Le mandat missionnaire toujours d’actualité
Par Heinrich Bolleter, évêque à la retraite
Sous la devise « Témoigner du Christ aujourd’hui » a eu lieu la Conférence du Centenaire du 2-6 juin à Edimbourg : pour de nombreuses personnes venues y chercher une définition de la mission chrétienne au XXIe siècle, c’était une source d’inspiration. Où en sont les Églises et les organisations missionnaires 100 ans après la célèbre Conférence missionnaire de 1910 à Edimbourg ? Heinrich Bolleter, évêque à la retraite, qui en était un des organisateurs clé, nous en dresse un premier bilan.
Avec le déplacement de la présence chrétienne de l’hémisphère nord à l’hémisphère sud, 60 % des participants d’Edimbourg proviennent maintenant du Sud et de l’Asie.
La mission est conçue à partir de n’importe quel lieu
Mandat urgent
La Conférence du Centenaire à Edimbourg avec 300 délégués et 900 invités n’est pas la seule. Dans toutes les régions du monde, de telles conférences sont organisées avec bien plus de délégués. Des milliers dans le monde entier ont suivi en direct la conférence. La participation des femmes a doublé par rapport à 1919 (30 % de plus environ).
La mission est marquée par l’humilité et l’espérance
Il était touchant de savoir qu’en 1910, sur le plan statistique, seul un tiers de la population mondiale avait été atteint par l’Évangile. En 2010, si l’on tient compte de l’accroissement massif de la population mondiale au cours des 100 dernières années, nous constatons que là aussi 30 % de la population seulement est atteinte par l’Évangile. L’urgence du mandat missionnaire demeure ! Et pourtant la mission ne se développe pas du Nord au Sud et d’Est en Ouest. La mission s’effectue maintenant tous azimuts (de partout vers partout).
Bâtir des ponts
Qu’en est-il l’unité des chrétiens dans la mission ? — Jésus priait « que tous soient un, afin que le monde croie ». Edimbourg 2010 n’a pas été convoquée, contrairement à 1910, par les seules missions protestantes. Les Orthodoxes, les Catholiques et les Pentecôtistes y étaient présents. Durant la cérémonie d’ouverture, à la fois M. Olav Fykse Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, et le Dr Geoff Tunncliffe, Directeur International de l’Alliance évangélique, ont pris la parole.
La mission doit être comprise comme une mission « sous la croix ». Le triomphalisme n’a pas sa place. Sous la croix est aussi donnée l’unité dans la mission. Tunncliffe faisait remarquer que beaucoup de choses avaient douloureusement séparé les Églises dans la mission. Il serait irréaliste de penser que ces quelques jours de Conférence permettraient de surmonter ces différences. Mais l’espoir est là que nous nous écouterons de plus belle, construirons des ponts au lieu d’ouvrir des tranchées et trouverons de nouveaux amis.
Susciter le désir
Vivons-nous encore la mission comme une tâche urgente ? — « Il est excitant de prendre le large », s’écria le docteur John Sentamu, archevêque anglican noir de York (GB), à la fin de la Conférence. Beaucoup ont cru que la mission consistait à gérer de l’argent, du matériel et des opérations. Ce serait tourner en rond. La personne qui aimerait motiver les autres à la mission ne devrait pas bâtir des navires avec eux, mais éveiller dans leur âme le désir de prendre le large. Dans le cadre de la cérémonie haute en couleurs qui se déroulait dans l’historique Assembly Hall (Salle de l’Assemblée) où s’était déjà tenue en 1910 la première Conférence missionnaire historique, il a encouragé les personnes présentes à entrer dans la mission de Dieu.
Trouver l’unité sous la croix
À la fin de la célébration, on a fait la lecture « de la Déclaration commune », une somme des principales citations recueillies par les délégués de presque toutes les familles chrétiennes. « Il est impératif que nous nous accueillions les uns les autres dans notre diversité ». Le témoignage holistique et l’évangélisation comme manifestation de l’amour et de la justice sont des défis à relever. À l’égard des personnes d’autres religions, le respect, le dialogue et l’humilité détermineront le témoignage. La Déclaration fait aussi état du « renouveau apporté par les mouvements migratoires ».
Renouveau grâce aux mouvements migratoires
Esquisser une vision
Quand la Conférence a analysé les 100 années de mission qui viennent de s’écouler avant de se projeter dans le futur, elle exprime d’abord sa gratitude, mais aussi ses regrets pour les occasions manquées, le manque de coopération et les abus de pouvoir humiliants. La mission sera caractérisée à l’avenir par l’humilité, l’espérance et une nouvelle ouverture à la coopération. Sous la devise « Témoigner aujourd’hui du Christ », la Conférence du 2-6 juin a examiné les résultats d’un processus d’étude mondial englobant plus de neuf sujets exigeants dans le but d’une vision commune pour la mission au XXIe siècle.
Les Méthodistes ont contribué au succès de la Conférence dans le processus d’étude et dans l’élaboration d’un chemin de pèlerinage œcuménique avec des stations pour chaque décennie des 100 dernières années. Pour la plupart des participants, cette Conférence a été un événement majeur, une source d’inspiration.
Pour aller plus loin :
Reportez-vous au site www.edinburgh2010.org et au site d’information eemni qui a relayé les informations relatives à cet important rassemblement.
Article diffusé préalablement dans Kirche und Welt N°8-2010 et publié avec l’autorisation de l’auteur.