#COP21: Le temps des conséquences
Sylvain Besson, Le Temps
Le journaliste Sylvain Besson de la rédaction du quotidien suisse Le Temps dresse un état des lieux en Suisse. L’incidence du réchauffement climatique y est d’ors et déjà perceptible et de l’avis de ce témoin il est grand temps de réagir non seulement au niveau des dirigeants, mais aussi du côté des citoyens. À chacun de faire sa part !
Simple constat
Après un été caniculaire et un automne étrangement sec, les conséquences du réchauffement sont partout perceptibles en Suisse. Rivières sans eau, montagnes qui croulent et végétation qui change sont les signes avant-coureurs de changements encore inimaginables aujourd’hui.
Signes qui ne trompent pas
En 1936, Winston Churchill, écœuré par la mollesse des démocraties face à la montée du nazisme, émettait un sombre avertissement à l’adresse de ses contemporains. « En raison des négligences passées, et face aux avertissements les plus clairs, nous sommes maintenant entrés dans une période de danger, lançait le futur premier ministre devant les députés britanniques. L’ère de la procrastination, des demi-mesures apaisantes, des retards touche à sa fin. À sa place, nous entrons dans une période de conséquences. Nous ne pouvons plus l’éviter, nous y sommes. »
Dans un contexte très différent, la prophétie de Churchill s’applique bien à la situation climatique de 2015. L’année qui s’achève a été la plus chaude jamais mesurée par l’homme. Et il ne s’agit plus d’un phénomène hypothétique ou lointain. Après un été caniculaire et un automne étrangement sec, les conséquences du réchauffement sont partout perceptibles en Suisse. Rivières sans eau, montagnes qui croulent et végétation qui change montrent que la menace est devenue proche, immédiate. Et il ne s’agit que des signes avant-coureurs de changements encore inimaginables aujourd’hui.
États, citoyens ressaisissez-vous !
Ce n’est pas une raison pour désespérer. Comme les Anglais galvanisés par Churchill contre l’invasion imminente, l’humanité est peut-être en passe de se ressaisir. Le sommet climatique de Paris, maintenu dans dix jours malgré le danger d’attentats, peut ouvrir une ère nouvelle. À condition qu’il remplace une politique basée sur les grandes conférences et les effets d’annonce par une mobilisation collective, durable, visant à sortir de l’âge du carbone.
Le salut ne viendra pas des seuls gouvernements. Chacun, à son niveau, doit se demander ce qu’il peut faire contre le réchauffement. Car l’addition de micro-gestes individuels est susceptible d’avoir plus d’effets que les proclamations gouvernementales.
Réveille-toi !
Même s’ils pèsent peu à l’échelle de l’humanité, les Suisses ont un rôle à jouer dans cette transition. Parce qu’ils sont désormais touchés sinon dans leur chair, du moins dans leur porte-monnaie, avec un nombre croissant de secteurs – agriculture, sports d’hiver, hydroélectricité – qui subissent de plein fouet les effets du réchauffement. Du panneau solaire à la voiture électrique en passant par les chauffages alternatifs, les outils d’une révolution technologique vertueuse sont à portée de main, et ils les ont adoptés avec enthousiasme. L’objectif de toute stratégie énergétique doit être d’accélérer cette évolution, si possible à moindre coût pour les finances publiques. Mais le peuple le plus riche du monde, ou presque, doit aussi consentir des ajustements dans son mode de vie. Manger moins de viande, gaspiller moins, consommer moins d’essence ou de mazout sont autant de petites victoires dans la grande bataille contre le réchauffement.
Ère de la mobilisation
L’espoir, aujourd’hui, est que l’évidence du réchauffement balaie les sceptiques et mobilise les indifférents. Sans quoi « l’âge des conséquences » climatiques s’annonce aussi terrible que celui que Churchill et son peuple ont dû affronter.
Sylvain Besson
Publié avec l’aimable autorisation du journaliste et de la direction du quotidien Le Temps