Le trublion méthodiste

Un pataquès plutôt discret…

Grégory Luna


Premier billet d’humeur dans ENroute pour Grégory Luna. Avec le talent et l’humour corrosif et décalé qui sont les siens, il développe tous les mois un thème tiré de l’actualité, ce mois-ci la déclaration des responsables des cultes français au sujet du débat controversé sur la laïcité. Réactions garanties de votre part ! C’est le but recherché !

Si dans la rue assourdissante de Baudelaire, des bulles pouvaient encore s’échapper gaiement du crâne de l’humanité, il semblerait que le seul gaz que nous puissions observer dans le paysage médiatique, c’est le « pschitt » de la déclaration commune de nos représentants religieux ; à croire qu’ils ne parviendront jamais à nous secouer par leurs propos.

Silence contre une laïcité négative

Pourtant ce ne sont pas les pressions qui font défaut dans ce débat autour de la laïcité ; à commencer par les raisons électoralistes de ceux qui organisent cette réflexion publique ; elles moussent, même en province ! Aussi, je ne peux m’empêcher d’agiter la bouteille pour éventer un envisageable secret : pour quelles raisons nos pieux émissaires continuent-ils à passer sous silence notre combat quotidien contre une laïcité négative ? Pourquoi ont-ils préféré botter en touche – en louant notamment « cette laïcité à la française » – alors que toutes les conditions médiatiques étaient réunies autour de ce débat ? Entre vous et moi, peut-être cherchent-ils un champagne de meilleure qualité ; ou ils sont tout simplement fébriles à l’idée de voir le législateur décider in fine de réécrire une nouvelle page de la laïcité en sulfatant le « phylloxéra caché avec les feuilles de vigne »1

Soyons sérieux une minute : « la critique est aisée mais l’art est difficile ». En France, chacun sait qu’il ne suffit pas de grand-chose pour qu’un silencieux pataquès fasse beaucoup de bruit. Agitez le pompon de la célébrité, et une légion de candidats se ruera à coup sûr pour décrocher le tour gratuit. Par conséquent, nous pouvons les comprendre, nombreux d’entre nous auraient rapidement renoncé à plonger leurs mains dans ce panier à crabes…

On a beau dire, si le silence est de bon aloi dans certaines circonstances, un jour – et j’espère que nous serons prêts ce jour-là – on ne nous demandera plus notre avis ; ils n’auront cure de notre foi ; ils seront ivres de sang : « les chrétiens seront livrés aux tourments, et nous serons haïs de toutes les nations à cause de son nom ».

Que la grâce de Dieu nous fortifie pour affronter ces jours difficiles !