garder toutes ses facultés et il lisait chaque jour le Nouveau Testament en grec.
Il a été de « ceux qui travaillent à la paix et qui sèment dans la paix une semence qui aura pour fruit ce qui est juste » (Ja 3.18)