Conférence du pasteur Charles Gabel (aumônier militaire) à la Chapelle d’Anduze
Conférence du pasteur Charles Gabel, aumônier militaire de 1977 à 1986 à la Chapelle d’Anduze
Retour sur une conférence fort éclairante sur une figure du 3e Reich, Rudolph Hess et sur son accompagnement pastoral dans l’après-guerre.
Lors d’un séjour à Anduze pendant les vacances de Toussaint, j’ai pu assister à une conférence du pasteur Gabel. Le sujet était la relation que celui-ci avait eue avec Rudolf Hess, un haut-dignitaire du régime nazi. C’était avant tout un patriote, peu proche des gouvernements et de l’armée. Il ne faisait pas partie des nazis sanguinaires. Toutefois, il a eu un rôle important dans la déportation des Juifs.
En 1941, de sa propre idée, Hess se fait parachuter en Écosse avec pour objectif de négocier la paix avec les Anglais. Hitler le déclarera fou suite à cette initiative. Nous le savons, Hess ne pourra pas obtenir la fin de la guerre. Il sera jugé et condamné mais pas pour des crimes de guerre ni contre l’humanité.
C’est au cours de sa détention à Berlin que le pasteur Gabel l’a rencontré pendant les années 1980 en tant qu’aumônier. Les conditions d’emprisonnement étaient très difficiles. Une seule visite par mois était permise et aucun contact physique autorisé. Au fur et à mesure des échanges, Gabel a pu réaliser que cet homme était loin d’être un nazi tortionnaire ou un fou comme la rumeur publique l’a laissé penser. C’était un homme qui avait une grande responsabilité dans le régime nazi, mais qui ne s’était pas rendu compte des conséquences de ses actes. Avec les années, cet homme très introverti a fini par ouvrir son cœur. Il était de tradition protestante par sa mère qui était très pratiquante. L’amour manifesté par les différents aumôniers qui se sont succédé a permis d’entraîner un changement progressif en lui. Il n’était plus antisémite. Il ne ressentait pas de haine du fait de sa détention prolongée.
Les changements de son caractère et les conditions déplorables de sa détention ont poussé Gabel et sa femme à tenter d’obtenir sa libération. Malgré leurs efforts, ce combat fut vain. Gabel fut muté quelques années plus tard sans parvenir à atteindre son objectif. Hess mourut dans des conditions obscures. La version officielle parle d’un suicide, mais il n’est pas certain. Le dernier aumônier ayant suivi Hess affirme que dans les derniers mois de sa vie, il a exprimé sa foi en Jésus. Lorsqu’on assiste à cette conférence, on est en droit de se poser de multiples questions. Pourquoi manifester tant de compassion et d’amour pour un homme qui a participé à la mort de millions de Juifs ?
…N’a-t-il pas mérité de passer le reste de son existence en prison ? Était-il légitime de consacrer tant d’énergie à tenter de faire libérer un homme ayant ce passé ? Depuis la seconde guerre mondiale, beaucoup de gens ont cherché à faire payer les nazis pour les crimes qu’ils avaient commis en les traquant jusqu’à l’autre bout du monde. Il paraissait normal qu’ils paient pour la conséquence de leurs actes. L’homme a donc appliqué sa justice par les procès qui se sont déroulés.
Mais d’un autre côté, nous pouvons avoir une autre approche de cette histoire. En tant que chrétien, devons-nous rechercher à appliquer la justice humaine ? Ou pouvons-nous tenter d’exprimer notre amour envers notre prochain quels que soient les actes accomplis ? Dieu ne s’est-il pas servi de Paul avec son passé de tortionnaire des chrétiens pour en faire un des fondateurs les plus importants de l’Église ?
Jésus nous apprend en Matthieu 22 que les commandements les plus importants sont d’aimer Dieu totalement et d’aimer son prochain comme soi-même. Aimer son prochain, si c’est un ami, quelqu’un qui paraît avoir un comportement honorable, quoi de plus simple ? En revanche, appliquer ce devoir à des êtres humains qui sont reconnus comme des meurtriers est plus compliqué. C’est la mission que le pasteur Charles Gabel a voulu entreprendre. La haine n’est pas la réponse à toutes les souffrances que le peuple juif a subies. Aimer nos ennemis, voilà un défi immense. Et pourtant, c’est ainsi que nous manifesterons par notre intermédiaire tout l’amour que Dieu a pour nous. N’a-t-il pas envoyé son Fils unique subir les pires souffrances sur la croix ? Il a fait ce don afin que quiconque croit en lui ait droit à la vie éternelle. Même les pires individus de l’espèce humaine ont le droit de changer, d’exprimer une volonté de nouvelle naissance et de bénéficier du cadeau divin.
Et moi, dans ma vie de tous les jours, même si je n’ai pas l’occasion de côtoyer des meurtriers, est-ce que j’applique ce commandement incontournable d’aimer mon prochain ?
Conversations Interdites avec Rudolf Hess — 1977-1986, Gabel Charles, Éditions Plon, 26.00€.
Internet
Conversations Interdites avec Rudolf Hess
Le pasteur raconte ses visites au vieux monsieur. Il raconte aussi son combat pour libérer Rudolf Hess. Pendant sa détention, Hess devient chrétien. Le pasteur lui ramène chaque année une couronne de l'Avent. On y apprend aussi qu'il découvre la télé, qu'il est fan de foot, - d'ailleurs il suit le Mondial 1982 -, on y apprend enfin qu'il est aussi fan du joueur de tennis allemand Boris Becker. C'est un très bon livre.
Tout cela est arrivé après le départ de Hess. En prison, Hess a appris tout ce qui s'était passé dans les camps. Il était horrifié.
... ll a été horrifié, tiens donc. Pourtant, il a été le secrétaire d'Adolf Hitler pendant la rédaction de Mein Kampf. Ce qui veut dire que chacune des choses qui ont été faites, sont conformes à ce qu'il a lui-même écrit sur une machine à écrire en recopiant les notes d'Hitler. Il a donc été étonné qu'Hitler fasse ce qu'il disait ... Étonnant.
Extraits d’un forum http://passion-histoire.net
La vie de nos églises