Cinq pains et deux poissons
(texte : Jean 6.1-13)
Pendant cette année 2003, nous sommes tous invités à participer à une grande action commune d'édification et d'évangélisation sous l'appellation «2003 - Année de la Bible». Il est évident que nous vivons dans une société post-chrétienne. Pour beaucoup de nos contemporains, la Bible est un livre dépassé. Pourtant, notre civilisation occidentale repose sur des valeurs humaines largement inspirées de la Bible. Comment allons-nous pouvoir faire passer le message et convaincre nos contemporains de la pertinence de la Parole de Dieu?
En y réfléchissant, le récit des 5 pains et 2 poissons du jeune garçon cité par Jean dans la narration de la première multiplication des pains s'est imposé à mon esprit. Le défi que nous propose de relever cette campagne est colossal. Les obstacles à surmonter sont nombreux. Laissons-nous interpeller par ce récit évangélique.
Une foule nombreuse
Ils sont nombreux à suivre Jésus, car ils ont vu ses miracles. Si les récits parallèles signalent tous les 2 pains et les 5 poissons, ils soulignent, plus encore que Jean, que le lieu est désert et éloigné de toute ville ou village. Ces gens sont venus parce qu'ils ont soif d'entendre et de voir Jésus.
La compassion de Jésus est évidente. Il veut les enseigner, ce qui prend beaucoup plus de temps que pour faire quelques miracles. Son intention est de les aider à entrer dans le Royaume de Dieu. Cette préoccupation est au-dessus de toutes les considérations matérielles.
Mais au fur et à mesure que le soir arrive, les disciples s'impatientent. Sans doute ont-ils commencé par se regarder, puis se concerter à voix basse. Ils finissent par se décider d'approcher Jésus et de le ramener à la réalité. Le soir est là, il faut laisser partir tous ces gens. Le lieu est désert et il faut qu'ils puissent aller acheter à manger.
L'embarras des douze
A leur grande surprise, Jésus a une autre solution! «Donnez-leur vous-mêmes à manger. Après tout, vous pouvez bien faire quelque chose vous aussi, non ?», leur dit-il! Quel défi pour les disciples !
Comment le Seigneur peut-il imaginer pareille chose? Si encore ils avaient pu prévoir, acheter ce qui est nécessaire pour nourrir plus de 5000 hommes (peut-être même sans compter les femmes et les enfants)... Jésus n'est pas réaliste.
Et même s'ils avaient su à l'avance, ce n'aurait pas été possible. La caisse est presque vide : deux cents deniers, qu'est-ce qu'on peut acheter avec si peu de moyens? «Seigneur, tu n'y penses pas!», lui ont-ils sans doute répondu.
Les ingrédients d'un miracle
Mais si, justement, il y pense. Il sait déjà que là, quelque part dans la foule, il y a un jeune garçon bien disposé et prévoyant. Il est venu avec son panier de pique-nique. Le voici qui s'avance vers l'un des disciples. Il a sans doute bien observé ce qui se passe. Il a lu l'inquiétude sur le visage des douze. Il a observé leur agitation. Quand Jésus s'est arrêté de parler à la foule pour répondre à ses disciples, il a compris.
Il n'a pas grand-chose dans son panier. Seulement cinq pains et deux poissons. Pour lui, et même pour sa famille et ses copains, il y en aurait peut-être eu juste assez, mais il renonce volontiers à ce qu'il a. Il l'apporte généreusement aux disciples pour qu'ils le partagent.
Leur première réaction est celle de l'impuissance. Qu'est-ce que cinq pains et deux poissons pour nourrir tant de personnes? Mais ils apportent tout de même ces provisions au Seigneur. Et Jésus les prend. Il accepte ce don, et c'est avec cela qu'Il va nourrir la foule ! Il commande aux disciples d'organiser les choses, de faire asseoir tous ces gens par groupes dans l'herbe. Sans doute ne comprennent-ils pas encore ce qui va se passer, ce que Jésus va faire, mais ils obéissent. Ils deviennent serviteurs aux ordres du Maître. En se mettant au service de tous, j'imagine que rapidement, leur inquiétude devait se transformer en joie. A mesure qu'ils avancent d'un groupe vers l'autre, distribuant les morceaux que Jésus avait faits en prenant les provisions du jeune garçon.
Pour nous, face au défi de donner la Parole de Dieu à nos contemporains, les ingrédients se ressemblent. Même les cinq pains et les deux poissons ne nous appartiennent pas. La Parole est ce pain de vie. Il nous faut tout d'abord la redécouvrir pour nous. Il nous faut surmonter nos craintes et nos calculs. Ce qui est remarquable dans ce miracle de la multiplication des pains, ce n'est pas seulement qu'avec si peu d'ingrédients le Seigneur ait pu nourrir à satiété tant d'hommes, de femmes et d'enfants, c'est aussi qu'il ait permis à ses disciples et au jeune garçon d'y avoir une part si importante.
Tout au long de cette année 2003, n'hésitons donc pas à mettre nos faibles moyens à la disposition du Maître, et attendons-nous à de grandes choses de sa part.
Pierre GEISER