«Le septième jour, Dieu se repose de tout le travail qu'il a fait...» Gen 2.2b
Repos : détendre l'arc
Dégage-toi dans la mesure même où tu t'engages sans compter.
Prends de la distance dans la mesure même où tu communies fraternellement avec autrui.
Le coeur humain même le plus généreux n'est pas inépuisable.
Dieu seul est illimité.
A exiger sans cesse le maximum de lui-même, l'être profond se dissocie et se perd.
La parole devient alors vide et la prière inquiète.
Pour retrouver un regard libre sur les événements, il faut fuir et se tenir, tranquille et rassemblé, devant le Maître de tout.
Pars donc vers la source cachée de toute chose.
Quitte tout et tu trouveras tout.
Prends le temps de vivre amicalement avec toi-même.
Respire.
Reprends haleine.
Apprends dans le repos du corps et de l'esprit, la calme lenteur de toute germination.
Reçois la paix du Christ.
Ne te hâte pas afin de mieux courir dans la voie des commandements, le coeur au large.
Réveil publication, 1996, p. 56-57 (règle de Reuilly).
Calfeutrée derrière la fenêtre du chalet loué pour la semaine, je regarde la neige. Elle tombe, sans faire de bruit comme pour ne pas déranger. Elle recouvre peu à peu la route ; bientôt il n'y aura que les grands piquets oranges sur les bas-côtés pour donner des repères. Derrière moi, le feu pétille dans la cheminée. Il fait si bon à l'intérieur, une tasse de café brûlant entre mes mains... et les odeurs mêlées du sapin et du pain qui cuit dans le four me donnent envie de rester là une semaine de plus!
A vous décrire cette scène dont je rêve pour mes vacances... je m'y suis presque laissé prendre ! Mais à l'heure où je vous écris, les vacances de février sont encore loin. Pour l'instant, il y a des piles de paperasses qui attendent, posées sur mon bureau et plein de rencontres à organiser et à vivre. La vie active, la vie pleine d'activités... le repos?
Il attendra les vacances... C'est ainsi que l'on vit de nos jours, vous comme moi, toujours à courir après le temps et à en faire encore et encore plus. Remplir l'agenda, organiser des loisirs jusque dans les moindres recoins des dimanches. Du moins si l'on n'est pas arrêté par la maladie... mais tant qu'on peut, qu'est-ce qu'on s'agite!
Quel besoin me pousse à ne pas m'arrêter vraiment ? la peur du vide ? la peur du rien, de la mort?
J'ai été touchée par ce texte de la règle des soeurs de Reuilly, je tenais à vous le faire partager pour que vous aussi sachiez mieux profiter du vrai repos que Dieu veut accorder à chacun de ses enfants qu'il aime.
C'est aussi le message de l'Évangile qui résonne ici à mes oreilles: «Pas besoin de faire tant d'efforts pour te réaliser par ce que tu fais, prends plutôt le temps de réaliser ce que Dieu a accompli pour toi... » Bien sûr, si Dieu m'ordonne de me reposer, c'est parce qu'il connaît mes besoins physiologiques. Personne n'est inépuisable. Et aussi parce qu'il sait bien à quel point je suis oublieuse et ai besoin de régulièrement me «re-poser» sur lui pour ne pas vivre ma vie sans lui.
Bon, je vous quitte... c'est l'heure d'aller me reposer! Que le Seigneur vous bénisse.
Rose-May PRIVET
