“Leçons d’une tempête” par le pasteur Etienne Koning
Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.
Que reste-t-il à l'homme de toute la peine qu'il se donne sous le soleil ?
Une génération s'en va, une génération vient, et la terre subsiste toujours.
Le soleil se lève, le soleil se couche ; il aspire à retourner vers le lieu d'où il se lèvera.
Allant vers le Sud, tournant vers le Nord, tournant, tournant, ainsi va le vent,
Le vent qui reprend ses circuits (Ec 1.2-6)
Le déchaînement de la nature révèle au grand jour nos limites et notre dépendance. Étienne Koning tire pareille leçon d'une tempête à la lumière de l’Ecclésiaste.
Répétition des événements
Lors de la tempête qui a frappé le Sud-Ouest en janvier, nous avons tous été attristés de voir des forêts entières décimées en un coup de vent… Le pire, c'est que nous savons déjà que ça recommencera. Que, comme la même chose est arrivée en décembre 1999, il y a de fortes chances que cela survienne encore dans l'avenir…
… Allant vers le Sud, tournant vers le Nord, tournant, tournant, ainsi va le vent, le vent qui reprend ses circuits…
Fragilité humaine
Le fait d'être nés dans une civilisation dite moderne, civilisée et avancée ne nous rend pas plus solides, et ne fait pas de nous des hommes qui n’ont rien ni personne à craindre ! Nous sommes une fois de plus mis en face de notre fragilité tout humaine… Devant de tels vents, quand vraiment la nature a décidé de nous montrer ce qu'elle a dans le ventre, nous nous sentons vite démunis, nus et vulnérables.
Finalement, même ce que l'on met des années à bâtir n'est pas fait pour durer. C’est sûr, les grands rois (ou présidents) du passé ont bien tenté de laisser derrière eux des traces de leur passage sur terre… Mais finalement, que sont ces quelques constructions, même belles, au rythme et à l'échelle de l'histoire du monde ? Que nous apprennent les pyramides, les palais, et les architectures modernes en béton, conçues au départ pour laisser des traces dans l'histoire… Sinon que ceux qui les ont voulus ne sont plus là pour en parler ?
Invitation à l’humilité
L’attitude que l'Ecclésiaste nous invite à adopter, c'est d'abord l’humilité. Quand de telles choses nous arrivent, c'est l'occasion de nous souvenir de notre finitude, de nos limites, que nous ne sommes pas, et ne serons jamais Dieu. En fait, la seule vraie marge de progression dont nous disposons se situe au niveau de la précision de nos prévisions météo : « vigilance jaune, orange, rouge » !
Rapport de dépendance
Pour le reste, apprenons à rester à notre place dans ce monde. Dans un rapport de dépendance, par exemple : dépendance vis-à-vis de la nature, vis à vis les uns des autres, et surtout : devant Dieu.
Pour la dépendance vis-à-vis de la nature, pas la peine de faire un dessin.
Pour la dépendance vis-à-vis d’autrui, nous nous souvenons que le fait d'être en relation les uns avec les autres, et de dépendre les uns des autres n'est pas quelque chose dont nous devons chercher à nous affranchir : au contraire, c'est une bonne chose, c'est à cela que Dieu nous appelle !
Enfin, et plus fondamentalement, il est ici question de dépendance vis-à-vis de Dieu. Il nous a créés pour que nous soyons en relation avec lui. Quand on se souvient qu'il est à l’origine de toutes choses, et qu'en tant que tel il domine, sans être dépassé, sur les éléments, nous savons que c'est dans le creux de sa main puissante que nous sommes le mieux : et pas loin de cette main, encore moins contre elle !
«…Vanité des vanités, tout est vanité… Que reste-t-il à l'homme de tout le mal qu'il se donne sous le soleil ? »
Réalisme sain
Cet appel n'est ni défaitiste, ni fataliste : il nous appelle à plus de réalisme, c'est tout. Un réalisme sain, qui fait que nous cultivions un sens des priorités.
Alors seulement, nous pourrons profiter pleinement de la vie que Dieu nous donne, avec ses biens, ses joies et ses projets d'avenir, au cœur de la fragilité qui nous caractérise. Ce qui demeure, c’est ce que nous faisons en relation avec lui et pour sa gloire, parce que lui seul constitue la garantie de longue durée.
C’est dans ce sens qu'ailleurs, le roi Salomon — grand bâtisseur devant l'Eternel ! — nous rappelle :
Si l'Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain (Ps 127.1).