Méditation « La panacée »
Joël Dujardin, pasteur
L’hymne à l’amour (1Co 13) représente une véritable bouffée d'air frais et constitue le remède à tous les maux de la terre (selon un psychiâtre).
La Croix de Camargue, rappel que de la triade biblique : la foi, l’espérance et l’amour. Des trois l’élément pérenne est l’amour (Co 13)
Définition
C'est une définition de l’amour. Un psychiatre a dit : à tous les maux de la terre, le remède c'est l'amour ! Pour nous chrétiens : Quelle est la définition de Dieu ? Dieu est amour et vérité. Par suite, les caractéristiques du chrétien sont également amour et vérité !
Les Corinthiens
Mais les Corinthiens, eux, ils sont l’exemple de ce qu'il ne faut pas faire. En effet à Corinthee il y a les dons, la sainte doctrine, mais il n'y a pas l’amour. Or la bonne théologie ne remplace pas l'amour.
Les grandes vérités ne sont pas non plus reçues si elles ne sont pas dites avec amour ! Trois dons temporaires sont pourtant prisés des Corinthiens : les prophéties, les langues, la connaissance.
Et vous
Comment voyez-vous l'Église ? Comment vous voyez-vous dans l'Église ? Voyez-vous l'Église comme un match de foot… Et vous êtes les spectateurs ? Plus grave : Voyez-vous l'Église comme un match de boxe et vous êtes les spectateurs ? En tout cas, dans l'église de Corinthe, il existe une compétition des dons : Moi je parle en langues plus que toi ! Moi je suis de Pierre ! Moi je suis de Paul ! Je pose ici une question : Mes amis savez-vous ce qui est déplacé (inconvenant) dans le cadre d'un culte ? Est-ce que c'est le musicien qui joue faux ? Est-ce que c’est le lecteur qui se trompe ? Est-ce que c’est le prédicateur qui bafouille ? En vérité une seule chose est déplacée (inconvenante) dans le cadre du culte, c'est tout ce qui est fait sans amour ! Mais hélas au cours des âges l'Église a eu de la peine à aimer, tant il est plus facile d'être orthodoxe qu’« aimant » !
Sans amour
Paul commence donc par le manque d’amour. Sans amour, dit-il, il n’y a que des contrefaçons. Sans amour, le culte des Corinthiens ressemble donc aux rituels païens. Sans amour, c’est du charabia, du bruit. À quoi donc, dit Paul, servent les connaissances, les capacités intellectuelles sans amour ? À rien et c’est même dangereux ! D’ailleurs sans amour il n’est même pas possible de connaître… comme Dieu connaît. Prenez par exemple Balaam : Il croit en Dieu. Il le craint pour sa propre sécurité, mais il n’aime pas les autres gens. Prenez par exemple Jonas : Il a beaucoup de foi parce qu’il croit que Dieu peut sauver les autres personnes, mais il n’aime pas les gens. Il ne les aime même pas après qu’ils se repentent !
L’essentiel
Ainsi connaître l'amour, connaître Dieu, est essentiel. C’est pourquoi Paul écrit : « Ce que je demande dans mes prières c’est que votre connaissance de l’amour de Dieu augmente de plus en plus ! » Paul développe maintenant sa pensée de diverses manières, notamment au sujet du don et du martyre. Sans amour, dit-il, ça ne sert à rien. Les kamikazes, les djihadistes donnent leur vie : Ce n’est pas par amour, ce n’est pas de l’amour ! D’autres, au cours du temps, ont donné beaucoup de choses à Dieu… qu’il ne demandait pas ! Pourquoi donc est-ce que je fais des choses que Dieu ne me demande pas ? Pour la postérité, pour rassurer ma conscience ? Si ce n’est pas par amour, si ce n’est pas selon Dieu, c’est pour rien !
L’amour selon Dieu
Qu’est-ce donc que l’amour selon Dieu ? On se souvient de ces paroles : « Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta force, de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même ». On le voit : Pour Dieu, aimer n’est pas un sentiment passager. Mais c’est un acte déterminé, volontaire. Aussi, cette parole m’encourage : « Demeurez, dit Jésus, dans mon amour ! » « Dieu est amour celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu ! » Jusqu’où, donc, va l’amour ? Saint Bernard répond : « La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure. » Et Jésus de dire : « Mais moi (pas facile) je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous maltraitent et vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux. » Comme le Christ, nous ne devons pas aimer seulement les personnes qui nous plaisent ! Pourtant, c’est vrai qu’il est plus facile de s’entendre avec ceux qui nous ressemblent. Et encore ! En tout cas, eux les disciples, ils veulent savoir : Qui est le plus aimé, le plus chouchouté, le plus méritant ? Alors Jésus leur donne une image dont ils vont pouvoir se souvenir longtemps : « Jésus mit le comble à son amour en ce qu’il se mit à leur laver les pieds… » Jean dit : « Je vous donne un commandement nouveau. » Jésus dit : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
Jésus pour modèle
Voici qui est rassurant,… Nous avons un modèle ! Nous devons donc aimer comme (avec la force) de Jésus. Or, ici bas, l’amour n’est pas toujours compris. Jésus, qui est l’amour incarné, a été ridiculisé, rabaissé, rejeté, renié, crucifié. Paul aussi n’a pas toujours été compris ! Certains le préféraient… en tyran ! Saint Augustin, quant à lui, disait : « Aime et fais ce que tu veux. » Ah, mes amis, avoir un cœur rempli de l’amour de Dieu ! Ami, interroge-toi donc : Quel est le motif de mon action ?
Jusqu’au bout
De fait, une action vaut la peine d’être menée jusqu’au bout si elle est remplie de l’amour de Dieu. Sinon,… mieux vaut laisser tomber ! Puis, Paul décrit ce que l’amour fait et ce qu’il ne fait pas. En effet, l’amour est actif… ou alors on peut douter de son existence. Par exemple : Face à un frère en difficulté peut-on parler d’amour si je ne fais rien ?
Quel est donc le modèle de l’amour ? Le modèle, c’est le Christ.
Patience
Ainsi l’amour est patient. Comprenez, il est patient envers ceux qui nous font mal. Écoutez maintenant cette histoire ! On raconte qu’il y avait un homme qui provoquait toujours Dieu en disant : « Que Dieu me foudroie dans les cinq prochaines minutes pour tout ce que je viens de dire ! » Et puis rien ne se passait. Alors, il ajoutait : « Vous voyez bien que Dieu n’existe pas ! » Mais un jour quelqu’un a répondu : « Cher Monsieur, vous ne croyez tout de même pas… épuiser la patience de Dieu… en cinq minutes ! »
Respect
Il y a un autre point qui caractérise les Corinthiens. Ils sont brutaux et dépourvus d’amour (sympas) ! Ils se blessent les uns les autres. Ils sont gloutons et ne s’attendent même pas pour les agapes et le repas du Seigneur. C’est à un tel point que l'un à faim, tandis que l’autre est déjà ivre ! Mes amis, à la différence des Corinthiens, nous ne manquons pas de politesse, d’amour, de considération. Dans le couple aussi cela est important : les petites formules de politesse, les petits mercis, les portes tenues, etc., etc. Car, l’amour ne fait pas ça : Il n’est pas grossier, il ne manque pas de respect, de considération, il n’est pas arrogant ! Remarquez que dans l’Église cela ne va pas de soi (!), puisque Paul dit à Timothée : « Que personne ne méprise ta jeunesse! » Observez aussi qu’on disait de Paul qu’il n’était pas un très bon prédicateur !
Humilité
Mais quand un chrétien « réussit », il ne se vante pas. Il ne parle pas avec orgueil comme Hérode accepte qu’on le fasse de lui (Ne suis-je pas un dieu ?). « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » Autre traduction pour notre verset : « L’amour ne parade pas ! » Car, comme le dit la Bible, l’orgueil (celui du pharisien vis-à-vis du péager) prépare la chute.
Non à la vengeance
L’amour, encore, n’entretient pas de ressentiment. Jésus (tout comme Étienne), jusqu’au bout, a eu de l'amour, de la compassion, pour tous les hommes. N’allons pas appeler ça de la faiblesse ! Car c’est une force : Le Saint-Esprit qui parle de l’intérieur !
Être soi-même
Paul poursuit sur ce que l’amour est et ce qu’il n’est pas. L’amour, dit-il, n’est pas envieux ! Quel est ici le problème ? Le problème, ici, vient du fait de se comparer. Notez : Quelle est l’origine du mal ? Ève voulait être comme Dieu. Caïn voulait être comme Abel. Les frères de Joseph voulaient être comme Joseph, etc., etc. On pourrait multiplier les exemples !
Heureusement qu’il existe d’autres exemples : de beaux et bons exemples. Observez : David qui « croît » et Jonathan qui « diminue » ! Jésus qui « croît » et Jean-Baptiste qui « diminue » ! Et moi : « Est-ce que ça m’irrite lorsqu’un autre réussit mieux que moi ? Il réussit trop bien ! Il est trop « confortable » ! « Maître faut-il les empêcher de prêcher parce qu’ils ne sont pas avec nous ? » Non, non, laissez-les ! L'évangile est de toute façon annoncé. Et tant pis si ce qu’ils font n’est pas parfait (!), de toute façon le message est plus puissant que le messager ! Quel est donc le remède à cette maladie de me comparer ?
Il faut être soi-même ! En effet, je ne dois pas chercher à imiter celle-ci ou celui-là… D’ailleurs, ça ne fonctionnera pas ! Mon frère, ma sœur, sois toi-même avec ce que le Seigneur t’a donné !
Une petite anecdote : Je me souviens lorsque j’étais jeune pasteur (!), une personne me disait toujours : « C’était mieux avant,… Avant, avec l’autre pasteur ! » Je ne lui ai d’abord rien dit. J’étais choqué. Jusqu’au jour où je lui ai répondu : « Le problème c’est que vous ne visez pas assez haut. Votre modèle ne devrait pas être l’ancien pasteur mais bien plutôt le Seigneur Jésus ! » À partir de là, cette personne ne m’a plus fait la remarque !
Pardon
Encore un autre mot ! L’amour, dit Paul, ne soupçonne pas le mal. Le verbe grec est : logizomaï (logique). Ce qui signifie que l’amour ne calcule pas le mal. Il n’est pas soupçonneux : Cela veut dire qu’à priori il accueille les gens tels qu’ils se présentent. Il ne va pas chercher quelque chose derrière ! L’amour, d’ailleurs, ne retient pas le mal. Mais hélas, de tout temps, la déchéance fait vendre. Elle fait vendre les magazines et les journaux… Tristes situations qui nous sont racontées. Comme l’écrit John MacArthur : « Si la présence de l’amour couvre une multitude de péchés, au contraire l’absence de l’amour peut être la cause d’une multitude de péchés ! » Et parfois aussi l’homme a des problèmes relationnels avec son prochain. Il pense bien que, hélas, il risque de tomber ! Et après il dit : « Vous voyez bien,… je vous l’avais bien dit ! » C’est fort ça… De se réjouir du mal qui arrive à quelqu’un ! Dans le texte, le contraste est fort : « L’amour ne se réjouit pas du mal, mais il se réjouit de la vérité ». Observez les amis de Job : ils sont prêts à croire le pire à son sujet ! Ainsi, dit John MacArthur, la méchanceté croit facilement le pire mais l’amour espère le meilleur.
Médisance
L’amour bien sûr se concentre sur le bien. Mais, au contraire, le commérage consiste « à relever sans la moindre sollicitude les faiblesses et les péchés des autres ». Certes on peut aimer le mal c’est mal,… Mais on peut aussi colporter le mal, c’est très mal ! En effet, on n'aide pas la personne en répandant la nouvelle de sa faute. Ainsi parfois il faut parler, parfois il faut se taire. En tout cas l’amour ne diffuse pas sur les toits… les manquements et les fautes. Au contraire, l’amour protège : de la mise à nu, du ridicule,… du mal !
Faisons ici un aparté : En parlant de pardon et d’amour, puis-je vous demander : Est-ce qu’il vous arrive à vous aussi de vous pardonner ? Force est de constater qu’il est souvent plus facile de pardonner aux autres qu’à soi-même ! Fin de l’aparté.
Relever (aider, relever)
La Bible nous dit que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils… » On l’a dit, l’amour protège. L’amour couvre et protège. Ainsi Dieu a couvert le péché du grand manteau de son amour, couvrant pour toujours ceux qui accueillent Jésus-Christ ! C’est ici le tableau « le retour du fils prodigue » (Rembrandt). Dans l’église vous entendrez souvent : Il ne faut pas aimer le péché, mais il faut aimer le pécheur. C’est vrai ! En effet : L’amour rachète, il ne condamne pas. L’amour sauve, il ne juge pas. De plus le chrétien (à son niveau) ne pense pas qu’une personne soit définitivement perdue. Il y a toujours la grâce ! Nous avons dit : L’amour couvre et protège, l’amour se préoccupe donc d’édifier. Certes il n’aime pas le péché, mais il cherche à relever.
Écouter
En cas de difficulté, la douceur est toujours de mise ! C’est Paul qui nous le dit : « Frères si un homme vient à être surpris en faute, vous qui êtes spirituels (!), redressez-le avec un esprit de douceur. » Notre désir, chers amis, n’est-il pas de grandir ensemble ? Oui l’amour n’aime pas le péché, mais il prévient, exhorte, relève, encourage. Bref, l’amour encourage (très belle image) comme des parents encouragent leurs enfants !
Servir
Ainsi donc l’amour est plein de bonté, de pardon, de compassion.
En grec : Il est utile et serviable. C’est un esprit de bienveillance qui, comme nous l’avons dit avant (notamment pour le couple), nous fait nous entraider, nous soutenir, nous épauler. Par lui, nous rendons la tâche de l’autre moins lourde. En effet, l’amour s’occupe du bien-être d’autrui ! C’est pourquoi je nous encourage à nous poser la question, par rapport à autrui, à notre conjoint, à l’Église : Quel est son intérêt ? L’Amour est serviable, aussi dois-je me poser la question : Qu’est-ce qui lui ferait plaisir ? Qu’est-ce qui leur rendrait le plus service (pas forcément ce que je veux ou ce qu’ils pensent !) ?
Toujours
Pour finir, il y a un dernier mot. Vous le savez, c’est le mot toujours.
En effet à côté du temporaire des prophéties, des langues, de la connaissance, il y a la permanence de l’amour. Nous l'avons entendu : L’amour après avoir excusé, il croit. Après avoir cru, il espère. Après avoir espéré il supporte (endure). L’amour supporte tout ! En grec : Il s’agit d’un terme militaire pour dire que la personne tient ferme sa position. L’amour, mes amis, ne peut cesser d’aimer. Cet amour, au ciel, sera l’air que nous respirerons ! Oui, l’amour qui est Dieu ne périt jamais ! Comme vous le savez, les trois vertus théologales qui sont la foi, l’espérance et l’amour, se retrouvent dans le symbole de la croix de Camargue.
La plus grande de toutes c’est Dieu, c’est l’amour ! Là, au ciel, plus besoin de la foi, de l’espérance, puisque Dieu, l’amour, sera là ! Que le Seigneur nous bénisse dans notre marche avec lui, dans notre désir de le suivre et d’aimer !
Amen.