Lumière dans la nuit
Jean-Ruben Otge, pasteur
Noël, c’est la présence rayonnante du Christ qui pénètre les ténèbres de ce monde…
Nuit et lumière
Churchill avait fait inscrire, paraît-il, alors que la seconde guerre mondiale faisait rage, dans tous les bureaux d’Angleterre cette affirmation pleine d’espérance : « Si noire que soit la nuit, le jour en triomphe toujours ».
En cette période de Noël, les lumières inondent nos rues ; elles rappellent (de loin, malgré tout) celui qui est la lumière et qui est venu sur la terre. À propos de la naissance de Jésus, la nuit et la lumière sont des éléments dont il est question à plusieurs reprises. Notre société, si elle connaît la nuit, aspire-t-elle à connaître la lumière ?
Frayeur et joie
Au début de l’Évangile de Luc, Zacharie, en parlant de la mission du Sauveur qui allait venir, affirmait à l’avance : Notre Dieu est plein de compassion et de bonté, et c’est pourquoi l’astre levant viendra pour nous d’en haut, pour éclairer tous ceux qui habitent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, et pour guider nos pas sur la voie de la paix (Lc 1.78-79).
Le Messie est descendu sur la terre apporter la lumière, la véritable (Jn 1.9), cette lumière qui, comme pour le peuple hébreu délivré de l’esclavage de l’Égypte, est l’image de la présence de Dieu. L’évangéliste Luc nous introduit auprès des bergers quand c’est la nuit (Lc 2.8-14). Cette nuit n’est pas automatiquement synonyme d’angoisse pour eux ; sauf lorsque la lumière jaillit dans le ciel ! Ils sont plus habitués à l’obscurité qu’à une lumière surnaturelle qui les inonde.
La Bonne Nouvelle qu’ils entendent est que, comme pour la lumière qui a remplacé les ténèbres, la joie peut remplacer la frayeur. Parce qu’il est né un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur (Lc 2.11).
Problèmes
Oui, il y a un problème quand l’être humain est attiré vers la lumière non pour être guidé et éclairé mais pour être ébloui ; et le Messie qui vient sur la terre à l’écart des projecteurs, en dehors d’un palais, ne peut être le Dieu Sauveur… Ou encore lorsqu’il cherche la lumière non pour mieux voir mais pour briller ; l’orgueil éloigne de celui qui est la véritable lumière.
Mais le problème le plus aigu est peut-être lorsqu’il se prend pour la lumière, lorsqu’il croit pouvoir se guider par lui-même. Mais en fait l’histoire, tant sur le plan collectif que communautaire, révèle qu’il « pense éclairer les vastes ténèbres avec la lumière d’un ver luisant » – pour reprendre un proverbe mongol. L’obscurité ne peut chasser l’obscurité, seule la lumière le peut. L’enfant craint facilement l’obscurité ; mais n’est-ce pas tragique lorsque c’est l’être humain qui craint la lumière ?
Accepter ou refuser
La Parole de Dieu commence en parlant de l’action du Créateur en affirmant que les ténèbres couvraient l’abîme. Et Dieu dit alors : ‘Que la lumière soit ! ‘ Et la lumière fut (Ge 1.2-3). Le Nouveau Testament parle du Christ qui est la Parole ; en elle était la vie et la vie était la lumière du monde (Jn 1.4). Oui, la lumière brille dans les ténèbres, et… Les ténèbres ne l’ont pas reçue (v.5).
À propos de la venue de Jésus sur la terre, Martin Luther nous interpelle encore aujourd’hui : « A quoi te sert que le Christ soit né il y a si longtemps dans une étable s’il ne naît aujourd’hui dans ton cœur ? » Une naissance intérieure qui fait connaître la lumière qui nous éclaire, jusque dans la vie éternelle.