Méditation

Se tromper de cible?

Il n'y a rien de plus décevant pour un joueur de foot que de marquer un but contre son camp, surtout quand l'enjeu est de taille. Malheureusement c'est un geste qui arrive trop souvent selon l'observation des professionnels. Il y a pour moi une chose qui est encore plus frustrante que de marquer contre son camp, c'est de voir un chrétien se tromper de cible. Je m'explique. Être peuple de Dieu, être Église, c'est avoir comme préoccupation première d'être envoyé vers ceux qui se perdent pour proclamer le Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ. 
Mon inquiétude est que nos préoccupations ne soient pas en accord avec celle que je viens de mentionner. J'ai le sentiment qu'entre chrétiens il y a aujourd'hui, comme jadis dans l'Église de Corinthe, «discorde, jalousie, emportements, disputes, médisances, commérages, insolences, désordres» (2Cor 12.20) : Paul signale de la sorte aux chrétiens de Corinthe qu'ils se trompent de cible : n'est-ce pas aussi notre cas? 
Inconsciemment ou consciemment nous visons souvent les mauvaises cibles, ce qui fait de nous un peuple qui s'égare car nous tirons des flèches sur nos frères, qui sont des alliés, plutôt que sur l'ennemi. Sans nous en rendre compte, ces flèches créent des diversions dans le camp de Dieu et ces diversions peuvent parfois conduire à la division, voire à la mort. 
Mesurons-nous l'importance qu'ont des flèches qui n'atteignent pas la bonne cible? Dans l'A.T., hamartanô : «manquer le but», c'est être infidèle à l'Alliance, trahir l'amour, se séparer de la communauté, manquer la cible, ne pas atteindre le niveau qui convient. C'est aussi négliger d'obéir à une autorité instaurée par Dieu. En somme, de bien des façons et à des degrés divers, c'est faire affront à Dieu
Paul décrit le péché sous la forme d'un ennemi qui trompe pour pouvoir ensuite tuer. Il séduit et nous pousse à mal agir, il peut embrouiller notre esprit, le paralyser et engendrer la mort (Jac 1.14-15).
Se tromper de cible peut provenir d'un manque de vision, ce manque conduit à l'ennui, qui lui-même conduit aux querelles L'auteur du livre des Proverbes (Pr 29.18) explique : «Quand il n'y a pas de vision, le peuple est sans frein et périt».

Quand nous oublions notre mission première et que nous n'avons plus de vision, nous tournons en rond et tirons sur tout ce qui bouge, blessant des frères et soeurs, ou pire. 
Que de force inutilisée, que de temps perdu, gaspillé par nos disputes parfois infantiles alors que l'humanité se perd dans les toiles tissées par l'adversaire.
Le monde est notre champ de bataille, notre cible, pas l'Église. Notre responsabilité consiste à arracher des âmes à Satan afin d'offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ (1 Pi 2.4 ).
L'archer a un point commun avec l'homme de bien, dit un philosophe chinois : «Quand sa flèche n'atteint pas le centre de la cible, il en cherche la cause en lui-même».
Reconnaissons nos torts et tendons nos arcs vers le camp de l'adversaire car Dieu dit : «Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s'humilie, prie et cherche ma face, s'il se détourne de ses mauvaises voies, je l'exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché et je guérirai son pays (2Ch 7.14 )».
Saint Irénée disait : «La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant et la vie de l'homme, c'est la vision de Dieu».
Serait-ce une mission impossible que detirer sur la bonne cible ? Je ne le crois pas, car Jésus dit : «Tout est possible à celui qui croit (Mc 9.23)». Relevons ce grand défi qu'est celui de vivre l'unité, de sauver des âmes, d'implanter des Églises défi qui est à notre portée avec le secours de l'Esprit Saint (Luc 1.37). Le chrétien se doit de se soucier de son engagement en pensant que l'Église est une famille où les frères et soeurs s'efforcent de parvenir à la compréhension réciproque et oeuvrent à leurs relations mutuelles, que cela soit facile ou non, parce qu'ils ont le même Sauveur et combattent le même ennemi: Satan.
Prions et demandons au Seigneur qu'il fasse de nous de bons archers, car croyez-le: un bon archer atteint la cible avant même d'avoir tiré. Des cibles, ce n'est pas ce qui manque dans les 36 551 villes et villages de France métropolitaine. Environ 35 000 communes, dont 340 villes de plus de 10 000 habitants, sont encore privées d'Église évangélique.
Pascal MAURIN (Valleraugue)